[M] [Critique] L'orgie des vampires

 
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flint
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MessagePosté le: Sam Juin 02, 2012 5:13 pm    Sujet du message: [M] [Critique] L'orgie des vampires Répondre en citant



L’orgie des vampires

Titre original : Il mostro dell’opera

Genre : Gothique, Vampirisme, Horreur, Comédie musicale, Women In Theatre

Année : 1961

Pays d’origine : Italie

Réalisateur : Renato Polselli

Casting : Giuseppe Addobbati, Marco Mariani, Barbara Howard, Alberto Archetti, Carla Cavalli, Milena Vukotic, Renato Montalbano…

Aka : Il vampiro dell’opera/The Vampire of the Opera



Voici plusieurs siècles, le vampire Stefano fut trahi par la femme qu’il aimait, Laura, qui avait des pouvoirs de médium. Il demeura confiné dans les ténèbres, sous un lieu où un théâtre fut construit bien des années plus tard. C’est dans cet étrange endroit, à présent désaffecté, que le directeur d’une petite troupe artistique, Sandro (Jimmy dans la VF), décide de répéter et mettre au point son futur spectacle. Cette décision ne plaît pas au gardien du théâtre, Achille, qui connaît l’histoire du vampire Stefano. Achille tente de convaincre Sandro de renoncer à son projet, s’appuyant sur des coupures de presse narrant les étranges disparitions qui se produisirent en cet endroit depuis sa construction. En vain, Sandro ne croit pas le gardien et la troupe investit les lieux. Parmi les actrices et danseuses il y a Giulia (Lili dans la VF), la meneuse de revue et aussi la fiancée de Sandro. Par le plus grand des hasards, Giulia est le portrait craché de Laura. A moins que… Bientôt, la belle artiste ressent un malaise en évoluant dans ce décor. Serait-elle la réincarnation du médium ? Et sera-t-elle la prochaine proie du vampire, dont les précédentes victimes, vampirisées, demeurent prisonnières dans les souterrains du théâtre ?



Après le très sérieux « Les Vampires » de Freda et Bava (1957), l’Italie commence à produire quelques œuvres beaucoup plus légères dans le créneau horrifique à tendance gothique. Cela débute en 1960 avec deux films à la trame similaire, dans lesquels une troupe de danseuses échoue dans un château (ou près de celui-ci) qui se trouve être le repaire d’un vampire. Il s’agit de « L’amante del vampiro » de Renato Polselli et « Des filles pour un vampire » de Piero Regnoli. Jolies filles, tenues légères, érotisme désuet sont de la partie, le tout dans une ambiance de film d’horreur très kitsch.
L’année suivante, Polselli remet le couvert avec « Il mostro dell’opera », qui ne se passe pas dans un opéra mais seulement dans les coulisses d’un modeste théâtre. Cependant, les quelques références du film au Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux expliquent en partie le choix du titre. Un titre qui deviendra de façon exagérée « L’orgie des vampires » pour sa sortie française particulièrement tardive, le film étant brièvement exploité dans notre pays en juillet 1969. D’orgie, soyons clair, il n’y en a point ; tout au plus peut-on voir quelques scènes suggestives dans lesquelles des jeunes filles se frôlent et se trémoussent lors d’une tentative maladroite de plaisirs saphiques. Mais c’est déjà osé pour l’époque. On considère généralement que « Il mostro dell’opera » a été réalisé en 1964 (l’année de sa sortie en Italie). En fait, il fut bien tourné en 1961 (comme spécifié dans l’ouvrage « Spaghetti Nightmares » de Luca Palmerini et Gaetano Mistretta, et confirmé par Alain Petit dans le bonus du dvd Artus, voir fiche dvd).



Par rapport à « L’amante del vampiro », « L’orgie des vampires » présente évidemment quelques similitudes, essentiellement dans le fond. La trame principale est encore celle d’une troupe artistique prisonnière dans un lieu où sévit un méchant vampire. Et là encore, de ravissantes demoiselles en petites nuisettes vont être menacées. Cependant, si l’idée de base reste dans l’esprit des deux œuvres précitées, la forme n’en est pas moins différente dans « L’orgie des vampires ». Dans celui-ci, on note un style plus décousu, et une volonté délibérée de la part de l’auteur de noyer le spectateur dans une certaine confusion. Le montage, au rythme irrégulier, saccadé, cumulé au jeu excessif d’une partie des acteurs, conduit à une sorte de délire dont le point d’orgue est la scène d’hystérie collective qui gagne la troupe vers la fin du métrage. En cela, même si au final le film est loin d’atteindre des sommets en termes de qualité, il a le mérite de préfigurer ce qui deviendra le « style Polselli », à savoir un cocktail composé de folie, de démesure et de désordre scénaristique total. Cette « patte », Polselli la peaufinera pour la conduire à son apogée lors de la décennie suivante, avec des films comme « Au-delà du désir » ou « The Reincarnation of Isabel ». D’une certaine manière, donc, on peut considérer « L’orgie des vampires » comme le premier film réellement « polsellien ».



Dans cette entreprise, le réalisateur s’est également collé au scénario (pas étonnant au vu du résultat), avec la complicité de l’inévitable Ernesto Gastaldi (déjà présent dans le précédent Polselli) qui participera à l’écriture d’authentiques classiques du gothique, parmi lesquels « L’effroyable secret du Dr Hichcock », « La vierge de Nuremberg », « La crypte du vampire » ou encore « La sorcière sanglante », avant de se spécialiser avec maestria dans le giallo. La musique est quant à elle signée par un autre spécialiste du genre, Aldo Piga, puisque le compositeur aura signé les partitions de « L’amante del vampiro », « Des filles pour un vampire », ainsi que « Le massacre des vampires », de Roberto Mauri. Un véritable spécialiste des morts-vivants aux dents (très) pointues. On notera également deux autres noms familiers du cinéma bis au sein de cette production : Demofilo Fidani (« Karzan, le maître de la jungle », « Caresses à domicile ») en tant que responsable des décors ; et Oscar Brazzi au titre de producteur délégué. Pour ceux qui ne le sauraient pas, Oscar Brazzi a produit également le mémorable « Château de Frankenstein » (« Il castello delle donne maledette »), l’un des derniers fleurons du gothique à la sauce grand-guignol.



Le casting est par contre beaucoup moins reluisant. L’actrice principale qui incarne Giulia, Barbara Howard, ne poursuivra pas sa carrière au cinéma, au même titre que bon nombre des protagonistes de la fameuse troupe d’artistes qui nous gratifient de numéros presque comiques, depuis les danseurs en tenue de Kriminal jusqu’aux demoiselles exécutant toutes sortes de danses de façon peu académique, qu’il s’agisse de pavane ou de cabaret.
Giuseppe Addobbati, dans la peau du vampire passant son temps à ricaner, montrer ses ratiches et terroriser ses victimes avec une fourche de paysan, a joué dans quelques péplums (notamment des Maciste), ainsi que dans deux films majeurs de Lucio Fulci : « Le temps du massacre » et « La machination ». Sandro, le directeur de la troupe, est interprété par Marco Mariani, aperçu dans les sympathiques « Le manoir maudit » et « La morte ha sorriso all’assassino ». A part cela, relevons la présence de Milena Vukotic, qui tournera en maintes occasions pour Bunuel, et de Renato Montalbano, second couteau récurrent du cinéma de genre italien (« La révolte des Prétoriens », « Opération Goldman »).



Vous l’aurez compris, « Il mostro dell’opera » n’est pas une œuvre remarquable, loin s’en faut. Malgré ses emprunts au Fantôme de l’Opéra et aussi au Portrait de Dorian Gray (un tableau de Stefano le vampire, caché dans un entrepôt, possède des propriétés magiques), le métrage de Polselli est une œuvre sans prétention, dans la lignée des films gothiques « légers » tournés à cette époque. Passé le cap d’une première partie un peu trop bavarde, où l’on passe en revue les membres de la troupe, avec différentes intrigues amoureuses sans intérêt, le film décolle vraiment vers la quarante-cinquième minute, lorsque Stefano entre en jeu. On l’aura vu auparavant dans un superbe teaser, une scène onirique de toute beauté dans laquelle l’héroïne fait un cauchemar. Dommage que la suite ne soit pas d’un niveau équivalent, du moins jusqu’à la seconde moitié où Polselli se lâche vraiment. Les fans du réalisateur seront ravis, les autres risquent par contre d’être plutôt décontenancés. Mais reconnaissons que les décors sont bien exploités, et le travail sur la photographie, les cadrages, donne entière satisfaction (le teaser, mais aussi le flashback). Bref, voilà une vraie curiosité, qui donne un avant-goût des futurs travaux de Maître Polselli, qui justifieront sa réputation de cinéaste de l’extrême dans le domaine de l’exploitation.




Fiche dvd -



L’orgie des vampires – Artus Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 23 juillet 1969 (France)
Sortie dvd : 5 juin 2012

Durée : 80 min.
Image : 1.66:1 original (16/9e compatible 4/3)
Audio : mono

Langues : français, italien
Sous-titres : français, anglais

Bonus :
- « Polselli et les vampires », par Alain Petit (25 min. 35 sec.)
- Diaporama d’affiches et de photos d’exploitation
- Bandes-annonces de l’éditeur consacrées à la collection Les chefs d’œuvre du gothique



Commentaire : C’est peu dire que « L’orgie des vampires » est une rareté, vu que la sortie de ce film en dvd est une première mondiale. Artus Films a mis en l’occurrence les petits plats dans les grands. Soucieux de cette exclusivité, l’éditeur n’a pas manqué de faire plaisir non seulement au public francophone mais aussi aux fans italiens en proposant la version originale. Et comme la clientèle anglo-saxonne est loin d’être négligeable, des sous-titres anglais sont également disponibles.
Dans un souci de proposer la version complète du film de Polselli, Artus a dû composer avec une copie française 35 mm de bonne qualité (la source provenant d’un collectionneur français) et une copie italienne par contre médiocre (originaire d’une VHS fatiguée). Au final, cela donne environ soixante-cinq minutes pour la première source, sur quatre-vingt minutes de métrage. De ce fait, opter pour le visionnage du film dans sa version française peut s’avérer déstabilisant pour trois raisons : d’une part on passe brusquement du français à l’italien de façon répétée (sachant que les passages provenant de la copie italienne sont essentiellement situés dans la première partie) ; d’autre part la majeure partie des personnages ont des prénoms différents selon la version. Si l’on rajoute la troisième raison (présente par la force des choses dans la VF et la VOSTF), à savoir une différence de qualité dans chacune des copies, le spectateur a de quoi être dérouté (sans tenir compte du style décousu régnant tout au long du film).



Pour être précis, les passages en italien proposent un noir et blanc beaucoup plus contrasté et moins net en ce qui concerne l’image, et un son plus aigu, presque saturé. Le noir et blanc du master français est bien mieux dosé, et le son mieux réglé, avec une image bien plus nette. En dehors de cela, l’image est dans l’ensemble satisfaisante pour les soixante et quelques minutes de la VF. Tout juste pourra-t-on remarquer, par intermittences, de légères griffures et scories (18e et 42e minutes) sans incidence majeure. Au final, en optant pour les raisons évoquées plus haut le visionnage de « L’orgie des vampires » dans sa version italienne sous-titrée en français, le résultat demeure satisfaisant. Il convient d’être indulgent avec l’éditeur, qui a dû se livrer à un travail minutieux pour intégrer chaque passage qui manquait dans la version française pour aboutir à la version complète du film.



Une fois n’est pas coutume, le bonus intitulé « Polselli et les vampires » permet de retrouver un habitué que l’on écoute toujours avec intérêt, Alain Petit. L’historien du cinéma revient sur la genèse de « L’orgie des vampires », qu’il estime à juste titre avoir été tourné en 1961 (et non 1964), à la suite de « L’amante del vampiro ». Alain Petit précise d’ailleurs qu’un roman-photo de « Il mostro dell’opera » avait été publié dès 1962, justifiant donc cette hypothèse. L’absence d’un financement de la production expliquerait que le film ne sortit qu’en 1964.
Le spécialiste du cinéma de genre évoque ensuite la carrière du réalisateur, puis de certains membres de l’équipe de tournage, sans oublier le casting.
Enfin, Alain Petit a glissé une petite phrase peut-être annonciatrice d’une bonne nouvelle pour les amateurs de cinéma gothique italien. Evoquant « Le cimetière des morts-vivants » de Massimo Pupillo (« Cinque tombe per un medium »), il a conclu en disant qu’on y reviendrait plus tard… De là à penser que Artus est sur le coup pour une future sortie dvd de ce film, il n’y a qu’un pas… Souhaitons alors que l’éditeur soit en mesure de concrétiser ce projet.

Note : 7,5/10




Comparatif des versions française et italienne -

Voici trois exemples montrant, lors d'une même scène, la différence entre la copie française et la copie italienne, utilisées toutes deux par Artus Films pour obtenir la version complète du film, sachant que la VF, de meilleure qualité, n'excédait pas soixante-cinq minutes :


version italienne


version française


version italienne


version française


version italienne


version française
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Valor
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MessagePosté le: Sam Juin 02, 2012 5:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Flint et bravo à Artus pour cette rareté ! Vivement « Cimetière pour morts-vivants » !

C’est vrai que dans mon souvenir, ce film est effectivement très « kitsch » et « désuet ». Je crois que le summum est atteint à la fin quand les filles essayent de s’enfuir tout en dansant pour détourner l’attention du vampire !

Au fait, tu sais pourquoi la VF était coupée ? Les scènes inédites sont-elles plus sexy ou violentes que le reste du film ?

:monster:
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flint
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MessagePosté le: Sam Juin 02, 2012 8:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Non, les scènes coupées dans la VF concernent uniquement des dialogues, situées à 95 % dans la première partie, soit avant l'arrivée du vampire à la 45e minute. Après, la seule scène raccourcie se passe lors du flashback avec le vampire Stefano et Laura le médium, censée se passer au Moyen-Age.
Aucun passage sexy ou violent n'a été coupé dans la VF, mais essentiellement des scénettes de danse, d'intrigues amoureuses, des scènes censées être humoristiques, de présentation des membres de la troupe. Il s'agit en majorité de scènes qui ont été raccourcies plutôt que supprimées.

Sinon, pourquoi la VF a été tronquée ? Je l'ignore, mais je pense que c'était dans le but de proposer une version allant à l'essentiel pour satisfaire le spectateur : du sexy et de l'horreur. Peut-être parce que le film n'est sorti qu'en 1969, et qu'à l'époque, en matière d'érotisme et d'horreur, le cinéma avait grandement évolué. Dans sa version initiale, "L'orgie des vampires" aurait peut-être sorti les spectateurs des salles précipitamment !
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Throma
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MessagePosté le: Sam Avr 12, 2014 2:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est... horripilant.
80 minutes de danseurs gigotants, de piaillements hystériques et de bleuettes affligeantes.
On y croit pourtant un peu au début avec cette ouverture "cauchemardesque" où une nana est traquée par le vampire sur une cacophonie angoissante.
Sentiment qui ne dure que trois minutes. Ensuite c'est place à l'ennui effroyable avec tous ces guignols échappés d'un cabaret.

Finalement, comme le dit très justement Alain Petit dans le bonus; on décèle bien vite la patte "Polsellienne", avec ce goût prononcé pour le music-hall et cette hystérie permanente.
Je pensais qu'il avait atteint le pinacle du navet avec son très douloureux "Reincarnation of Isabel" mais après avoir vu cette nouvelle daube je sais plus trop.
_________________
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