Reine des Vikings, La
Titre original: The Viking Queen
Genre: Aventures , Peplum
Année: 1967
Pays d'origine: Grande-Bretagne
Réalisateur: Don Chaffey
Casting:
Don Murray, Carita, Donald Houston, Andrew Keir, Adrienne Corri, Niall MacGinnis, Wilfrid Lawson, Percy Herbert...
 

Nous voici en pleine Bretagne celtique, dans la région de Colchester, alors que celle-ci est sous l'emprise de Rome depuis Claude. C'est Néron qui aujourd'hui gouverne Rome et l'emprise au sein des pays est tenace. Le commandant Justinian est à la tête d'une armée de plusieurs milliers d'hommes qui aimeraient bien regagner leurs foyers, mais voilà qu'un prophète proclame qu'une femme surgira parmi les gens du peuple pour mener la Bretagne à de grandes victoires. Ses victoires seront telles qu'on la nommera la reine des vikings.
Voici que Priam, le roi des Britanniques du royaume Icenae, se meurt. Justinian doit se dépêcher pour lui parler, afin que le pacte qui avait été conclu soit honoré. Il s'agit de diviser le royaume d'Icenae entre les Bretons et les Romains.
A la cour du roi Priam, ses trois filles, Béatrice, Talia et Salina, ainsi que le grand druide Maelgan, sont réunis autour de l'homme mourant. Les romains arrivent juste à temps pour le faire signer tandis qu'avant sa mort, Priam nomme Salina pour lui succéder. Autant dire que ce n'est pas du goût des soeurs aînées, lesquelles se rallient assez vite à la cause et aux ambitions politiques de Maelgan.
Les choses ne s'arrangent pas dès lors que Salina et l'imperator Justinian se rencontrent, puis tombent amoureux l'un de l'autre. Chacun tentera de stopper les ardeurs de son propre camp pour éviter l'affrontement. Il va sans dire que Maelgan aimerait bien virer purement et simplement ces intrus de son territoire.
De l'autre côté, certains romains aimeraient asseoir leur main mise sur les terres bretonnes. L'amour entre Justinian et Salina sera-t-il assez fort pour éviter la guerre ? Pas si sûr...

 

 

Improbable pitch de bande dessinée, faisant se croiser des peuples n'ayant pas évolué dans les mêmes contrées ni aux mêmes époques, des peuples par ailleurs déplacés de leur territoire initial pour des raisons restant mystérieuses, même du point de vue du langage cinématographique, "La reine des vikings" se regarde bien avant tout comme une fantaisie au sein de laquelle il convient de ne pas trop chercher la petite bête. Etonnant que les anglais aient rebaptisé Boudicca (alias Boadicée), l'une de leurs héroïnes patrimoniales dont la statue de bronze trône encore à ce jour à Westminster Bridge, du doux nom de Salina. Peut-être s'agissait-il alors de prendre ses distances avec la vérité historique afin de livrer ce que le film se veut avant tout : un simple spectacle sans grande prétention, sinon celle de divertir.
Idem pour le final, que je ne dévoilerai pas, mais qui n'a strictement rien à voir avec la fin tragique et même carrément pathétique de notre vaillante héroïne, combattant ici avec une armure, mais en jupette, dans des aventures charriant de façon étonnante un bon gros soupçon d'érotisme. Un érotisme qui se manifeste par éclairs, notamment lors d'un rite élaboré par Maelgan le druide maléfique, destiné à sacrifier une jeune vierge pour mieux combattre l'oppresseur romain et comme le ciel semble le demander ; ce qui nous vaut d'ailleurs l'une des réparties les plus drôles du film : "Tu vois le destin dans le ciel", dit un celte pragmatique à notre druide ambitieux (qui du reste invoque à cet instant, Zeus, un dieu grec !) - "Il y a des nuages, il va pleuvoir.", ajoute-t-il de façon laconique au chef belliqueux pour mieux se gausser de lui et de ses croyances, ne lui servant que de prétextes pour tenter de gouverner.
Pour en revenir à l'érotisme qui teinte cette charmante mais très inégale pellicule, le clou du spectacle demeurera sans conteste le moment où Salina, la reine des bretons donc, et non des vikings, est faite prisonnière avant de se voir déchirer sa robe, puis fouetter jusqu'au sang par Octavien, un général romain dissident, sanglant et surtout dangereusement impérialiste (très bon Andrew Keir). Même les cadres au travers des rondins de bois, quand bien même sont-ils là pour cacher ce que l'on ne saurait voir, à savoir les rondeurs les plus manifestes de la dame, se font très suggestifs.

 

 

Le rôle de Salina fût à l'époque confié à Carita (Carita Järvinen à la ville), un mannequin de grande renommée dans la Finlande de l'époque, et dont ce fût ici le second et dernier rôle au cinéma. Celle-ci s'en sort plutôt honorablement devant un Don Murray paraissant fortement emprunté, semble-t-il mal à l'aise dans son rôle de commandant d'une armée romaine autant que dans les scènes sentimentales. On regrettera finalement l'absence de Christopher Lee tout d'abord pressenti pour le rôle, mais accaparé alors par ses rôles de Fu-Manchu autant que par quelques combats contre des gousses d'ail. Il est clair que sa présence aurait sans doute apporté une consistance ainsi qu'une ambiguïté toute autre, sans compter qu'on l'a finalement peu vu dans des rôles romantiques.
En parlant de romantisme, l'amourette entre Salina et Justinius Bridounius reste assez peu crédible. Elle ne se semble exister que par à-coups ainsi qu'emprunter avant tout au "Cléopâtre" de Joseph L. Mankiewickz.
Finalement, les deux personnages qui parviennent à animer le film avec un véritable talent sont les deux méchants des deux partis opposés, à savoir Andrew Keir, qui pille, viole, torture d'un côté, et de l'autre Donald Houston en druide dément, rongé par les démons de la cruauté et qui trouve à redire lorsqu'on ne lui offre pas assez de chair fraîche à sacrifier. Idem lorsqu'il enferme des romains dans des cages en bois avant de les faire descendre dans des fosses enflammées.

 

 

Tout cela est correctement mené par Don Chaffey qu'on a connu tout de même plus inspiré, notamment avec son très bon "Jason et les Argonautes" ou, dans le même domaine du kitsch, avec "One Million Years B.C." ; mais autant la réalisation que l'histoire elle-même tiennent plus du patchwork décousu avançant de manière trop hachée pour convaincre pleinement et ne pas ennuyer épisodiquement.
Il s'agissait alors d'un budget relativement conséquent pour la fameuse Hammer, et le film semble pourtant également souffrir de son manque de moyens. Difficile aussi de rivaliser avec "La chute de l'empire romain" et ses invasions barbares, au sein duquel cette "Reine des Vikings" semble être venu puiser également.
On peut malgré tout s'amuser à ces très fantaisistes aventures, globalement plaisantes à suivre, et surtout par moments plutôt amusantes au second degré.
On s'attend même à voir surgir Asterix et Obelix lors de la bataille finale, durant laquelle nos celtes déchaînés descendent une vallée toutes armes à la main, pour aller couper du romain !

 

 

Mallox

 

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