Chasseurs d'hommes
Titre original: Sexo canibal
Genre: Horreur
Année: 1980
Pays d'origine: France / Espagne / Allemagne
Réalisateur: Jess Franco (sous le pseudo Clifford Brown)
Casting:
Ursula Buchfellner, Al Cliver (Pier Luigi Conti), Antonio Mayans, Gisela Hahn, Muriel Montossé, Werner Pochath...
Aka: Chasseur de l'enfer / Devil Hunter / Jungfrau unter Kannibalen / Mandingo Manhunter
 

Laura Crawford, jolie, jeune et blonde (Ursula Buchfellner, quasiment dans son propre rôle), est la dernière starlette en vogue. Son manager, Robert Goldstein, la fait parader dans une station balnéaire. Une opération commerciale qui n'est qu'un début, puisque cette actrice sans talent (mais peu farouche) devrait rapporter un paquet de fric à Goldstein dans les années à venir. Mais, manque de bol, voilà que Miss Crawford est kidnappée dans sa chambre d'hôtel par un quatuor de malfrats. Les ravisseurs l'emmènent sur une île perdue au milieu de l'océan, avant de demander une rançon de six millions de dollars en échange de sa libération. Le producteur/manager fait alors appel à un professionnel, Peter Weston (Al Cliver), vétéran de la guerre du Vietnam. Sa mission consiste non seulement à ramener Laura, mais aussi la rançon, ce qui implique de faire la nique aux kidnappeurs, d'une manière ou d'une autre. Pour ce faire, Weston s'adjoint les services de son vieux pote Jack (Antonio Mayans), pilote d'hélicoptère, et qui lui aussi a fait le Vietnam (il en a d'ailleurs gardé quelques séquelles au point de vue psychologique).

Le tandem débarque donc sur l'île, ignorant (tout comme les ravisseurs) qu'un monstre cannibale sévit dans les parages, violant et se nourrissant de la chair de jeunes femmes ayant de préférence des formes généreuses.

 

 

Nous sommes au début des années 80, Jess Franco travaille toujours de manière occasionnelle avec la maison Eurociné. Marius Lesoeur n'étant pas du genre à louper les succès du moment, il demande donc au cinéaste prolifique (et peu coûteux) de réaliser deux films traitant du cannibalisme, étant donné le succès du "Cannibal Holocaust" de Ruggero Deodato. Il en résulte "Mondo cannibale", et "Chasseurs d'hommes". Ce dernier est le meilleur des deux, ce qui ne veut pas dire qu'il soit réussi pour autant. Il faut dire que Jess Franco n'apprécie pas vraiment les films de cannibales. Ce n'est pas son truc, mais comme il doit s'acquitter de cette commande, il fait pour le mieux. Et finalement "Chasseurs d'hommes" n'est pas si mal. Le teaser s'avère même original, alternant une double séquence avec d'un côté une indigène poursuivie par les membres de sa tribu, et de l'autre Laura Crawford en opération marketing dans les rues de la station balnéaire. La scène s'achève avec la capture de la fille, livrée en pâture à la créature, tandis qu'au même moment, à des centaines de kilomètres de là, la starlette pose sur une plage pour les photographes. La jungle primitive en opposition à la jungle urbaine, le parallèle est peut être facile mais efficace, d'autant plus qu'il n'y a pas le moindre dialogue, l'image seule focalise l'attention du spectateur.

 

 

Jess Franco ne se préoccupe pas de ménager quelque suspense à propos d'un éventuel double danger guettant les deux héros une fois sur l'île. La rapide présentation des quatre bandits composés d'un névrosé, un violeur, une voyeuse et un abruti est en effet sans équivoque ; on devine très vite que les kidnappeurs sont des loosers et que l'affrontement final opposera Weston à la créature. Puisqu'on en parle, celle-ci est unique dans les annales du film de cannibales. Il s'agit en fait d'un athlète noir (que Franco trouva dans un club de gymnastique), grand et baraqué, qui se promène durant tout le film complètement à poil, avec des semi-balles de ping-pong lui couvrant les yeux (hommage aux films psychotroniques des années 50 ?). Zigounette au vent, il va déambuler ainsi, poussant des cris dont l'écho se répercute curieusement dans toute l'île, tel un amplificateur de mauvaise qualité. Il est aussi le seul cannibale du film, puisque la peuplade qui le vénère (par crainte) ne mange pas de chair humaine. Pas de scènes de massacre d'animaux, non plus, merci Jess, du fond du coeur.

Néanmoins, le metteur en scène ne se prive pas de quelques scènes gore plus ou moins réussies (mais toujours sympathiques). Tête arrachée, type empalé dans une fosse à bambous, midinette éviscérée, la tripaille est au rendez-vous... Le sexe aussi, puisqu'en dehors du gros zizi du monstre on pourra surtout se rincer l'oeil sur la plastique impeccable d'Ursula Buchfellner, ex-playmate de Playboy qui a joué dans deux autres films de Jess Franco : "Sadomania" et "Linda".

 

 

Autre habituée du cinéaste durant cette période, Muriel Montossé exhibe également (un peu) son anatomie. Celle qui animera plus tard "La Classe" sur FR3 a joué une bonne demi-douzaine de fois pour le metteur en scène espagnol, sous le pseudonyme de Vicky Adams. Une troisième blonde est de la partie dans ce "Chasseurs d'Hommes", l'allemande Gisela Hahn, qui a eu une carrière assez chaotique, puisqu'elle débuta dans des krimis, puis tourna dans des films populaires comme "César et Rosalie", avant de se retrouver dans le bis ("Contamination").

Au rayon masculin, si l'on ne présente plus Antonio Mayans, compagnon fidèle de Jess Franco, ni Al Cliver, qui a écumé le cinéma de genre, tournant plusieurs fois pour Lucio Fulci, notamment, citons également la présence de Werner Pochath, le tueur inquiétant de "Bloodlust" ("Mosquito der Schänder"), et celle de Claude Boisson (alias Yul Sanders), le chauve incontournable d'Eurociné.

Si l'on pardonne aisément à Franco son détachement dans les scènes d'action, comme la parodie de catch lors du combat final (le must restant Al Cliver grimpant une falaise sans matériel dans un plan horizontal passant à la verticale, tel Adam West escaladant les murs dans le serial Batman), on ne sait pas ce qu'il a fabriqué avec sa caméra au niveau de la lumière, les contrastes étant particulièrement sombres une bonne partie du film, ou en alternance clair/obscur. A moins que Marius Lesoeur lui ait refilé pour le coup de la pellicule daubée, le diable en aurait été capable...

 


Note : 6,5/10

 

Flint
 
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