Survivants de la fin du monde, Les
Titre original: Damnation Alley
Genre: Science fiction
Année: 1977
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jack Smight
Casting:
George Peppard, Jan-Michael Vincent, Dominique Sanda, Paul Winfield, Jackie Earl Harley...
 

Suite à plusieurs explosions nucléaires, l'axe de la Terre s'est déplacé, créant d'étranges phénomènes tels que des tempêtes monstrueuses, un ciel rouge et des animaux mutants particulièrement agressifs. Quelque part en Californie dans une base militaires une poignée de rescapés décide de partir vers l'Est à la recherche de rescapés, à bord de deux véhicules expérimentaux.

 


Adaptation très très libre d'un roman assez populaire, semble-t-il, de l'autre côté de l'Atlantique, publié en 1969 et qui racontait l'odyssée d'un "Hell's Angels" à travers une Amérique post apocalyptique. Le biker est remplacé par un brave militaire de la vieille école (George Peppard), et sa moto par un véhicule révolutionnaire baptisé le "Landmaster", un monstre de métal qui coutât à l'époque 300.000$ (vous pouvez suivre la saga du véhicule sur le site snowcrest.net). Grâce à ce véhicule, une poignée de militaires va sillonner une Amérique dévastée par des explosions nucléaires, à la recherche de survivants potentiels. En chemin, ils croiseront Dominique Sanda qui semble s'être perdue, une ville peuplée de scarabées plutôt affamés (comme le constatera à ses dépends le pauvre Paul Winfield), un jeune garçon, quelques "Rednecks" cannibales en piteux état mais encore assez lucides pour convoiter le popotin de Miss Sanda, pour enfin affronter l'ultime catastrophe : un énorme raz de marée. Tout cela se déroule sous l'œil paternel de George Peppard et le regard perdu de Jan-Michael Vincent, dont le personnage de jeune motard doit être un reliquat du roman, mais sûrement le duo le plus insipide du cinéma à ce jour.

 


Tout commence donc dans la fameuse base militaire, sur ces écrans de contrôle où nous allons assister à la fin du monde. Subterfuges efficaces, il suffira ensuite d'insérer quelques stocks-shots de l'armée sur des lancements de missiles et des explosions atomiques, et voilà une Armageddon pour pas cher. Cette recherche de l'économie va planer constamment sur l'ensemble de la production. Ainsi, lorsque la base est pratiquement anéantie par une explosion accidentelle, la production va utiliser quelques scènes spectaculaires d'un vieux film de guerre ("Opération Crossbow", dans lequel jouait aussi un certain George Peppard ; à noter que les même scènes apparaîtront dans un épisode de "Galactica"). Leur base détruite, les survivants embarquent dans deux véhicules, mais nous n'en verrons jamais qu'un seul à la fois sur l'écran ; d'ailleurs, l'un d'eux disparaîtra très vite lors d'une tempête. Tout est à l'avenant, des séquences qui s'annonçaient homériques tombent lamentablement à plat à cause d'effets ringards. Ainsi, le motard affrontant des scorpions géants : en guise de monstres, on a droit à des bestioles agrandies et mal intégrées, les tempêtes ont bien du mal à être terrifiantes et les décors sentent bon la récupération.

Outre le fameux "Landmaster" et le ciel qui se transforme en show laser, le rare effet spécial réussi est l'apparition tout à fait fortuite de Dominique Sanda (qui s'était sûrement égarée sur le plateau) dans un Las Vegas ensablé (comme le script). Évidemment, dans ce genre de production on n'est pas à l'abri d'une contradiction. Ainsi, toute la première partie se déroule dans des paysages désertiques. Lors du final, où l'axe de la Terre reprend sa position, on se retrouve miraculeusement dans des paysages verts et champêtres et sur des routes macadamisées très bien entretenues. L'Eden tant recherché par les survivants ressemble beaucoup à la campagne californienne… vive l'Amérique.

 


Budgétisé à 17 millions de $, cette production devait être pour la Fox le gros film de science-fiction de l'année 1977. En fait de superproduction, on se retrouve avec un film fauché aux effets très spéciaux. Le verdict du box office fut imparable : le film se paya un bide, ce qui obligera la Fox à tout miser sur un obscur petit film de science-fiction au budget inférieur intitulé "Star Wars". La suite appartient à l'histoire (du cinéma). Ce "Damnation Alley" restera avec quelques autres (notamment le fameux "Meteor") la preuve que le système hollywoodien peut avoir de sacrés ratés et accoucher de n'importe quoi. Toutes les mauvaises décisions semblent avoir été prises sur ce projet : un script peu original qui trahit le roman, un casting de série télé, des effets complètement à côté de la plaque, et un réalisateur de télévision sans génie et sans style (malgré un "Frankenstein" fort honnête pour la télévision), qui fut sûrement choisi car il venait alors d'enchaîner "Airport 75" et "Midway". Le seul à tirer vraiment son épingle du jeu est le compositeur Jerry Goldsmith, qui signe une magnifique partition, par moments expérimentale, qui caractérisait le musicien à l'époque.

Quand on voit le résultat, on reste médusé des sommes dépensées pour en arriver là. Quand on pense qu'un Sergio Martino réussit à emballer un "2019 après la chute de N-Y" avec trois fois rien, on reste perplexe. Désuet et kitsch avant sa sortie, cette petite production, qui ne résiste à aucune critique sérieuse, se regarde avec une certaine indulgence qui caractérise ce genre de ratages. En effet, il se dégage de cet incroyable imbroglio un sentiment de curiosité et de masochisme qui nous pousse inexorablement à découvrir la prochaine scène.

 

 

The Omega Man
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