Sorcières, Les
Titre original: The Witches
Genre: Fantastique , Sorcellerie
Année: 1966
Pays d'origine: Grande Bretagne
Réalisateur: Cyril Frankel
Casting:
Joan Fontaine, Key Walsh, Alec Mc Cowen, Ingrid Boulting, Gwen Francon Davies, Martin Stephens...
Aka: The Devil's Own (Pacte avec le diable)
 

L'institutrice Gwen Mayfield, missionnaire en Afrique, fait une dépression nerveuse à la suite d’une "mauvaise rencontre avec un fétiche indigène". De retour en Angleterre, elle est engagée dans l'école privée d'une communauté villageoise assez refermée. Elle constate certains comportements étranges chez ses nouveaux concitoyens (ils boivent de la bière tiède, conduisent dans le sens inverse de la circulation ...) qui ne sont pas sans rappeler sa pénible expérience africaine. Les villageois semblent en particulier voir d'un mauvais œil l'innocente idylle entre deux de ses élèves adolescents, mais peut-être est-ce son psychisme fragile qui lui joue des tours ?
Ce pitch de départ fait penser à celui de "Rosemary Baby", mais hélas, la comparaison s'arrête là.

 

 

Coproduit par l'ex-star hollywoodienne Joan Fontaine (alors presque sexagénaire) qui, après avoir acheté les droits d'un roman de Norah Loft amena le projet à la Hammer, Les sorcières devaient lui permettre d'entamer une seconde carrière en Europe. Ce sera en fait sa dernière apparition au cinéma.
Cette genèse particulière permit à ce "Pacte avec le diable" d'avoir un budget très conséquent pour un film Hammer, et donc une interprétation solide (exception faite du duo d'adolescents et de... Joan Fontaine). Il diffère aussi des autres productions fantastiques de la Hammer en se déroulant dans un milieu contemporain.
Hormis Joan Fontaine, la seule autre vedette du casting est le jeune Martin Stephens (18 ans lors du tournage), ex enfant-star de la TV britannique, spécialisé dans le rôle de David Copperfield, et qui restera dans les annales du 7ème art pour avoir joué aux cotés d'une autre actrice anglo-hollywoodienne, Deborah Kerr, dans "The innocents", une adaptation du "Tour d'écrou" (où il interprétait, bien entendu, un des deux gniards), film dans lequel il avait l'insigne honneur d'être embrassé sur la bouche par Miss Kerr. Tout comme Joan Fontaine, Les Sorcières sera sa dernière apparition sur les écrans, faisant de ce film une sorte de "Misfits" de la Hammer.

 

 

Seulement voilà, censé mélanger fantastique (parce que Hammer) et suspense "hitchcokien", avec manipulation psychologique de l'héroïne (car Joan Fontaine), ce film souffre de deux défauts rédhibitoires : la quasi absence de fantastique, et la totale absence de suspense (ou l'inverse).
On pourrait même se croire devant un téléfilm d'époque, s'il n'y avait la couleur et le format scope. Il faut dire que le réalisateur et le scénariste (Nigel Kneale, créateur du personnage de Quatermass) sont issus de la BBC, et y retourneront par la suite. Nigel Kneale prétendra plus tard que l'esprit même de son scénario à été faussé par la production (comprendre Joan Fontaine), qui en aurait gommé tout le côté humoristique.
Pourtant, après un prologue africain qui peut laisser dubitatif, le film parvient à dégager une atmosphère "étrange" avec une grande sobriété d'effets, soit, concrètement, avec deux poupées Barbie, une attaque par un troupeau de moutons (la scène la plus violente du film) et une balayette à chiottes. Hélas, tout cela est effacé par les scènes finales, ridicules, du sabbat de sorcières. Ces scènes pourront à la rigueur satisfaire le rire gras de l'amateur de "nanars" (quel vilain mot), pour peu qu'il ne se soit pas endormi en route. Mais l'homme (ou la femme) de goût ne pourra être qu'attristé.
Il faut dire que Joan Fontaine, omniprésente durant tout le métrage, n'aide pas vraiment à l'immersion dans l'histoire. Si elle n'est pas, dans l'absolu, une mauvaise actrice, elle constitue sans le moindre doute une erreur de casting. On est loin en effet de "Soupçons", et le rôle aurait mieux convenu à quelqu'un de plus jeune ou au moins de physiquement plus fragile. En parlant d'erreur de casting, ce film nous apprend au moins une chose : quand on fait jouer le rôle d'une adolescente de 14 ans par une apprentie-actrice de 18 ans, il ne faut jamais, jamais, la mettre au milieu de figurants qui ont vraiment 14 ans.

 

Sigtuna

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