Momie Sanglante, La
Titre original: Blood from the Mummy's Tomb
Genre: Epouvante , Fantastique , Momies
Année: 1971
Pays d'origine: Angleterre
Réalisateur: Seth Holt (fini par Michael Carreras)
Casting:
Valerie Leon, Andrew Keir, James Villiers, Mark Edwards, Hugh Burden, George Coulouris, Aubrey Morris, Rosalie Crutchley...
 

A l'époque des pharaons, la redoutée reine Tera fut assassinée par des prêtres égyptiens effrayés par ses étonnants pouvoirs. Pour l'empêcher de nuire, même dans la tombe, ils lui coupèrent une main et la jetèrent aux bêtes sauvages du désert. Mais la main, guidée par la reine morte, réussit à étrangler ses meurtriers et à retourner dans le tombeau. Des siècles plus tard, le professeur Julian Fuchs et son équipe découvrent la tombe et le corps incroyablement conservé de la reine. Au pied du tombeau gît une main ensanglantée. Au même instant, à des kilomètres, la femme du professeur meurt en donnant naissance à une petite fille, Margaret. Bien des années plus tard, le professeur offre en cadeau à sa fille une étrange bague.

 

 

Le début des années septante va représenter pour la Hammer une période charnière pendant laquelle le studio anglais va devoir faire face à un changement radical dans l'industrie du cinéma avec une nouvelle approche des films d'horreur beaucoup plus contemporaine et démonstrative et une libéralisation des moeurs avec l'arrivée du hard et du soft. De plus, à partir de 1972 c'est Michael Carreras qui va prendre la tête du studio britannique à la place de son père. A la recherche d'un second souffle, la firme va commencer (de manière souvent maladroite et artificielle) par introduire dans ses productions un érotisme plus explicite et une bonne dose d'hémoglobine (voir la série des Dracula). Ensuite certaines productions vont essayer d'aborder certains thèmes de prédilection d'une manière plus originale. C'est le cas de cette "Momie Sanglante" qui s'inspire d'un roman peu connu de Bram Stoker (Dracula) "Jewel of the Seven Stars". En effet, au lieu d'une relique desséchée enrobée de poussiéreuses bandelettes, c'est une princesse égyptienne bien en chair et parfaitement conservée que vont découvrir les inévitables profanateurs de sépulture. Il faut avouer qu'il aurait été dommage de cacher sous de vieilles bandelettes mal fixées l'avantageuse anatomie de la belle Valerie Leon. La momie ne revient donc pas à la vie pour déambuler mollement dans les couloirs d'un quelconque musée mais préfère se réincarner dans le corps d'une jeune femme qui lui ressemble étrangement.
Une initiative originale de renouvellement qui malheureusement ne convainc pas totalement. En effet, si la plastique de Valerie Leon n'est pas à remettre en doute, ses talents d'actrice sont cependant trop limités pour la profondeur exigée par son (double) rôle. De plus, on ne peut que regretter le désistement du pauvre Peter Cushing appelé d'urgence au chevet de sa femme et son remplacement par Andrew Keir ("Les Monstres de l'espace", "Dracula : prince des ténèbres"). Sans grande vedette "maison", la campagne de publicité est alors orchestrée entièrement sur la plastique de son actrice, comme le prouvent les nombreuses photos publicitaires qui circulent à l'époque, des photos qui ne sont pas issues du film mais qui sont réalisées indépendamment avec les acteurs. Un procédé qui a déjà fait ses preuves, comme en témoignent les superbes clichés mis en scène pour "Frankenstein créa la Femme".

 

 

Pour ajouter encore à la confusion, le film doit faire face à un nouveau coup dur, la mort de son réalisateur trois semaines seulement après le début des prises de vue. C'est alors Michael Carreras (qui avait déjà abordé le thème avec "Les Maléfices de la Momie") qui reprendra le tournage et devra vaille que vaille assembler les morceaux d'un inextricable puzzle. En effet, le pauvre se trouve face à de nombreuses séquences déjà tournées par son prédécesseur, mais dont il manque le début et la fin. Carrerras doit alors essayer d'assembler le tout et tourner toutes les scènes qui manquent pour souder et fluidifier l'ensemble. Pour couronner le tout, le regretté Seth Holt semble avoir pris quelques libertés par rapport au script original, ce qui le rend presque inutilisable pour le pauvre Carreras. Dans de telles conditions, pas étonnant que la réalisation paraisse par moment beaucoup trop statique et académique.
Si la Hammer a offert au cinéma anglais pas mal de chefs d'oeuvre, elle a aussi grandement contribué à lui fournir une pléiade de jeunes et jolies actrices pleines de talent. Valerie Leon comme beaucoup de ses consoeurs a suivi l'itinéraire classique : petits rôles et apparitions dans des séries télévisées anglaises de prestige (Le Saint, Cosmos 1999, Amicalement vôtre, Chapeau melon, ...), puis apparitions dans diverses grosses productions anglaises ("Les Oies sauvages", "La Panthère rose"...) et enfin vedette de films d'horreur. Avec, pour couronner le tout peut être, une apparition dans un James Bond. Pour sa part, Valerie eut beaucoup de chance puisqu'elle croisa deux James Bond : Roger Moore en 1977 dans "L'Espion qui m'aimait" (un épisodique rôle de réceptionniste) et Sean Connery en 1984 dans "Jamais plus jamais" dans lequel elle a un rôle beaucoup plus conséquent.
Malgré ces multiples déconvenues, le film peut enfin sortir en 1971, mais restera inédit en France pendant de longues années (il fut diffusé récemment sur CinéFX en version originale), seule la Belgique put le visionner à l'époque. Au fil du temps, la rareté de l'oeuvre a travaillé en sa faveur, ce qui lui permit de se tailler une petite réputation qu'elle entretient grâce aux nombreuses et fort réussies photos d'exploitation publiées dans les revues spécialisées (voir Vampirella n°25). Néanmoins, il serait mesquin de considérer cette tentative d'innovation comme un échec total, elle se situe même dans la bonne moyenne des productions Hammer, grâce à quelques idées bien venues notamment le plan final dont on appréciera l'humour noir, la séquence du rêve qui montre l'exécution de la reine et sa main vengeresse se déplaçant dans le sable, ou la possession de Margaret lors d'une belle nuit d'orage. Pour le reste, le script aligne les stéréotypes d'usage dans ce genre d'histoire avec l'incontournable flash back ici présent sous forme de rêve, le grand prêtre qui veut réveiller sa reine et la mort inévitable des profanateurs, la petite touche d'originalité étant le contexte contemporain.

 

 

Un film à découvrir ne serait-ce que pour la belle Valérie et son regard magnétique, témoignage d'une époque où les maîtres de l'horreur (Peter Cushing, Christopher Lee...) laissaient doucement leur place à de voluptueuses et peu farouches déesses (Ingrid Pitt, Caroline Munro, Yutte Stensgaard...) : la fin d'une époque !

 

The Omega Man
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