Dernière croisade, La (seconde partie)
Titre original: Mihai Viteazul, Unirea
Genre: Historique , Guerre , Cape et épées
Année: 1970
Pays d'origine: Roumanie
Réalisateur: Sergiu Nicolaescu
Casting:
Amza Pellea, Ion Besoiu, György Kovács, Mircea Albulescu, Irina Gardescu, Ilarion Ciobanu, Florin Piersic, Sergiu Nicolaescu...
 

La biographie de Mihai Viteazul (Michel le Brave), prince de Valachie, de sa victoire sur les ottomans en 1595 à Cälugäreni, jusqu'à son assassinat en 1601 par des officiers d'un régiment wallon de l'armée impériale dont il était le commandant ("Méfiez vous des wallons", nous dit un dicton flamand). Ce qui nous vaudra quelques dialogues en français à la toute fin du film. Entre temps, ce brave Michel aura unifié de façon éphémère (moins d'un an) les trois principautés qui constituent la Roumanie actuelle : la Valachie, bien sûr, la Moldavie et la Transylvanie.

 

 

Alors, que dire de ce film, seconde partie du "biopic" roumain à gros budget (ou plutôt à gros moyens) sur Mihai Viteazul. L'impression qu'il m'a laissé est tellement différente de celle de la première partie ("Mihai Viteazul, Cälugäreni") qu'une critique dissociée des deux m'est apparue nécessaire, alors que ces deux parties ont était tournées à la suite, (voire en même temps pour les scènes de batailles), et par la même équipe. C'est assez étrange, comme si vous cuisiniez un plat pour la première fois et qu'il est totalement réussi, et puis vous refaites la même recette avec les mêmes ingrédients quelques jours plus tard et vous la ratez lamentablement. Et bien, c'est exactement ce que j'ai ressenti en visionnant les deux parties de cette "dernière croisade" (j'aurais certes pu trouver une allégorie plus élégante que cette parabole culinaire, mais la seule autre qui m'est venue à l'esprit est pire).
Bon, soyons honnête, c'est toujours aussi plastiquement éblouissant que la première partie, les décors et costumes sont toujours aussi magnifiques (et pour cause, se sont les mêmes), et les batailles sont toujours aussi bien filmées. Mais tout ça pour quoi ? Pas grand-chose, un beau livre d'images vide et vain, sans cohérence interne, qui lasse très vite. Enfin... vide et vain... disons plutôt propagandiste, une hagiographie du saint (laïque) Mihaï, martyr de la cause nationale roumaine. Parce qu'ici, fini le coté nuancé du scénario de la première partie : on a le héros absolu (ce brave Mihai), les salauds (les Bathory, oui, la même famille qu'Elizabeth) et les traîtres (tous les non roumains). Il va sans dire que la véracité historique n'est plus vraiment de mise dans cette seconde partie, et que dans la réalité la chute de Michel le Brave n'est pas due à la trahison des impériaux (auxquels on ne pourra reprocher que l'assassinat de notre héros) mais à ses défaites face aux polonais (quasi absents du film), consécutives à son attaque de leur vassal moldave.

 

 

Conséquence directe du scénario, Ion Besoiu et György Kovács, qui interprètent les rôles de Sigismond et André Bathory, cabotinent ici sans retenue, une retenue qu'ils avaient pourtant dans la "première partie", où leur rôle était plus ambigu. Enfin, c'est surtout Ion Besoiu qui cabotine, André Bathory (György Kovács), malgré son magnifique prénom, connaissant une fin tragique (et historique) dès le premier tiers du film dans une scène particulièrement grand guignolesque et franchement ratée. Mais c'est surtout les scènes de batailles qui, à force, finissent par lasser. Trop de combats tuent le combat, et dans ce film on atteint rapidement la saturation, surtout qu'ils sont montés n'importe comment, et sont donc la plupart du temps incompréhensibles. Heureusement, on nous dit à la fin de chacun d'entre eux qui a gagné. De plus, alors que dans la première partie les combats étaient courts et dynamiques pour monter crescendo jusqu'à la dernière bataille (celle-ci, longue mais constituant le bouquet final clôturant le film), il n'y a ici aucune progression en intensité, la bataille la plus importante (en durée) et aussi la moins réussie commençant à l'entame du premier quart d'heure. Malgré tout, il faut bien reconnaître qu'à chaque fois les images sont magnifiques.

 

 

Pour conclure, parlons des interprètes qui font ce qu'on leur demande de faire et qui, quand leurs rôles ne sont pas trop ridicules, s'en acquittent bien. Pour incarner le héros assez monolithique mais très charismatique, on trouve la star du cinéma roumain des années 60 et 70, Amza Pellea, qui débutât comme comique au théâtre avant d'incarner sur scène et sur les écrans les plus grands noms de l'histoire roumaine (dont Vlad Tepes), jusqu'à son décès prématuré en 1983. Florin Piersic (le blond cadet des frères Buzescu) fut en quelque sorte le James Dean roumain, mais lui est toujours actif à plus de 75 ans. Grand séducteur, marié à plusieurs reprises à des starlettes roumaines et hongroises, il eut quelques ennuis au début des années 80 en entrant en rivalité amoureuse avec un des fils Ceausescu. Mircea Albulescu (qui joue le père Stoïca) est, tout comme Ion Besoiu (Sigismond Bathory), un grand nom du théâtre et du cinéma roumain (plus de 150 films à eux deux). Les comédiennes sont, elles, moins célèbres, mais il est vrai que le film ne leur fait pas la part belle. Irina Gardescu, dans le rôle imaginaire et purement décoratif de la comtesse banquière (sic) italienne platoniquement amoureuse de notre héros, disparut complètement des écrans en 1975, date de sa fuite à l'ouest avec sa famille. On notera aussi Klára Sebok, qui joue l'épouse de Sigismond Bathory, dont le déshabillé (légèrement) transparent était assez audacieux dans un film de l'époque Ceausescu.
Pour résumer : beau mais toc.

 

 

Note : 7,5/10

Sigtuna


En rapport avec le film :

# La critique de la première partie de "La dernière croisade"

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