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Bigbonn Psycho-cop
Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Sam Mai 05, 2012 8:37 pm Sujet du message: [M] [Critique] Harakiri |
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Fiche dvd -
Harakiri – Carlotta
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Carlotta
Pays : France
Sortie dvd : 9 mai 2012.
Durée du film: 127 minutes.
Image : format 2.40 respecté. 16/9 compatible 4/3. Noir et blanc.
Audio : version originale.
Sous-titres : français.
Bonus :
- De l’art de bien mourir (7 minutes).
- Entretien avec Christophe Gans (30 minutes).
- Bande-annonce du film.
Commentaire : Excellente initiative que de nous offrir ce superbe film de Masaki Kobayashi dans une édition de grande qualité (nouveau master restauré). L’occasion de découvrir ou de redécouvrir cette perle noire du chambara tournant autour du suicide ritualisé des samouraïs et de la violence de cette ère féodale pacifiée mais encore très cruelle. La photographie en noir et blanc magnifie le jeu des acteurs, tous impeccables, Tatsuya Nakadai en tête (Goyokin) suivi de très près par Tetsuro Tamba (Trois samouraïs hors-la-loi ) ou Masao Mishima (Rébellion).
Dans « De l’art de bien mourir », Claire-Akiko Brisset (maître de conférences à Paris 7 – Diderot) revient sur la période historique durant laquelle se déroule le film et en particulier sur la féodalité et la division en 4 castes de la société japonaise : les guerriers, les paysans, les artisans et les marchands. Court et limpide, cet exposé remet en contexte le seppuku (familiarisé chez nous sous le terme d’harakiri), la vie des samouraïs et des ronins et le bushido. Didactique dans le bon sens du terme, c’est un condensé d’informations tout à fait éclairant et très bien illustré.
Christophe Gans ( Le pacte des loups mais aussi et surtout une passion très ancienne pour le cinéma asiatique) revient sur la carrière de Kobayashi et sur Harakiri. Il souligne la finesse d’écriture de cette histoire à flashbacks due au scénariste Shinobu Hashimoto (déjà à l’œuvre pour Rashomon, Les 7 samouraïs, Le sabre du mal) et la partition musicale si particulière mais toujours pertinente de Toru Takemitsu (Kwaidan). L’occasion aussi de placer Harakiri parmi les chefs-d’œuvre du cinéma japonais et de mettre le cinéaste nippon au niveau de Stanley Kubrick. Très pertinentes également, ses remarques sur ces longs moments sans action mais d’une redoutable tension qui nous cloue au fauteuil, sur la cruauté qui est dépeinte à l’écran (en particulier au cours d’une scène de seppuku très éprouvante), la beauté des images et ce crescendo vers un final très réussi.
Bref, très belle édition pour ce film qui le mérite amplement et qui offre plusieurs niveaux de lecture. A voir et à revoir, donc.
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The Hard 99 % irradié
Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 6:07 am Sujet du message: [C]Critique |
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Hara-Kiri (1962)
Seppuku (titre original)
Origine : Japon
Genre : Chambara
Réalisé par Masaki Kobayashi
Avec Tatsuya Nakadai, Rentaro Mikuni, Shima Iwashita, Akira Ishihama,…
Tsugomo, un ronin ruiné et sans travail, se présente à la cour du clan Lyi pour se suicider selon la tradition du seppuku. Tout au long de ses explications, la véritable raison de sa présence s'impose, transformant peu à peu la stupéfaction de ses auditeurs, si stoïques, en une incontrôlable colère.
"En France nous avions les Mousquetaires qui ne manquaient pas de travail. Là-bas [au Japon], c’était les samouraïs qui connaissaient le chômage et la misère… Une noblesse de ton, d’une pureté et d’une sobriété… Seulement attention, c’est du cinéma japonais, c’est-à-dire que le rythme est lent, avec un jeu étudié." - Le Canard enchaîné, le 31 juillet 1963.
1962, Kobayashi vient de consacrer trois ans de sa vie (1959 à 1961) à la réalisation d'une fresque humaniste telle que le cinéma en possède peu : “La condition de l'homme”, pellicule de près de neuf heures, exploitée à sa sortie en trois parties. Dans un souci cathartique, ses fondements scénaristiques ont été ses expériences et souvenirs de la seconde guerre mondiale, durant laquelle il fut fait prisonnier un an à Okinawa par l'armée américaine. Désormais, cela fait près de deux ans que le traité signé entre le Japon et les USA a été reconduit, la politique de ces derniers agissant comme un voile sur la production cinématographique. La naissance d'un cinéma que l'on pourrait dire "de genre" ("Godzilla" d'Ishirô Honda en tête de file) incarne dès lors le réceptacle des révoltes et autres réflexions de la génération en cours.
Équipé de son solide savoir philosophique, Kobayashi médite alors sur le Japon et ses traditions, notamment le code Bushido, colonne vertébrale des samouraïs et, par extension, sur la hiérarchie militaire. "Hara-kiri", sous ses aspects de chambara classieux et millimétré, semble avoir été pensé comme un poème antimilitariste et humaniste, deux sujets chers à Kobayashi, faisant donc écho au traitement de “La condition de l'homme” et au futur “Rébellion” qu'il réalisera avec le même acteur principal : Tatsuya Nakadai. Le regard de ce dernier apporte d'ailleurs à "Hara-Kiri" une dose d'expressionnisme peu courante dans le paysage cinématographique nippon et fait du personnage une "exception", tant par les idées que son personnage incarne que par sa valeur narrative.
Au scénario, l'on retrouve Shinobu Hashimoto, scénariste sur "Rashomon" et "Le Château de l'araignée" d'Akira Kurosawa. En adaptant le roman de Yasuhiko Takiguchi, il ajoute à celui-ci l'idée du flash-back, faisant de la confrontation des temporalités le cœur même du film ; à la manière de “Rashomon” qui, 12 ans plutôt, multipliait les temporalités et démontrait la capacité du cinéma à raconter une histoire non linéaire. Ici, le spectateur est amené, soit à nier les propos de Kobayashi, soit à épouser un antimilitarisme aussi acéré que la lame de Tsugomo. Et c'est cette liberté de ton, si travaillée par la tension des plans de Kobayashi, empêchant le regard de s'en détourner, qui provoque l'humain, qui provoque Tsugomo.
“Hara-Kiri” fait s'épouser le fond, la forme et le spectateur, les trois s'alliant en une rare réflexion sur le point de vue au cinéma. À la rudesse du présent est opposée la vérité du passé, une lame seule pouvant trancher : celle du spectateur. Rarement ce dernier n'aura été aussi libre de choisir son camp. Rarement l'enjeu d'un combat sabré n'aura été aussi important dans le cinéma Japonais. Et aux deux extrémités du film, l'armure d'apparat du clan Lyi : coquille vide, expression ironique du réalisateur vis à vis des traditions militaires et du code Bushido. À la manière d'un chorégraphe, il aura mené son ballet avec la précision d'un homme muet soucieux de se faire entendre dans un système où les artistes ne peuvent pas encore totalement s'exprimer.
Cet "Hara-Kiri" est un film que le temps peine à vieillir, et c'est tant mieux.
Notons que Takshi Miike a relevé le défi fou de revisiter ce film l'an dernier, et qu'il en est plutôt sorti vainqueur : la couleur (et la 3D dans une moindre mesure) apportant un certain relief au film. Mais c'est encore une autre histoire.
Dernière édition par The Hard le Mar Juin 12, 2012 6:23 am; édité 1 fois |
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The Hard 99 % irradié
Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 6:09 am Sujet du message: |
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Ce n'est pas mon plus beau torchon. Si certains veulent l'étayer (notamment Bigbonn), qu'ils n'hésitent pas
Ce sera bon pour la publication du 22 là, non ? |
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mallox Super héros Toxic
Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 6:15 am Sujet du message: |
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The Hard a écrit: | Ce sera bon pour la publication du 22 là, non ? |
ça va juste obliger Flint à speeder pour la correction lorsqu'il rentrera, et de mon côté je pourrais pas la programmer en ligne tant que cette correction ne sera pas faite, ce qui ne m'arrange pas du tout. Bref, c'est parfait !
Par contre ce sera pas bon avec la date de sortie du dvd : 9 mai 2012. C'était demain ! _________________
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sigtuna Super héros Toxic
Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 6:33 am Sujet du message: |
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ça valait le coup d'attendre. _________________
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Valor Psycho-cop
Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 7:17 am Sujet du message: |
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mallox a écrit: | ça va juste obliger Flint à speeder pour la correction lorsqu'il rentrera |
Je la corrige ce soir...
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mallox Super héros Toxic
Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 7:39 am Sujet du message: |
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Valor a écrit: | mallox a écrit: | ça va juste obliger Flint à speeder pour la correction lorsqu'il rentrera |
Je la corrige ce soir...
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Je le savais !
(Bien joué moi-même ! )
Sinon je n'ai pas revu ce film découvert il y a une douzaine d'années sur le câble, je me souviens d'un véritable jeu de cons autour du code de l'honneur ici mis à mal, d'une mise en scène efficace, très cadrée et très carrée, parfois un brin monastique et dont le principal défaut était un zeste de rigidité en trop qui l'empêchait de respirer pleinement. Ceci étant, très bon souvenir global.
Pour pinailler encore un peu et contester la suprématie de Masaki Kobayashi au sein de l'histoire du chanbara, je dirais que j'en garde aussi le souvenir d'un film un peu lourd aussi à force d'asséner un discours bien développé mais vite capté. C'est vrai cependant que les joutes prennent un dimension nouvelle, à l'époque tout du moins.
Pour finir, je conseille à tous ici, si ce n'est déjà fait, de voir son "Kwaïdan" tourné juste après (Bigbonn, logiquement, tu dois avoir ça en réserve) qui est quant à lui une réussite absolue dans le domaine du film fantastique et sans doute l'un des tout meilleur film à sketches de toutes l'histoire du cinéma. ça dure plus de 3h mais c'est palpitant. _________________
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Bigbonn Psycho-cop
Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 4:27 pm Sujet du message: |
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The Hard a écrit: | Ce n'est pas mon plus beau torchon. Si certains veulent l'étayer (notamment Bigbonn), qu'ils n'hésitent pas |
super! je fais ça pour mardi en 8 maxi!
(enfin, si j'ai le temps, sinon ce sera pour mardi en 15, ou en 21, va savoir! ) |
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Valor Psycho-cop
Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Mar Juin 12, 2012 8:09 pm Sujet du message: |
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The Hard a écrit: | Ce n'est pas mon plus beau torchon. Si certains veulent l'étayer (notamment Bigbonn), qu'ils n'hésitent pas |
Une analyse vraiment pointue ! Bravo !
Par contre, on n'a pas beaucoup de détails sur l'histoire... |
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