Parano
Genre: Thriller , Psycho-Killer
Année: 1980
Pays d'origine: France
Réalisateur: Bernard Dubois
Casting:
Jean-Pierre Léaud, Agathe Vannier, Lou Castel, Joe Dallesandro, Stefania Casini, Angelica Ippolito, Bernard Dubois...
 

Long plan sur une jeune femme assise sur des rochers en bord de mer...

Le film se déplace dans un jardin dans lequel une jeune fille fait rebondir sans fin un ballon.

Un homme, dans le salon, assis sur son canapé, joue au bottleneck, du blues.

On retrouve la même femme se tenant ostensiblement la tête contre le mur, semble t-il gênée par cette accumulation sonore.

L'homme arrête de jouer pour sortir jouer au ballon avec la fille. Ils se renvoient la balle tandis que la femme regarde à la fenêtre.

Celle-ci sort avec un fusil de chasse et abat ce qui s'avère être sa fille et son mari. Le chien jappe.

Un voix off se fait entendre : "La malade est une femme âgée de 27 ans, internée il y a 7 mois. Sans profession, celle-ci est atteinte de psychose chronique, avec idées délirantes, hallucinations à forte tendance paranoïaques... les symptômes s'étant déclarés à la suite du suicide de ses parents". Il s'agit du rapport psychiatrique de son internement, lequel sera donc lu par bribes jusqu'à la fin de cette insupportable bobine, véritable ovni non filmé, débilité filmique sans fin... il faudra le voir pour le croire !

Après avoir tué sa famille, on la retrouve en train de s'enfuir en voiture. Voici qu'elle prend en stop une espèce d'écrivain en herbe, en tout cas, un intellectuel de la pire espèce, se mettant à disserter sur la vie, l'essence de la vie, l'essence de la voiture, avant de demander à la femme de s'arrêter afin qu'il puisse pisser.

Alors que celui-ci se soulage, voici donc qu'elle décide de l'écraser, l'écrivain s'en trouvant même décapité. ("Tu me prends un peu la tête" lui déclarera t-elle avant !).

 

 

Plus tard, dans un bar, elle rencontre trois personnes en train d'élucubrer sur tout et rien (surtout rien), trois personnes avec lesquels elle fait connaissance.

Il y a Ignazio (Jean-Pierre Léaud), un mathématicien d'origine espagnole, Martin (Lou Castel), un étudiant en art d'origine allemande, puis Camille (Stefania Casini), l'amie de Martin, qui elle, est italienne (tout cela, sans que le film ne fusse un succès international ; a t-il d'ailleurs été exploité dans les salles françaises, je ne crois pas).

Ignazio vit dans la propriété de son père historien, lequel vit reclus, retiré du monde. Les contacts avec son fils ne se font qu'à travers la porte ou l'interphone de la maison quand ce n'est pas à travers une petite lucarne pour lui servir ses repas.

Ignazio demande à Camille d'héberger Maria. Car oui, c'est comme ceci qu'elle prétendra s'appeler avant qu'on ne découvre son véritable nom : Carole (cette salope ira en enfer !).

Très vite, Ignazio va s'amouracher de Maria. Mais Camille et Maria ne s'entendent pas.

Un soir, alors qu'il rend visite aux filles, Ignazio trouve une tronçonneuse ensanglantée. Les traces de sang le mènent à l'armoire du garage (à moins qu'il ne s'agisse du salon ?) dans laquelle il trouve deux femmes mortes assassinées, Camille et... on ne saura jamais qui ! D'ailleurs ce personnage semble totalement absent du récit ! Maria, tapie dans l'ombre, sort alors un couteau à la main, les vêtements couverts de sang. "Pas la peine de te défiler mon coco ! Si tu m'accuses, je dirai que c'est toi qui l'a tuée après m'avoir violentée. Et puis personne ne pensera une femme capable d'avoir fait ça !"

Voici Ignazio coincé, avec plus qu'une idée en tête : "Faire en sorte que Maria se fasse arrêter". Il ira jusqu'à emprunter la voiture de Maria pour aller faire un braquage, avant de laisser la voiture dans la parages. Maria sera arrêtée mais n'aura de cesse de s'évader de prison pour se venger...

 

 

Bouh ! Voilà qui est fait. Difficile de résister à la tentation de faire le pitch détaillé de ce qui se passe dans la première demi-heure de cette improbabilité cinématographique, dont se rendit coupable en 1980, l'horrible Bernard Dubois, petit réalisateur futile, inepte autant que prétentieux. Il s'agit d'un film de famille. De deux familles (et non sept pour ce film de nain) pour être plus exact. D'une part, la sienne, avec laquelle il tourne le plus souvent, puisqu'on y retrouve Agathe Vannier, laquelle commença sa carrière dans "La grande blonde avec une petite chatte noire" de Christian Fion (Gion, pardon) avant d'épouser l'illustre Dubois et d'être de quasiment tous ses films, quand ce ne fut pas son frère Jean-Claude ou sa soeur, Claudine. L'autre famille est plus dispersée. Il s'agit de celle de la nouvelle vague, et plus précisément de la post-nouvelle vague, celle des soixante-huitards attardés, avec en chef de file Philippe Garrel, voire Chantal Akerman ou même Frédéric Mitterand ("Paris vu par... vingt ans après") lorsque celui-ci s'essayait encore à la mise en scène, ce, avant de devenir le ministre UMP que l'on sait.

Dubois avait déjà tourné son premier film avec Léaud, "Les lolos de Lola" en 1976, romance existentielle et ludique qui ne fit pas grand bruit (encore heureux)... jusqu'à ce qu'il n'arrête la réalisation à la fin des années 90, après avoir tourné quelque épisodes de l'incontournable feuillecon "Sous le soleil".

 

 

Bernard Dubois n'a aucun talent. Vous me direz que ce n'est pas le seul et vous aurez raison. Le problème qui vient se greffer sur ce manque, est qu'il semble se revendiquer d'une remise en question du support cinématographique alors qu'il le malmène involontairement, ne sachant pas ce que le mot raccord veut dire. Idem pour les mots scénarios et dialogues, car si ceux de ce Parano en sont, c'est Balzac lui-même qui vous fait l'honneur de cette chronique.

Il faut voir les situations abracadabrantes s'enchaîner. Ce père cloîtré dans sa chambre, pérorant sur son dégoût du monde, Léaud tombant sur des cadavres dans le placard (lorsqu'il ne se lance pas dans des tirades sans fin sur les mathématiques), menaçant son assaillante avec son Berger Allemand (lequel se fera d'ailleurs taillader), braquant une supérette de nuit (mazette ?!) ; cet auto-stoppeur improbable se faisant, on ne sait trop comment, décapiter (la logique eut été qu'il se fasse broyer les jambes vu l'endroit où le choc se situait et malgré le panneau à hauteur de cou), Lou Castel gagnant aux échecs contre lui-même en lançant laconiquement : "j'ai enfin réussi mon 369", tous ces gens n'ayant aucun souci matériel et dont le passe-temps préféré commun ou contagieux, n'est que branlette et diarrhée verbale à tout va. Et puis n'oublions pas ces flics surgissant dans le bistrot afin d'arrêter Maria, alors attablée avec Martin et Ignazio, et qui n'embarquent qu'elle, en deux secondes montre en main, comme s'ils la kidnappaient et comme si les deux hommes n'existaient pas !

Et je ne parlerai même pas du suicide en bord de mer, par noyade. Non je n'en parlerai pas... de toutes façons, aucune explication ne sera vraiment donnée.

Il faut voir comment le film se finit, et là je ne dévoile rien, puisque cette horrible voix off faisant office de rapport psychiatrique final, non seulement devance tous les évènements auxquels on assistera mais en plus, tue dans l'œuf tout embryon de tension, dans un film qui pourtant à tout du thriller de base. Mais non, ça semble tellement dans l'air du temps en 1980, de découper un film ainsi. Après tout, Godard l'a bien fait et transformé. Oui mais voilà, c'était juste 20 ans avant et si cela pouvait alors se targuer d'être moderne ou tout du moins nouveau, c'est un plat ridiculement faisandé qu'on nous sert là.

 

 

Parano est le parfait film de bourgeois qui s'ignore. L'oeuvre d'un autiste de la pire espèce. De ceux qui ne vivent pas, sinon que par procuration, gueulant sans cesse au scandale devant une allocution de Valery Giscard d'Estain à la radio (refusant donc la télévision pour tourner ensuite pour elle !) et pensant faire la révolution en râlant sans cesse, oubliant qu'ils emmerdent en même temps leur entourage. L'accouchement sur pellicule d'une contestation sur toute les injustices du monde et de la société (ah, quelle société de merde !), le tout gorgé de tous les concepts possibles et inimaginables de gauche mal assimilés, quand ce ne sont pas des préoccupations aussi anarchisantes qu'un chien en train de courir après sa queue.

Selon l'humeur, il se pourrait bien aussi que Parano soit un régal de dialogues plus crétins les uns que les autres.

Exemple d'un échange entre deux amoureux :

Ignazio : "Qu'est-ce que tu penses des mathématiques ?"

Maria : "Y a d'la beauté partout..."

Ignazio : "Je te les ferai aimer, et tu te passionneras pour la théorie de l'ambiguïté !"

...

 

 

Que dire quand tout ce qui est dit dans Parano est de cet acabit ?

Bernard Dubois aurait beau se revendiquer d'un cinéma underground, existentiel et contestataire, qu'il faudrait en regardant son film, se gaver, tout comme le dit Maria à Joe Dallessandro (présent 15 secondes à l'écran dans un rôle grotesque de psychiatre), de neuroleptiques, d'antidépresseurs, de psychotropes, de psychostimulants et d'amphétamines, afin de calmer son agitation devant ce navet et se transformer en statue dépourvue de toute réactivité.

 

Mallox
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