Danger Doberman !
Titre original: Trapped (TV)
Genre: Thriller , Agressions animales
Année: 1973
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Frank De Felitta
Casting:
James Brolin, Susan Clark, Earl Holliman, Robert Hooks, Ivy Jones, Bob Hastings...
Aka: Doberman Patrol
 

Décidément, James Brolin eut peu de chance tout au long des années 70. Un coup buté par un droïde (Mondwest), un coup coursé sans répit par un hélicoptère en plein désert californien alors qu'il devait se trouver dans l'espace ("Capricorn One"), un coup poursuivi par une bagnole aux allures de corbillard (Enfer mécanique), un coup encore cerné par les esprits (Amityville), on comprend l'acteur et ses choix plus reposants la décennie suivante, quoique... Toujours est-il que son calvaire et son syndrome du type pourchassé a débuté avec ce film tourné pour la télévision en 1972 par Frank De Felitta ; un De Felitta auteur, un peu plus tard, en 1975, du roman Audrey Rose solidement adapté au cinéma par Robert Wise.

 

Bref, James Brolin n'eut donc pas de bol (encore que l'on ne comptera pas "Le voyage fantastique" de Fleischer dans lequel il était un temps poursuivi par des globules blancs, ni l'on ne mentionnera le fait que, usé, il abandonna sa lutte contre l'agresseur pour finir entre les griffes d'un gros Cocker du nom de... Barbara Streisand ! Ce type est décidément costaud... d'autant - et là je suis plus sérieux - qu'il perdit sa seconde femme dans un accident de voiture au milieu des années 80).

 

Quoi qu'il en soit, on le retrouvait déjà ici cloîtré dans les toilettes d'un magasin où il était venu acheter une poupée pour sa fille, ce après une agression suivie d'une commotion cérébrale. Las, lorsqu'il reprend connaissance, il est déjà trop tard, les stores ont été fermés et surtout... surtout, une poignée de Dobermans "dressés pour tuer" (voir l'excellent film de Fuller) se baladent un peu partout, prêts à pulvériser de leurs crocs acérés tout ce qui bouge.

 

 

Danger Doberman ! évolue sur un script simple, classique mais d'une efficacité redoutable : d'un côté, on a James Brolin qui met un petit peu de temps à se réveiller, ce réveil tardif permettant au film de mieux présenter ses autres personnages, lesquels serviront ensuite de cadencier pour rythmer un suspense allant crescendo. Ainsi, on nous présente son ex-femme Elaine Moore (Susan Clark), remariée à David (Earl Holliman), un brave gars à l'allure bonhomme, toujours prêt à se montrer compréhensif et à aider son prochain, ainsi que sa fille à qui il doit donc rendre visite pour lui souhaiter son anniversaire.

 

De fait, tout est mis en place de façon aussi simple qu'astucieuse puisque la caméra pourra jouer dès lors une partie d'allers et retours entre notre Chuck Brenner tentant de s'en sortir et notre trio familial l'attendant, s'impatientant, jusqu'à peut-être (je dis peut-être, faudra voir le film, si ce n'est pas déjà fait) intervenir ou faire enfin intervenir la police. Ces bases permettent à Frank De Felitta d'élaborer un double suspense. L'un d'eux ne fonctionne qu'à moitié, la faute sans doute à une Susan Clark (Le cerveau d'acier, Meurtre par décret) assez peu convaincante à force de traiter son mari de lâche et d'alcoolique, ce de manière trop unilatérale et répétée pour être crédible, ainsi qu'à un Earl Holliman (acteur pourtant très sympathique au demeurant), trop caricatural lui aussi, cette fois-ci dans l'autre sens. Cette partie reste le maillon faible d'un script par ailleurs malin. Le second suspense, celui mettant simplement en scène Chuck enfermé avec une meute de clébards prêts à en découdre est quant à lui bien plus réussi...

 

 

Le réalisateur fait preuve de nombreuses idées, qui plus est ingénieuses : d'abord, il fait mordre notre héros à la cheville dès que celui-ci a dans l'idée de se tirer de ce cauchemar. De fait, il se retrouve handicapé, ce qui l'oblige à faire preuve de davantage d'imagination.

 

Ailleurs, la présentation faite des chiens les rend d'entrée terrifiants ; non seulement leurs maîtres-flics ont du mal à les diriger ou à les maitriser, mais en plus, ils sont eux aussi blindés d'objets défensifs au cas où. Le tout est renforcé par le fait que dans le magasin même, les clébards sont isolés les uns des autres afin qu'ils ne se bouffent pas entre eux. A ce titre, il y a une véritable séquence d'anthologie dans Trapped : après s'être réfugié derrière l'une des portes de secours, se trainant blessé, Chuck assiste au combat de deux dobermans qui n'ont pu le choper. Leur duel, à coups de crocs excessivement violents, contribue à les rendre encore plus redoutables et terrifiants qu'ils ne l'étaient déjà. Un exploit !

 

Et puis, cette idée de placer son personnage dans un endroit où il a, à sa disposition, des objets lui permettant de se défendre, à la seule condition qu'il fasse lui-même preuve de présence d'esprit, est très judicieuse. D'autant qu'ailleurs, le traumatisme crânien subit par Chuck explique toutes ses absences initiales comme celle, par exemple, de ne pas faire sonner l'alarme à incendie. Ainsi, c'est au rayon accessoires que l'homme reprenant peu à peu conscience en même temps qu'épuisant ses forces, devra trouver matière à se défendre. Dès lors, autant une simple armoire qu'un arc pour enfant pourra lui servir.

 

 

Trapped, fi de sa partie la moins convaincante et la plus convenue, offre un suspense haletant. La caméra et le montage battent un rythme ne cessant de croître, l'atmosphère claustrophobe de ces pièces isolées dans lesquelles se trouve chaque fois un chien (pas que des Dobermans du reste, on a le droit à quelques Bergers allemands, dont un blanc qui se fait exploser par une armoire - ouf, c'était marine Le Pen !) est très bien rendue, tout comme ces chiens sont absolument tétanisants.

 

On sera gré aux dresseurs Lou Schumacher et Karl Lewis Miller (*) qui auront également fort à faire plus tard en dressant "Zoltan" pour l'un, "Cujo" pour l'autre. L'air de rien, leur apport est considérable tant on a peu vu au cinéma (et à la télévision, même dans l'émission "Trente millions d'amis") de clébards tellement flippants qu'ils feraient passer des zombies pour un groupe de tapettes montées sur talons hauts.

A noter, pour finir, que l'on retrouvera avec un bonheur comparable Frank De Felitta derrière la caméra en 1981, pour un autre téléfilm lui aussi fort réussi : Les Fleurs de sang (Dark night of the scarecrow). En tout cas, voici un thriller animalier qui a vraiment du chien et soutenu, qui plus est, par une partition elle aussi très efficace signée Gil Melle (Le mystère Andromède, New York ne répond plus, "Embryo", L'invasion des soucoupes volantes,...).

 

 

Mallox

 

 

(*) Merci à feu AnimalAttack concernant les noms des dresseurs de chiens (vous y trouverez du reste une autre critique du même film).

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