Coup de maître au service de sa majesté !

[Bastien]

Il s’agit d’un film de série B peu connu, même parmi les amateurs, mais il s’agit d’un des meilleurs fleurons du genre espionnage à l’italienne, qui copiait joyeusement James Bond dans les années 60’, où il y a eu de fort mauvais films. De plus, l’acteur principale se nomme Richard Harrison, qui symbolise à lui seul une carrière qui se termine dans une abysse. Retour sur un film de grande qualité.

James Bond demeure un énorme succès populaire dans les années 60’, Goldfinger a explosé pas mal de records. Les Italiens, qui imitent tout ce qui rapporte, ne sont pas en reste et ils se lancent dans une vague qui comporte un paquet de mauvais films. Mais Edmond Amati, un producteur soigneux, produit dans cette kyrielle un petit joyau au scénario très intelligent, qui exploite une idée excellente ainsi qu’un mécanisme des plus intéressants.

L’histoire commence par une parodie de western, un acteur de second plan nommé Lang (Richard Harrison), est choisi par de mystérieux personnages aux allures louches. L’acteur demeure raté, il enchaîne des rôles miteux et a même commis quelques larcins. Il reçoit une belle somme dans le but de rencontrer le commanditaire. Il rencontre donc Bernard, joué par Adolfo Celli (considéré en Italie comme un Jean Gabin), qui l’engage pour une mission insensée : il demeure le sosie d’un directeur de banque de la Brink ‘s et il doit participer à un casse.
Il s’en suit donc une phase de préparation très haletante où notre héros participe à des épreuves de diction, corrige son allure pour se comporter comme sa cible. Cette phase de préparation demeure haletante et elle augure le meilleur, justement il va suivre !

Le jour venu, le casse réussit grâce à la substitution des sosies et on apprend que le personnage d’Aldolfo Celli est en fait un ponte d’Interpol, qui a monté cette opération pour prouver les failles du système de la banque qui se doit d’être parfait. Or, une seconde équipe profite de la confusion pour s’infiltrer dans le dispositif, le banquier que remplace notre héros est tué et le vers (un traître) demeure dans le fruit, mais qui est-il ?

La réalisation demeure impeccable, elle est signée par Alberto Lupo, un cinéaste capable dont il s’agit de la meilleure œuvre connue. La musique signée Fransisco De Masi participe au rythme du film en le dynamisant, le générique de début demeure innovant. Bref, il s’agit d’un film qui se permet des audaces et cela lui permet d’atteindre une réelle qualité. Il s’agit de l’exemple même du film oublié qui mérite pourtant d’être redécouvert.

Mais l’essentiel du film demeure le scénario lui-même, qui est un scénario dit « à tiroir » où tous les personnages ont une part sombre, lequel trahi les autres ? Coup de maître au service secret de sa majesté vous permet de passer un bon moment, grâce au travail de solides professionnels et il permet même de considérer les capacités d’acteur du héros incarné par Richard Harrison, que je pensais être un acteur des plus médiocres. Or, il se révèle être très convainquant dans le film et même, il livre une prestation très soignée. Je vous suggère d’aller consulter les archives de Nanarland pour découvrir la carrière des plus pittoresques de cet acteur qui symbolise à lui-seul l’effondrement du cinéma B italien. De plus, il y a Margaret Lee, une bombe qui fut la doublure de Marylin Monroe un temps et qui fit sa carrière en Italie. Elle travailla beaucoup pour un producteur singulier, Harry Allan Towers, où son compagnon de tournage était Klaus Kinski, à qui elle fut liée. Elle connu une sombre affaire de meurtres qui la conduisit en prison. Quel destin !

Le film demeure hélas un grand inédit des DVD. Il fut édité par Proserpine en k7 avec, bonus somptueux, une présentation de Michel Drucker qui se fend d’un réel effort pour nous parler de séries B de cette collection !
Enfin, l’excellent Norbert Moutier a édité des fanzines de grandes qualités dont certains qui traitent de Richard Harrison, Margaret Lee et sur l’épopée de l’espionnage italien. Un must !
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