[M] [Critique] La loi yakuza

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Psychovision.net Index du Forum :: Autres genres
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
flint
Super héros Toxic
Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007
Messages: 7606
Localisation: cusset-plage

MessagePosté le: Mar Oct 27, 2009 6:49 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La loi yakuza Répondre en citant



La loi yakuza

Titre original : Yakuza keibatsuchi : Rinchi

Genre : Action/Yakuza/Sketchs

Année : 1969

Pays d’origine : Japon

Réalisateur : Teruo Ishii

Casting : Ryutaro Otomo, Bunta Sugawara, Minoru Oki, Teruo Yoshida, Hiroshi Miyauchi, Ichirô Sugai, Yoshiko Fujita, Masumi Tachibana, Yukie Kagawa…

Aka : The Yakuza’s Law : Lynching !


« Voler de l’argent, et voler la femme d’un autre… », voilà deux interdits à ne pas enfreindre lorsque l’on est membre de la puissante caste des yakuzas. Les règles à suivre sont nombreuses. L’une d’entre elles stipule que « quiconque attirera des ennuis au chef ou au clan sera chassé du territoire. S’il se représente sur ce territoire, il périra par le sabre. » De même, « quiconque perturbera l’organisation ou dévoilera un secret, quelles que soient ses raisons, sera éliminé. »
Ces phrases empruntées au code des yakuzas servent à introduire chacune des trois histoires de ce film, qui débute au début du XIXe siècle, sous le shogunat des Tokugawa, se poursuit au début du XXe, et s’achève à la fin des années 1960. Dans le premier récit, deux hommes, Shohei et Tsune, s’attirent le courroux de leur chef ; le premier parce qu’il a dérobé de l’argent provenant des recettes de la maison de jeux, le second parce qu’il a couché avec une femme qui était destinée au maître du clan. Le deuxième sketch suit la destinée de Shuji Ogata, qui vient de passer trois années en prison, et a été banni par son clan. Il découvre que la femme qu’il aimait s’est mariée avec le nouveau leader d’une faction rivale. Enfin, la dernière histoire nous plonge dans une guerre fratricide qui oppose les deux clans de yakuzas les plus puissants, les Hashida et les Omura. Un homme, mêlé aux règlements de compte incessants entre les deux gangs, va profiter de cette rivalité et précipiter leur perte.



Sixième et dernier volet de la saga « Joys of Torture » (de la période 1968/69), « La loi yakuza », bien que lui aussi découpé en trois sketchs comme d’autres films de la série, se démarque néanmoins de ses prédécesseurs. Exit les femmes criminelles, victimes et suppliciées, et bienvenue dans l’univers impitoyable des yakuzas, régi uniquement par les hommes. Apparus sous l’ère Edo, durant le shogunat des Tokugawa, les yakuzas, dont le nom provient d’une combinaison perdante à un jeu de cartes, désignaient à l’origine des pauvres ou des exclus de la société. Ils font partie d’un des syndicats du crime organisé, chacun de ces syndicats appartenant à une famille (comme la mafia sicilienne ou les Triades chinoises).



A l’instar des samouraïs soumis au bushido, les yakuzas ont aussi leur propre code d’honneur. S’ils suivent le gokudõ (la voie extrême), ils obéissent également au ninkyõdõ (la voie chevaleresque). C’est un peu la table des dix commandements (en l’occurrence neuf règles à suivre), qui ordonne la ligne de conduite du yakuza. Parmi ces règles, il est donc interdit de prendre la femme du voisin ou de voler l’organisation (voir le premier sketch). Mais il est également interdit de se droguer, d’offenser les bons citoyens (dans le deuxième récit, un yakuza est puni pour avoir malmené une vieille femme), de parler de l’organisation à quiconque. Enfin, le yakuza doit une absolue obéissance et soumission à son chef (allant jusqu’à mourir pour lui). Enfreindre l’une de ces règles peut conduire à de sévères châtiments. Le plus connu consiste à se trancher un doigt (tradition issue des Bakuto, joueurs professionnels itinérants apparus au XVIIIe siècle, et développés au cinéma avec le personnage de Zatoichi, notamment), mais parfois les yakuzas peuvent se voir infliger des tortures bien plus terribles.



Et dans « La loi yakuza », Teruo Ishii ne se prive pas de nous en montrer, des tortures. Au programme : oreille tranchée, énucléations, main brisée, etc... Le troisième sketch nous offre même deux moments d’anthologie, avec un yakuza traîné sur une plage, attaché par une corde jusqu’à un hélicoptère, et qui finira la tête fracassée contre un rocher ; et un autre concassé dans une voiture, dans une décharge. Le réalisateur ne lésine pas sur le gore, et ce dès le générique, comme il l’avait déjà fait pour « Femmes criminelles » et « L’enfer des tortures ».
Avec son traitement sur différentes époques, « La loi yakuza » passe en revue (avec succès) différents genres comme le chambara (les yakuzas manient le katana comme de véritables samouraïs), et le polar. Les combats au sabre sont brefs et sanglants, les fusillades nombreuses et dévastatrices.



Autre bonne surprise, les trois récits sont assez équilibrés dans la durée (respectivement 29, 23 et 38 minutes). La dernière histoire est un véritable polar glauque, bourré d’humour noir (« faute avouée n’est pas pardonnée », dit un type à un traître sur le point d’être occis), avec des personnages hauts en couleurs (l’un d’entre eux joue au yo-yo) que l’on croirait sortis d’une bande-dessinée. D’ailleurs, par son côté sadique et politiquement incorrect, ainsi que sa musique pop/jazzy ancrée dans les sixties, ce troisième sketch possède une ambiance rappelant celle des fumetti. De plus, Teruo Yoshida (encore lui) joue un personnage trouble et ambigu, très proche du héros de « Yojimbo », ou de celui (évidemment) de « Pour une poignée de dollars ». Si l’on retrouve donc, encore une fois, l’un des acteurs fétiches de Teruo Ishii, le reste du casting est néanmoins constitué de nouveaux visages. Parmi eux, figure Bunta Sugawara, qui sera quant à lui un acteur attitré de Kinji Fukasaku, jouant notamment dans « Police contre syndicat du crime », « Combat sans code d’honneur », « Guerre des gangs à Okinawa » et « Okita le pourfendeur ».



En résumé, « La loi yakuza » s’avère un film parfaitement homogène bien que traversant trois époques distinctes, et dont les trois sketchs sont réussis, ce qui n’a pas toujours été le cas chez le cinéaste, loin s’en faut. Le rythme est omniprésent, et la variété des décors permet au film de ne jamais s’essouffler. Action non stop, donc, et du gore à go-go. Le sang gicle à gros bouillons, l’image est comme toujours somptueuse (Ishii possède vraiment une science inouïe du cadrage), et les personnages sont particulièrement typés. Si les femmes sont exceptionnellement en retrait, elles ne sont pas, pour une fois, malmenées (sauf une qui finit noyée dans du goudron chaud avec son amant). Bref, « La loi yakuza » est peut-être le meilleur opus de la série des « Joys of Torture ».

Note : 8/10



Fiche DVD



La loi yakuza – HK Vidéo

Région : Zone 2 PAL

Editeur : HK Vidéo
Pays : France

Sortie film : 1969 (inédit en France)
Sortie dvd : 30 septembre 2009

Durée : 92 minutes
Image : 2.35 – 16/9 compatible 4/3
Audio : mono

Langue : japonais
Sous-titres : français (imposés)

Bonus :
- bande-annonce originale sous-titrée (3 min 02)
- bandes-annonces de l’éditeur (« L’enfer des tortures », « Orgies sadiques de l’ère Edo », « Déviances et passions », « Femmes criminelles », « Vierges pour le shogun », « Sex and Zen », « Lady Vengeance », « Blood Rain »)
- fac similé de l’affiche originale



Commentaire : « La loi yakuza » n’était jusque là disponible en DVD que par le biais de l’éditeur néerlandais Japan Shock. Désormais épuisée, cette édition s’avérait assez médiocre, avec des couleurs passablement délavées, une image manquant de netteté et des contrastes presque désastreux. L’édition de HK gomme tous ces défauts, haut la main, proposant comme pour les titres antérieurs de la collection vouée à Teruo Ishii un transfert remasterisé d’après une copie neuve tirée du négatif original. Voilà donc l’occasion idéale de découvrir une autre œuvre du réalisateur jusque là inédite en France, et ce dans les meilleures conditions.



Pas de surprises en ce qui concerne les bonus, avec au menu la bande-annonce originale du film, et une sélection de huit titres choisis dans le catalogue de l’éditeur, avec là encore quelques variantes. Au regard du premier volume de « Femmes criminelles », ce deuxième coffret, qui conclut la série « Joys of Torture » de la période 1968/69, comporte trois films très distincts les uns des autres (contrairement à l’autre). Cette disparité est importante, dans la mesure où elle permet de découvrir différentes facettes du travail de Teruo Ishii. On peut, de ce fait, trouver ce deuxième coffret plus intéressant que le premier.



Note : 9,5/10
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
mallox
Super héros Toxic
Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006
Messages: 13982
Localisation: Vendée franco-française

MessagePosté le: Mar Déc 15, 2009 2:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un chouette de film, c'est tout ce que j'ai à en dire car rien à rajouter à la critique de Flint. La scène de concassage du type dans la voiture, c'est quelque chose ! Il règne en effet une véritable ambiance fumetti dans le dernier opus. Peut-être le plus complet/abouti (le plus stylisé?) des trois même si les deux premières parties sont bonnes elles aussi. chouette musique également. Vivement recommandé !

Téléramox.

chrétins média : pour adultes seulement (et encore).
_________________


Dernière édition par mallox le Mer Déc 16, 2009 8:11 am; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Camif
99 % irradié
99 % irradié


Inscrit le: 16 Mai 2008
Messages: 1560
Localisation: Délocalisation

MessagePosté le: Mar Déc 15, 2009 7:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pas vu mais la critique donne envie. D'ailleurs je ne savais même pas que ce film était sorti de par chez nous :timide:
_________________
"Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer un e-mail
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Psychovision.net Index du Forum :: Autres genres Toutes les heures sont au format GMT
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum




Powered by phpBB © 2001, 2002 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com Charcoal2 Theme © Zarron Media