Inspiré des contes fantastiques de Pu Songling qu'on trouve dans les Contes étranges du studio du bavard, ce premier tome des Contes du boudoir hanté nous adapte donc l'une des histoires, pleine de fantômes et de romances, de ce recueil en bande-dessinée et pour cela, Delcourt et Jean-David Morvan, directeur de la collection Ex-Libris, ont logiquement fait appel à une illustratrice d'origine chinoise, Yishan Li.
Gian et Nie sont deux jeunes et jolies femmes, ou plutôt deux jeunes et jolis fantômes, qui attirent les hommes pour que leur cruelle maîtresse se nourrisse de leur sang. Un beau jour, elles croisent un beau jeune homme qui ne va pas laisser Nie indifférente, mais leur maîtresse va sentir l'odeur de celui-ci et va demander à ses deux fantômes de le ramener à leur demeure pour qu'elle puisse d'en repaître...
L'adaptation d'un conte classique chinois, une histoire de fantômes et d'amour, la Chine du XVII siècle, voilà une oeuvre qui avait tout pour séduire le psychovisionaute, ou en tout cas, pas mal d'argument pour lui plaire, mais hélas, trois fois hélas, mille fois hélas, il n'en est rien. Pour lire une bonnes Bandes Dessinées mélangeant Asie et fantastique, il vaut mieux aller relire "La légende des Nuées écarlates" ou "Kwaidan". Ce conte aurait aussi bien pu se dérouler en Europe que ça n'aurait pas changé grand-chose à l'histoire.
Après une séquence classique nous montrant les deux jeunes femmes fantômes utilisant leur charmes pour attirer la future victime, le récit peut continuer de manière tout aussi classique avec la rencontre entre les héroïnes et le jeune héros qui va tomber sous le charme de l'une d'elle. Puis, la maitresse va vouloir le manger et il va falloir lutter pour la survie du jeune homme et trouvé un moyen de détruire la harpie. Bref, tout est prévisible dans ce récit et le seul rebondissement qui ne l'est pas tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.
La narration souffre aussi de gros problèmes aussi, ainsi les premières pages nous propose un tiers comme narrateur de l'histoire puis, sans prévenir et sans raison, c'est Ning Caichen, notre jeune amoureux, qui prend le relais, sans raison vraiment valable. De plus, les personnalités des personnages sont vraiment légères quand elles sont traitées. Ce qui n'aide pas vraiment à rester dans cette histoire qui se révèle de moins en moins passionnante au fur et à mesure qu'elle progresse
Et, peut-être le plus gênant, le graphisme est complètement statique, ne possède aucun sens du mouvement, mais surtout, fait trop européen. Certes, les trais des personnages, les décors et les décors renvoie bien à l'Asie, mais tout dans le découpage et les couleurs nous rappelle qu'on lit un album de BD Franco Belge, comme si toute références à la Chine devait être bannie de ces contes du boudoir européen.
Une fois n'est heureusement pas coutume, Delcourt nous offre un album décevant qui semble hésiter entre ses origines et sa destination un album qui se révèle bien trop européen par rapport à ses origines, semblant vouloir éviter tout ce qui pourrait renvoyer à la Chine alors que l'histoire même si déroule. En gros, une BD qui passe complètement à côté du dépaysement qu'elle aurait pu provoquer et c'est bien dommage.
Note : 4/10
Stegg
A propos de cette BD :
- Site de Yishan Li : http://liyishan.com/index.php
- Site de l'éditeur : http://www.editions-delcourt.fr/