Ange du mal, L'
Titre original: Vallanzasca - Gli angeli del male
Genre: Polar
Année: 2010
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Michele Placido
Casting:
Kim Rossi Stuart, Filippo Timi , Francesco Scianna, Moritz Bleibtreu, Paz Vega, Valeria Solarino...
Aka: Angel of Evil
 

1981 - Alors qu'il purge une peine de prison à perpétuité pour ses divers et nombreux crimes, Renato Vallanzasca se rappelle les événements qui l'on conduit là. A neuf ans, dans la banlieue de Milan, avec ses amis Enzo et Antonella, il libère de sa cage un tigre de cirque, exploit qui l'amène directement en maison de correction où il apprend le "métier" de voleur. 1972 - Devenu adulte, il est le chef d'une bande de braqueurs constituée en partie de ses amis d'enfance, dont Enzo drogué et incontrôlable. Séducteur doté d'un physique avenant, auteur de coups audacieux, sa réputation croît. Mais incapable de supporter toute forme d'autorité, il ne va pas tarder à se heurter à Francis Turatello, "boss" du milieu milanais et lié à la mafia sicilienne...

 

 

L'ange du mal est le "biopic" d'un célèbre gangster milanais qui eut son heure de gloire dans les années 70. Renato Vallanzasca, son triste héros, est par sa carrière et surtout son caractère une sorte de Mesrine à l'italienne. A une époque, les années de plomb, où les truands d'envergure étaient légion en Italie, celui ci se distingue de ses collègues ; d'une part par sa forte propension à se vanter dans les medias et à ne pas hésiter à prendre la police pour cible (ça c'est pour le coté Mesrine) ; et d'autre part par son physique avenant (ça c'est pour le coté à l'italienne) qui causera de nombreux émois chez les adolescentes tout juste pubères (rappelons qu'à l'époque "Twilight" n'existait pas).
Le problème, c'est que le film est tiré de l'autobiographie du sieur (qui, depuis peu en semi liberté, a dû avoir un droit de regard sur le scénario), et donc de sa propre version des événements. Ici, les policiers sont des meurtriers acharnés à sa perte et cherchant à venger les leurs, les matons des sadiques pleutres et analphabètes ne s'exprimant qu'en dialecte méridional, les carabiniers (par contraste) des braves type mais bêtes et incompétents. A l'inverse, Vallanzasca est dédouané de son crime principal, l'assassinat gratuit d'un policier lors d'un contrôle routier, qui enclenchera la "vendetta" des flics contre lui. Toutes ces raisons (peu cinématographiques, je vous l'accorde) firent que ce film fut très mal reçu en Italie.

 

 

Malgré cet éclairage favorable, le personnage de Vallanzasca reste profondément antipathique à l'écran. Son refus absolu de toute autorité pourrait passer s'il était accompagné d'une forme de philosophie anarchiste, mais ce n'est pas le cas ici ; on a juste "un sale con" qui a décidé de ne pas accepter les règles communes et qui réagit à tout ce qu'il considère comme une offense de façon violente et disproportionnée. Et encore, le physique de gendre idéal ajoutée à la classe naturelle de son interprète (Kim Rossi Stuart) arrive à faire passer le tout, je n'ose pas imaginer ce que cela aurait été avec dans le rôle des têtes à claques imbuvables, du genre Sean Penn, comme cela fut envisagé à une époque, ou Vincent Cassel pour en revenir à "Mesrine".
Pour être honnête, je dois préciser que la fascination que certains éprouvent pour les truands m'est totalement incompréhensible.
Reste que, au delà de son sujet, le principal défaut du film est son scénario. Abstraction faite de la véracité ou non des faits exposés, et donc de sa malhonnêteté réelle ou supposée, ce dernier souffre des défauts inhérents à la plupart des récits "historiques" : de grands trous dans la narration, et la présence d'une pléthore de personnages dont on ne sait rien, dont on ne nous dira rien ou pas grand-chose, et dont par conséquent on se fout éperdument. De plus, tout l'arrière-plan politique et historique, qui faisait l'intérêt de "Romanzo Criminale" (l'oeuvre maîtresse de Placido), est ici écarté.

 

 

Pas grand-chose à redire, par contre, sur la réalisation de Michele Placido, à part quelques effets clipesques superflus. Pour le reste, la mise en scène est à l'image du jeu de Kim Rossi Stuart, sobre et élégante avec des éclairs de violence sèche et réaliste. Une influence très nette du Scorsese période "Les Affranchis" s'en dégage, et il y a pire comme modèle. Certes, on peut regretter qu'il ne se soit pas inspiré de cinéastes nationaux, un Rosi niveau "biopic" ou un Di Leo niveau policier mais c'eut été, sans doute, viser trop haut. Di Leo, d'ailleurs, avait envisagé à l'époque de faire un film sur Vallanzasca, et était concurrencé par un autre projet avec Alain Delon dans le rôle du héros, mais aucun des deux n'aboutit.
Ce qui me permet de préciser que le film n'a aucun rapport avec les poliziesco des années 70, mis à part les Lancia, l'uniforme des carabiniers et les moustaches des protagonistes. Moi qui, à tout moment, espérais voir surgir Maurizio Merli ou Luc Meranda pour baffer la gueule des malfrats je fus cruellement déçu. Notons que dans son dernier tiers, le métrage se transforme en film de prison, et là, étant totalement allergique au genre, je n'ai pu que regretter qu'il se soit montré aussi lacunaire sur les activités criminelles de son héros pour tant insister sur cette période (qui certes correspond à son accès au vedettariat médiatique).

 

 

Mais le point fort du film reste son interprète principal, remarquable, comme j'en ai suffisamment parlé précédemment dans cette critique. Je ne reviendrai pas dessus, si ce n'est pour constater le chemin parcouru par le fils de Giacomo depuis ses débuts comme jeune premier insipide. Dans le rôle d'Enzo, l'ami d'enfance (qui regroupe toutes les tares dont notre héros s'est exonéré dans sa biographie), Filippo Timi est lui aussi très bon (il volerait presque la vedette à Rossi Stuart). Je pourrais écrire la même chose (d'ailleurs, c'est ce que je fais) de Francesco Scianna qui incarne Francis Turatello. Le reste du casting masculin (quelque soit leur temps de présence à l'écran) ne dépassant pas le statut de silhouette, je n'en dirais pas plus, si ce n'est pour noter (coproduction internationale oblige) la présence d'un Moritz Bleibtreu physiquement méconnaissable.
Côté féminin, les actrices, dans leur ensemble, jouent des rôles purement anecdotiques. Qui plus est, elles semblent toutes sorties du même moule, brune élancée trentenaire style ex cover-girl, duquel se détache l'espagnole Paz Vega (dans le rôle de l'amie d'enfance), pas pour ses qualités d'actrice mais parce qu'elle est plutôt laide (en tous cas ici). On notera que la logique des coproductions internationales échappant à la logique ordinaire, un allemand et une espagnole ont été engagés pour un film cofinancé par des Français et des... Roumains (étonnant de la part d'un pays dont l'industrie cinématographique ne survit plus que par l'apport de capitaux étranger), d'où la présence de l'ex sex-symbol transylvaine Monica Barladeanu, qui remplit à merveille le cahier des charges féminin du film (je le rappelle : brune, élancée, trentenaire, style ex cover-girl) mais dont le rôle (la fille d'un riche industriel kidnappée par Vallanzasca) a été en grande partie coupé au montage.

 

 

Quoi qu'il en soit, ce film passé inaperçu lors de sa sortie française en salle mérite largement la seconde chance que lui donne sa sortie DVD (et Blu-ray), ne serait-ce que pour l'interprétation de Kim Rossi Stuart (film que je vous conseille de voir en VO).

Note : 7/10

Sigtuna


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