Jones, Gary
Écrit par Walter Paisley   

 

Gary Jones... Ce nom ne vous dit peut-être rien. Dire qu'il s'agit du frère de Dale Jones (chargé des effets spéciaux sur des films comme Moontrap, ou encore le Hard Target avec Van Damme et de John Woo) ne vous aidera pas plus., Et pourtant, vous connaissez ses films. Gary Jones est l'homme qui peuple vos solderies de DVD.

 

 

Démarrant lui aussi dans le milieu des effets spéciaux, il travailla sur le Evil Dead 2 de Sam Raimi, en 1987. C'est probablement là qu'il entama une amitié durable avec Sam Raimi et Bruce Campbell, qui allait profondément marquer la carrière du bonhomme. En effet, suite à cela, deux ans plus tard (en 1989, donc), il allait collaborer comme technicien effets spéciaux de Moontrap, en compagnie de son frère et de l'acteur Bruce Campbell. Un film de science-fiction plutôt moyen. En 1991 il travailla toujours aux effets spéciaux pour Lunatics : A Love Story, avec Bruce Campbell et Ted Raimi, film sur lequel les producteurs (exécutifs ou autres) furent multiples et comprenaient entre autres Bruce Campbell, Sam Raimi et Robert Tapert. L'équipe de Evil Dead au grand complet, qui se réunit une nouvelle fois en 1993 pour Evil Dead 3 : l'Armée des Ténèbres. Avec un Gary Jones toujours chargé des effets spéciaux.

Mais ce petit monde du latex et de l'animatronique (eh oui, les CGI n'étaient pas encore systématiques) était devenu trop petit pour lui. Il était temps de donner un coup de rein à sa carrière. C'est ainsi qu'en 1995, Gary Jones devint réalisateur. Grâce à ses amis Sam Raimi et Robert Tapert, il réalisa ainsi des épisodes de Hercule et de Xena la Guerrière, ce qui boosta sa carrière et le fit derechef nommer à la tête de Mosquito. Aidé par son frangin Dale au poste de producteur, Gary vola pour l'occasion de ses propres ailes, et il livra donc le premier de ses films de monstres. Peut-être son meilleur, avec un Gunnar Hansen parodiant lui-même son personnage de Leatherface dans Massacre à la Tronçonneuse. Malheureusement, après cette fructueuse année 95, il fallut attendre 97 pour revoir Gary passer derrière la caméra, à l'occasion du show télévisé Chéri, J'ai Rétréci les Gosses (auquel participèrent également Stuart Gordon et Brian Yuzna). En 1998, Jones est censé avoir réalisé l'inconnu Summer Fun, mais rien n'est moins sûr. Toujours pour la télévision, en 2000, fort de ses expériences exotiques et aventureuses de Hercule et de Xena, il réalisa des épisodes pour le triste Sheena, avec la plantureuse mais un peu vulgaire Gena Lee Nolin.
C'est en 2000 également que sa carrière cinématographique reprit véritablement : Nu Image lui confia la réalisation de Spiders, consacrant Gary Jones comme grand spécialiste du film de monstre. Du coup, en 2002, les mêmes opportunistes de Nu Images lui confièrent la lourde tâche de succéder à Tobe Hooper pour donner une séquelle au Crocodile réalisé par le maître de l'horreur deux ans plus tôt. Jones surpassa qualitativement son glorieux prédécesseur. Pas forcément un exploit, tant le film de Hooper est calamiteux.
Ceci dit, il fut temps de changer de registre, avec Jolly Roger en 2005. L'histoire d'un pirate décédé revenant à la vie pour trucider quelques jeunes. Pour l'occasion, Gary Jones lia ses efforts aux compagnies Castel Film Romania et ApolloProScreen GmbH and Co. Filmproduktion KG (!). Pour l'occasion, il partit en Roumanie, où il en profita pour tourner également l'ambitieux projet de donner une séquelle au Raptor Island avec Lorenzo Lamas. Appelé Raptor Island 2 : Raptor Planet, le film repose lui aussi sur les épaules d'une vedette : Ted Raimi. Actuellement en post-production, le film devrait être diffusé sur la chaîne américaine Sci-Fi. Toujours en Roumanie, toujours pour les mêmes compagnies de production, Gary Jones a récemment accepté de réaliser Xenophobia, film qui devrait voir le réalisateur s'essayer à la science-fiction.
Mais le gros regret du bonhomme est sans aucun doute l'annulation (définitive ?) du projet The Last Horror Picture Show. Le film nous aurait présenté l'histoire d'un groupe de jeunes qui, pour un documentaire sur leur film d'horreur favori, The Barbecue Massacre, procèdent à quelques recherches sur les événements réels desquels ledit film s'inspire. A savoir une vague de meurtres non élucidés dans le sud des Etats-Unis dans les années 70. Mais les jeunes gens, à force de remuer le passé, finiront par rencontrer l'horreur.
Le casting en or massif aurait dû inclure trois des principaux acteurs du genre : Robert "Freddy" Englund, Kane "Jason" Hodder et Gunnar "Leatherface" Hansen. Ce dernier a même écrit le scénario en compagnie de Gary Jones. Décrit à l'origine par Englund comme "Un croisement entre Le Projet Blair Witch et Massacre à la Tronçonneuse", le film a longtemps végété en development hell. Ce n'est qu'en décembre dernier que l'on a appris de la bouche de Robert Englund que le projet avait avorté. Probablement par manque de budget (aucune compagnie de production n'étant rattachée au projet).

Il n'empêche que Gary Jones, tout pilier des bacs à soldes qu'il soit, aura croisé directement ou indirectement de nombreuses personnalités de l'horreur : Sam Raimi, Bruce Campbell, Tobe Hooper, Stuart Gordon, Gunnar Hansen, Robert Englund... Ses films remplissent largement leur cahier des charges et l'expérience de Gary Jones en tant que spécialiste d'effets spéciaux contrebalance des budgets plutôt minces. De plus, le bonhomme sait mettre en lumière ses vedettes, lorsqu'il en a (Mosquito en est la preuve). Bref, avec ses penchants pour les grands monstres, mais aussi avouons-le avec sa naïveté parfois propice aux nanars, Gary Jones est un peu l'équivalent moderne de gens comme Edward L. Cahn ou Bert I. Gordon, des spécialistes des séries B monstrueuses des années 50...