Snipers : Tireurs d'élite
Titre original: Sun cheung sau
Genre: Thriller , Action , Policier
Année: 2007
Pays d'origine: Hong Kong
Réalisateur: Dante Lam
Casting:
Richie Ren, Edison Chen, Huang Xiaoming, Mango Wong, Michelle Ye, Bowie Lam, Wilfred Lau, Charmaine Fong...
Aka: The Sniper / Godly Gunslingers (HK) / Shen qiang shou (Mandarin) / Sniper (HK)
 

Un jeune sniper arrive dans la police et découvre qu'il y avait autrefois un tireur d'élite encore meilleur que son chef Hartman, un certain Lincoln. Or, Lincoln vient de purger une peine de quatre ans de prison pour avoir tué accidentellement un otage. Dans l'enquête qui a suivi la tuerie, personne n'a pris la défense de Lincoln et surtout pas Hartman, qui a juré ne pas avoir vu que le preneur d'otages avait dégoupillé une grenade. Sorti de prison, Lincoln a juré de se venger de tout le monde, autant le preneur d'otages, un truand sanguinaire, que les collègues policiers qui l'ont laissé tomber.

 

 

En lisant les quelques lignes du résumé on ne peut que saliver en sachant que nos amis chinois sont capables de tout, et surtout du meilleur dans le film d'action. Soyons clairs, "The Snipers" est un film qui va décevoir, non pas qu'il soit mauvais, mais il n'est pas, tout simplement, le film qu'il semblerait. C'est avant tout un hommage rendu par le réalisateur au cinéma de Hong Kong des années 80-90, mais il est difficile de dire si le but initial de Lam était de réaliser un thriller décérébré (façon "SWAT") ou un drame humain. Dans le doute, Lam semble avoir choisi (au montage ou à l'origine) le compromis. Hélas, jamais les deux partis ne seront satisfaisants. Ainsi, le film contient son lot de scènes d'action (dont certaines sont bâclées, comme l'attaque du transport d'explosifs), mais elles ne seront jamais captivantes (sauf le final), alors que les scènes plus dramatiques sont noyautées de maladresses et de clichés.
Il faut aussi préciser que le film s'est retrouvé contre son gré au milieu d'une polémique scabreuse. En cause, un scandale sexuel qui frappa l'acteur Edison Chen ("Internal Affair" I à III). Beau gosse, l'acteur (qui est aussi chanteur) semble avoir séduit une bonne partie de la population féminine de Hong Kong comprise entre 18 et 35 ans. Petit détail croustillant : il immortalisait ses ébats avec des photos croustillantes (voire pornographiques) qu'il conservait sur son ordinateur. Pas très futé : lorsque ce dernier tombe en panne, il le donne à réparer. Illico, les photos se retrouvent à circuler sur le net, postées par un technicien indélicat. Grosse panique (certaines conquêtes sont des actrices ou chanteuses, et en Asie on ne badine pas avec le sexe). La police enquête et arrête une dizaine de personnes, les triades s'en mêlent et Edison doit s'exiler un moment. Dans ce contexte assez explosif inutile de dire que sortir un film avec l'acteur en vedette tient du suicide. Bref, des bruits courent que le réalisateur s'est vu prié de revoir sa copie, en sucrant un maximum les apparitions d'Edison. Bloqué pendant une année, "The Snipers" sort enfin, raboté pour atteindre les 80 minutes réglementaires ; du moins, c'est l'une des versions qui circulent. En effet, lors d'une interview, le réalisateur dément avoir pratiqué des coupes dans son oeuvre, et prétend que le film présenté est la version qu'il a imaginée. Il est difficile de savoir si c'est vrai, surtout après avoir vu le film.

 

 

Car le réalisateur se concentre avant tout sur ses deux antihéros, les policiers Hartman et Lincoln laissant bizarrement le personnage d'OJ (interprété comme par hasard par Edison Chen !) de côté. Lam choisit de nous décrire deux hommes excellents dans leur domaine, mais qui vont se détruire lentement à cause de leur antagonisme. Hartman semble écrasé par le poids d'une certaine culpabilité (a-t-il vu la grenade dégoupillée) à cause de sa décision d'utiliser l'incident de la prise d'otages pour éloigner son concurrent, ce qui l'éloignera aussi de sa femme devenue suicidaire. Lincoln est lui rongé par le sentiment de vengeance qu'il a entretenu lors des quatre ans qu'il a passé derrière les barreaux, au point de ne plus vivre que pour cela. Il s'alliera même à un truand responsable en partie de sa déchéance. Deux ombres qui vont s'affronter lors d'un ultime face à face, à l'issue duquel les deux trouveront enfin la paix, et un successeur en la personne de OJ, d'où le déséquilibre du film.
Le gros problème du film, outre le fait que les scènes d'actions sont soignées mais sans vraiment être galvanisantes, est le nombre de protagonistes : deux héros, une recrue, trois frères truands, le gentil collègue, les femmes... Bref, après un moment, on a un peu de mal à trouver ses repères, et à s'attacher à quelqu'un en particulier (surtout vu la durée assez courte du film). Hartman est beaucoup trop froid, Lincoln est le plus intéressant de par sa folie mais justement il est difficile à cerner, OJ est sacrifié sur l'autel du montage et n'est plus qu'une ombre ; et les trois truands sont trop stéréotypés pour être intéressants, malgré les liens très forts qui les unissent, contrairement au policier plus individualiste. Le spectateur est noyé, et n'a plus de point de repère, au point de ne pouvoir s'impliquer dans l'intrigue devenue hermétique. Il se contente alors de regarder le film comme un tableau.

 

 

Heureusement, Dante Lam à un sens certain de la mise en scène et des beaux plans, voir la fusillade dans l'ascenseur, le final en "split screen" ou les nombreux plans de projectiles fendant l'air, se dirigeant inexorablement vers leur cibles. On retiendra aussi quelques scènes intéressantes, comme celle où Lincoln soupèse chaque balle avant de les mettre dans son chargeur, ou comment utiliser sa respiration pour tirer... quelques détails techniques et anecdotiques mais qui donnent au film un certain cachet de (fausse) authenticité.
Un film qui est loin d'être déshonorant (certains pourront même y trouver leur bonheur), mais qui laisse un arrière gout d'inachevé. On a vraiment l'impression d'être passé à côté de quelque chose. A la place, on a une curiosité, à défaut d'une réussite qui n'arrive malheureusement pas à se différencier de ses références que sont "Heat", "Full Métal Jacket", "Stalingrad", et même le "Sniper" avec Tom Berenger.

 

The Omega Man

 

En Rapport avec le film :

 

# La fiche dvd Wild Side du film "Snipers : Tireur d'élite"

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