Casa della paura, La
Genre: Giallo
Année: 1973
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: William L. Rose
Casting:
Daniela Giordano, Raf Vallone, Angelo Infanti, Giovanna Galletti, John Scanlon, Rosalba Neri, Karin Schubert, Brad Harris...
Aka: Girl in Room 2A
 

Margaret Bradley sort de prison. Cette jeune et jolie femme, un peu paumée, doit se rendre à la Maison Grant, une sorte de pension de famille. C'est Alicia Songbird, une assistante sociale, qui est chargée de sa réhabilitation dans la vie courante et lui a trouvé cette adresse. La demeure appartient à Madame Grant, une veuve qui vit avec son fils, Frank. Autant celui-ci semble particulièrement timide et introverti, autant sa mère apparaît comme une "femme-araignée", une personne autoritaire, et envahissante. La Maison Grant est une bâtisse austère, comportant plusieurs étages, avec de sombres couloirs donnant au lieu un aspect sinistre. L'impression de malaise qui se dégage de l'endroit est de plus accentuée par les étranges personnages venant rendre visite à la famille Grant. Parmi eux, un dénommé Dreese, qui semble exercer une forte influence sur Frank. Très vite, Margaret se sent mal à l'aise dans la chambre qu'on lui a attribuée. D'abord, elle découvre une tâche rouge sous un tapis ressemblant à du sang. Puis, elle entend des pas dans le couloir, et aperçoit des ombres s'arrêtant devant sa porte. Et enfin, en pleine nuit, trois personnes s'introduisent dans sa chambre, dont une vêtue d'un costume et d'un masque rouges, à l'aspect particulièrement terrifiant. Lorsqu'elle se réveille, Margaret est à nouveau seule. A-t-elle rêvée ? A-t-elle été droguée ? Devient-elle folle ?

 

 

La jeune femme est en proie au doute, d'autant plus que l'épreuve de la prison l'a terriblement fragilisée. C'est alors que sa route croise celle de Jack, dont la soeur fréquentait le même établissement que Margaret, et la même chambre (la 2A). La sœur de Jack a été retrouvée morte dans les environs. Bien qu'atrocement mutilée, la police s'est empressée de fermer le dossier et de conclure à un suicide ; alors que pour Jack le crime ne fait aucun doute. Avec Margaret, ils commencent à enquêter sur les circonstances de la mort de la sœur de Jack. Ils apprennent que d'autres filles ont fréquenté auparavant la Maison Grant, et toutes présentaient le point commun d'être des personnes fragiles, émotives et instables. Le duo retrouve la trace de l'une de ces filles, Sarah, dans un hôpital psychiatrique. Devenue folle à la suite d'un traumatisme indéterminé, elle est incapable de parler. Mais Margaret remarque des dessins accrochés au mur, mettant en scène des situations qui ressemblent en tous points aux cauchemars qu'elle a fait durant la première nuit. Sur une esquisse figure même l'étrange bourreau vêtu de rouge...

 

 

Curieux film que cette "Maison de la peur". Après une ouverture magistrale où l'on voit une femme kidnappée et conduite dans un lieu étrange, attachée nue avant d'être transpercée par une pointe sortant d'un mur, l'histoire perd très vite de son intensité, dans un désir évident de privilégier un climat de tension. Du coup, l'action est intermittente, trop rare, et finit par contre de façon presque hystérique dans le dernier quart d'heure. Un déchainement de violence un rien confus, accompagné d'une musique pour le moins rocambolesque en total décalage avec les images. Girl in Room 2A est donc un film bancal, mais intéressant, et composé d'un casting relativement hétéroclite. Des acteurs quasiment inconnus croisent des stars du cinéma-bis, comme les superbes Daniela Giordano, Rosalba Neri et Karin Schubert. Angelo Infanti, qui tourna la même année dans Les Amazones, est également de la partie, ainsi que Brad Harris (Jungle 2000), venu essentiellement pour jouer des poings dans la dernière partie. Et puis, il y a Raf Vallone, que l'on ne s'attendait pas vraiment à trouver dans ce genre de production, et qui a certainement débarqué dans le film pour des raisons purement alimentaires.

 

 

Derrière la caméra se cache un certain Ramon Oliveros, plus connu pour avoir co-scénarisé Le Château de Frankenstein, une petite perle du cinéma Bis réalisée par Dick Randall. En réalité, Ramon Oliveros est un pseudonyme utilisé par un metteur en scène purement américain, le dénommé William Rose. Celui-ci est responsable de films à caractère érotique, des nudies tournés durant les années '60 comme "Rent a Girl" ou "Professor Lust".
Pour en revenir à La casa della paura, cette incursion de William Rose dans le giallo n'est pas franchement une réussite, mais comporte cependant des moments forts. Outre la scène d'ouverture, on retiendra les apparitions du bourreau évoquant fortement Des Vierges pour le bourreau de Massimo Pupillo, les scènes de flashbacks concernant l'évasion de Sarah et les circonstances de son emprisonnement dans les sous-sols d'un château reconvertis en salle des tortures, et un final grand-guignolesque où les meurtres s'enchaînent à un rythme effréné, avec comme apothéose la poursuite à pieds, en rase campagne, entre le héros et le bourreau masqué.

 

 

Dommage qu'entre ces scènes marquantes le reste ne soit pas à la hauteur, et que certains personnages soient particulièrement inconsistants, ou pas assez développés. Les motivations des criminels sont pour le moins évasives, sinon fumeuses, donnant au film un aspect presque plus proche du fantastique que du thriller, tellement il paraît irrationnel. Mais ne faisons pas la fine bouche pour autant, l'oeuvre n'en est pas moins savoureuse, à prendre au second degré. Notons aussi la présence de Mario Mancini à la photographie, celui-là même qui réalisera quelques années plus tard un Frankenstein 80 également atypique.

Les amateurs de bis regretteront de voir Rosalba Neri et Karin Schubert reléguées dans des seconds rôles, mais pourront se réjouir de la présence de la très jolie Daniela Giordano, qui partagera la vedette avec Paul Naschy dans "Inquisicion", en 1976. Pour autant qu'il s'agisse là d'une oeuvre inégale, La Maison de la peur possède néanmoins quelques attraits, et mérite que l'on s'y attarde, d'autant plus qu'il s'agit d'un film assez méconnu, et pourtant très représentatif du cinéma de genre des années 1970.

 

 

Flint
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