[M] [Critique] Une vierge chez les morts vivants

 
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flint
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MessagePosté le: Mar Jan 13, 2009 10:57 am    Sujet du message: [M] [Critique] Une vierge chez les morts vivants Répondre en citant



Une vierge chez les morts vivants – 1971
(Christina princesse de l’érotisme)

Origine : France/Liechtenstein
Genre : horreur/érotique

Réalisé par Jess Franco
Avec Christina von Blanc, Britt Nichols, Anne Libert, Howard Vernon, Paul Müller, Jess Franco, Rosa Palomar

Autres titres : A virgin among the living dead/I desideri erotici di Christine/Zombi 4 : a virgin among the living/Virgen entre los muertos vivientes/La nuit des étoiles filantes/Eine Jungfrau in den Krallen von Zombies/Das Grauen von Schloss Montserrat


Christina Benson (Christina von Blanc), en provenance de Londres, se rend dans un coin reculé de l’Espagne, plus précisément dans le domaine de Monteserrat, à la suite du décès de son père. Ce père en question, Ernesto (Paul Müller), est mort tragiquement, et Christina doit prendre connaissance du testament. En attendant, la jeune femme est accueillie par les autres membres de la famille : oncle Howard (Howard Vernon), Carmencé (Britt Nichols), Tante Abigail (Rosa Palomar), sans oublier Basilio, le domestique débile (interprété par Jess Franco en personne). Un accueil loin d’être conventionnel, il faut l’avouer, entre l’oncle qui joue du piano en récitant des versets de la Bible, la tante sinistre à souhait, Carmencé paraissant aussi folle que tourmentée, et le serviteur muet franchement inquiétant. Un autre membre de la famille habite au château : Herminia, la seconde femme d’Ernesto (et donc la belle-mère de Christina). Lorsque cette dernière, inquiète de ne pas la voir, demande à son oncle où elle se trouve, celui-ci lui répond d’un air hilare :
Elle est en train de mourir en haut !
Oui, une famille bien étrange en vérité. D’autant plus que pour tous les gens habitant dans les environs, le domaine de Monteserrat n’est plus habité depuis plusieurs années.



Réalisé en 1971 à une période charnière (correspondant à ses films produits par Artur Brauner et Karl Heinz Mannchen, la mort de Soledad Miranda, et les débuts de sa collaboration avec Robert de Nesle), « Une vierge chez les morts vivants » est une œuvre une fois de plus atypique du cinéaste espagnol, de la part de cet homme qui n’a jamais cessé de nous surprendre. Une fois encore, il s’agit là d’un film qui a connu différents montages, et qui fut commercialisé avec des durées et des titres particulièrement variés. Si on le connaît aussi sous le titre « Christina, princesse de l’érotisme », il devait pourtant s’appeler, à l’origine, « La nuit des étoiles filantes ». Point de zombies ou de morts vivants, dans cette histoire inspirée d’une nouvelle d’un poète et romancier espagnol du 19e siècle, Gustavo Adolfo Bécquer, qui mourut prématurément à trente quatre ans, et dont la majeure partie de ses œuvres fut publiée post mortem. Non, point de monstres, mais plutôt des esprits, et un souffle onirique, une poésie macabre, une beauté froide et morbide, reflet probablement conjugué des écrits de Bécquer et du décès encore « chaud » de Soledad Miranda.
Cette co-production (tournée au Portugal) quelque peu forcée entre des fonds en provenance du Liechtenstein et la firme française Eurociné ne va pas se passer comme l’escomptait le réalisateur. Marius Lesoeur, comme toujours, va rajouter des scènes érotiques initialement non prévues. Et, quelques années plus tard, il fera même tourner à Jean Rollin quelques rushes supplémentaires qui seront intégrés au film, au grand dam de Jess Franco qui lui en voudra toujours d’avoir commis, en quelque sorte, une trahison.



« Une vierge chez les morts vivants » fut donc exploité, tantôt sans, tantôt avec les passages filmés par Rollin. D’autres scènes, bien tournées par Franco quant à elles, disparaissent ou demeurent selon les versions, notamment le passage onirique où Christina se lève de son lit, aperçoit un objet noir en forme de phallus, et le brise ; ainsi que la cérémonie rituelle finale marquant l’initiation de Christina par la Reine des Ténèbres (incarnée par Anne Libert).
Jess Franco avoue avoir de l’estime pour ce film (ce qui est loin d’être le cas de toutes ses réalisations). Et on le comprend. Si, de prime abord, « Une vierge pour les morts vivants » semble aux yeux de beaucoup une œuvre ratée et risible, ce serait dommage de ne pas regarder au-delà du jeu des interprètes principaux et du déroulement pour le moins abscons de l’histoire. Trame obscure ne veut pas dire ridicule, « Une vierge chez les morts vivants » est avant tout l’histoire d’une malédiction s’étant abattue sur une famille et qui ne s’arrêtera que lorsque celle-ci sera entièrement réunie. Ce qui signifie que la mort est l’unique issue pour la rédemption. Et si Christina peut paraître stupide et « oie blanche », on a le sentiment qu’elle ressent les choses d’une façon inconsciente, et que ses actes qui la conduisent vers le sacrifice sont finalement une volonté de sa part. La scène finale en a fait rire plus d’un, elle est pourtant magnifique, lorsque tous les protagonistes, enfin au grand complet, marchent lentement en direction de l’étang. Mais les passages mémorables sont nombreux, comme la veillée funèbre où l’on a posé le cadavre d’Herminia sur une chaise, et que les occupants du château chantent des prières dans un latin de « cuisine », avec Carmencé occupée à se peindre les ongles des pieds. Comme toujours, Britt Nichols laisse éclater son insolente beauté. A la fois sensuelle, hautaine et excentrique, elle rappelle par moments la Stéphane Audran de la grande époque, lorsqu’elle tournait sous la caméra de son mari Claude Chabrol.
Et que dire de la lecture du testament, orchestrée par un notaire au faciès improbable, ânonnant son texte à un point tel que la scène en devient surréaliste, comme si l’ombre de Kafka planait subitement sur le cinéaste espagnol. Un Jess Franco qui, l’air de rien, égratigne les institutions, autant l’église que la bureaucratie.



Les dialogues sont également savoureux, teintés de poésie et d’ironie. Ainsi, lorsque Christina demande à ses « parents » pourquoi ils ne mangent pas, Howard Vernon répond alors :
C’est… que nous n’avons pas beaucoup d’appétit !
Puis, le formidable Howard accompagne sa tirade d’un regard complice envers l’assistance, avant de partir d’un rire gras et communicatif. On pourrait également citer le vieillard prostré devant la chapelle, évoquant l’atmosphère maudite des lieux, avant de conclure par cette belle phrase :
La mort, ça finit par s’attraper comme la maladie.
Au-delà des maladresses récurrentes de Franco (comme le lieu qui ressemble plus à un jardin botanique qu’à une forêt lugubre), on peut voir dans cette « Vierge chez les morts vivants » une œuvre où l’horreur côtoie la poésie, et où le personnage de Christina apparaît comme un pendant érotique et sensuel de Candide. Si Christina von Blanc, dans le rôle titre, n’a pas eu une carrière prestigieuse, on a pu cependant la voir dans « Overtime », d’Armando Crispino, ainsi que dans « La cloche de l’enfer », de Claudio Guerin Hill. A noter, dans un rôle secondaire, la présence de Nicole Guettard, qui était à l’époque la femme de Jess Franco.
N’oublions pas, non plus, la partition musicale excellente de Bruno Nicolai, alternant mélodies nostalgiques, musique contemporaine et rock progressif dans une parfaite harmonie.
En vérité, « Une vierge chez les morts vivants », l’un des films les plus connus et les plus décriés de Franco, est à redécouvrir, surtout pour tous ceux qui en ont gardé uniquement un souvenir négatif. Oui, cette œuvre mérite bien plus que la moquerie ou le dédain.



note : 8/10
accroche : l’enfer plutôt que les limbes




Dernière édition par flint le Jeu Aoû 06, 2009 8:32 am; édité 1 fois
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flint
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MessagePosté le: Mar Jan 13, 2009 11:13 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'en profite pour mettre le lien de la critique de ce film rédigée par le camarade Paisley :

http://tortillafilms.tortillapolis.org/vierge-chez-les-morts-vivants.html

Une chronique comme on les aime, élogieuse envers le grand Jess. Merci camarade !
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MessagePosté le: Mer Jan 14, 2009 11:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8


(Tiens ! Christina a eu le temps d'enfiler une robe sur la dernière jaquette !)

A propos des différentes versions vidéo, la SHV est identique à la Caroline. La Century est identique à la version diffusée sur Cinéfaz il y a quelques années : c’est la version avec les inserts de zombies de Rollin.(Je ne connais pas la BGV, ni la Videociné)



Le DVD Mad Movies est identique au DVD Image mais ce dernier propose 4 scènes coupées en bonus. Je ne connais pas les autres DVD mais il existe au moins une édition anglaise, une espagnole et deux allemandes dont celle chez X-rated qui propose 4 versions dont 2 avec des B.O différentes.



Les différences se situent au niveau de 5 scènes :



A la 15ème minute environ, Christina entre dans sa chambre et entend un conversation dans la chambre d’à côté. Dans les versions Century / Cinéfaz et dans les bonus du Image on y voit un double De Howard Vernon gifler une femme puis lui faire l’amour. Dans la version SHV / Caroline, cette scène est plus longue et on y voit nettement la zigounette du type en érection !



A la 55ème minute environ, il y a une orgie champêtre avec une Alice Arno masquée en maîtresse de cérémonie: cette scène (tournée par Pierre Quérut) ne figure que sur la version SHV/ Caroline !
Dans la version Century/ Cinéfaz elle est remplacée par une scène tournée par Rollin où une doublure de Christina est attaquée par des morts-vivants ...



Cette scène est suivi de la découverte du phallus noir que l’on retrouve sur les DVD Mad Movies et Image et dans la version SHV/ Caroline mais coupée dans la version Century/ Cinéfaz ... Il manque d’ailleurs le début de la scène suivante, si bien que l’actrice déclare « A cette question, je ne peux répondre » alors qu’on ne lui a pas posé de question !



A la 65ème minute environ, la scène du viol de Christina se prolonge par un plan plus long avec des doublures présent dans toutes les versions VHS et en bonus sur le DVD Image mais absent du DVD Mad Movies.



Enfin la scène du sacrifice rituel est remplacée par une scène quasiment identique tournée par Rollin avec la doublure de Christina et des zombies dans la version Century/ Faz ...

A propos des inserts tournés par Rollin, celui-ci a déclaré dans une interview accordée à Nanarland endesaccord14

« J'ai tourné deux ou trois scènes de morts-vivants pour Marius Lesoeur, mais je ne savais pas ce qu'il allait en faire : il était hors de question de les mettre dans un film de Jess. »



Petit quiz hivernal pour conclure : suis-je le seul à trouver que ce figurant ressemble furieusement à un comique-chroniqueur français ????? frank_PDT_16



icon_wink


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MessagePosté le: Mer Jan 14, 2009 12:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A ne pas rater dans le DVD Mad Movies, l'interview de Franco, qui une fois de plus se lâche (presque aussi bien que dans l'interview sur L'Abîme des morts-vivants, où il explique pourquoi les zombies et la momie sont des concepts bidons).

Sinon d'accord avec la critique positive, et d'accord pour Christophe Alévêque.
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flint
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MessagePosté le: Mer Jan 14, 2009 1:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Valor pour cette étude comparative fort instructive. icon_wink
En ce qui me concerne, je n'ai eu entre les mains, en VHS, que la Century, que l'on trouvait à l'époque dans tous les Gifi et compagnie, avec d'autres titres de l'éditeur (comme le "Terreur Cannibale" de Deruelle ico_mrgreen ).
"Une vierge chez les morts vivants", dans mes souvenirs, est le premier Jess Franco que j'ai vu. Forcément, lorsque je l'ai revu avec le DVD Mad Movies, j'ai constaté qu'il y avait quelques scènes en plus, et d'autres en moins. En tout cas, un film qui m'a marqué.
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Throma
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MessagePosté le: Mer Jan 14, 2009 2:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour avoir vu les versions Century et SHV, ma préférence se porte sur cette dernière.
Ce qu'on perd en mort-vivant, on le gagne en érotisme... et en débilité faut bien le dire, chaque séquence additionnelle de la SHV ayant le mérite d'apporter quedchi à la bonne compréhension du reste du récit, déjà bien assez en roue libre comme ça.
Voir la longue séquence avec Alice Arno dans la clairière.
Mais il règne lors de ces passages un surréalisme typiquement francoïen (j'allais dire franquiste) pas déplaisant et la musique qui accompagne, je me souviens, est assez sympathique.
_________________
http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma
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Kidam
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MessagePosté le: Sam Jan 17, 2009 5:21 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bravo à Valor pour son comparatif (une fois de plus) exceptionnel ! enaccord8

Perso je n'ai vu que la version de Century et j'avais bien aimé. Sans doute sous-estimé comme le dit si bien Flint.
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