Cicatrices de Dracula, Les
Titre original: Scars of Dracula
Genre: Horreur
Année: 1970
Pays d'origine: Angleterre
Réalisateur: Roy Ward Baker
Casting:
Christopher Lee, Dennis Waterman, Jenny Hanley, Patrick Troughton...
 

A l'entame des années 70, arrivés au sixième Dracula, les pontes de la Hammer eurent la bonne idée d'imposer des changements dans la continuité à leur monstre fétiche. Continuité dans le choix de l'acteur Christopher Lee pour le rôle-titre ainsi que dans l'aspect général du film (c'est à dire que le Dracula hammerien transposé au vingtième siècle dans un décor disco, ce n'est pas pour maintenant), et changements au niveau du traitement de la violence, de l'érotisme, voire de l'humour.
Car oui, ce Dracula est à la fois le plus violent et le plus comique de tous ceux jusqu'alors tournés. Mais ces deux ingrédients ne sont que modérément mélangés, la première partie du film versant dans la gaudriole, tandis que la seconde devient très très sombre. C'est ainsi que l'on commence par suivre les pérégrinations vaudevillesques d'un coureur de jupons qui drague toutes les donzelles qui lui passent sous le nez, et qui se fait prendre à son propre jeu lorsque l'une de ses victimes lancera contre lui des accusations de tentative de viol. Fuyant la nénette en question ainsi que son père, il s'en va perturber le plan drague de son frangin, avant d'être rattrapé et de s'échapper en sautant par une fenêtre, droit dans une cariolle qui le mènera hors de la ville, dans un village non loin du château du comte Dracula (ressuscité dans un tour de passe passe au début du film).
Voilà donc une entrée en matière plutôt originale, dont la tonalité se retrouvera ponctuellement par la suite. Mais avouons que ce n'est certainement pas cela qui rendra ce Dracula attachant, les tentatives d'humour étant plutôt lourdingues et guère appropriées à ce qui suivra. Car bien entendu, après s'être fait rejeté de l'auberge avant même d'avoir pu faire tomber la robe de la fille de l'aubergiste, notre libertin sera amené à rendre visite à Dracula, qui attend patiemment dans son château avec quelques serviteurs (dont une femme : et c'est reparti !).

Mais là, il disparaîtra, et son frère, accompagné de sa copine, tous deux beaucoup plus sages, essaieront de retrouver sa trace. L'horreur, déjà apparue dans toute sa crudité lors de l'introduction du film (des visages bouffés par des chauves-souris), prend alors le dessus, grâce principalement à un Christopher Lee incarnant une fois de plus un Dracula extrêmement froid et sadique, à mille lieux des exagérations théâtrales d'un Lugosi et du romantisme exacerbé d'un Gary Oldman. Rien que l'aspect de ce Dracula impose le respect : ses yeux injectés de sang, son tain blafard, son visage sévère, tout concorde à affirmer Lee comme l'un des (sinon le) meilleurs interprètes de Dracula. Mais loin de se contenter du look de son personnage, le réalisateur Roy Ward Baker lui fait également accomplir des tâches violentes, très graphiques, comme les tortures imposées à son serviteur (le génial Patrick Troughton) ou encore le sort réservé à sa maîtresse Tania.
En dehors de Dracula lui-même, le film tend également à devenir esthétiquement de plus en plus sombre, de plus en plus gothiques, et les teintes de gris anthracite seront concurrencées par le rouge vif du sang et des accessoires. Tout simplement superbe, et cela aboutira à une dernière scène magistrale, dans laquelle interviendra également une bonne dose d'érotisme, via de nombreux gros plans sur le décolleté de l'héroïne, où l'on trouve certes des seins, mais aussi un crucifix empêchant momentanément Dracula de nuire. Cet érotisme avait déjà été omniprésent depuis le début du film, et à une exception près, ce n'est pas de scènes de nu qu'il s'agit ici, mais bien du bon vieil érotisme gothique de la série des Dracula poussé à fond les manettes, avec le symbolisme du vampire, les déshabillés vaporeux et la tentatrice amante du Comte.
Petit bémol que l'on peut apporter sur ces Cicatrices de Dracula (hormis bien sur les guignolades du début) : certains éléments du scénario, plutôt légers, qui pourront éventuellement rappeler l'excellente parodie de Polanski, "Le Bal des Vampires". Preuve que ce dernier film a tapé juste, mais pas forcément une bonne chose pour le film de Roy Ward Baker, qui a en plus à composer avec de nombreuses chauves-souris plutôt mal faites. Mais enfin, ce n'est pas trop grave, et ce que l'on retiendra au final des Cicatrices de Dracula sont sa violence très poussée, son esthétique magnifique et son érotisme à mi chemin entre l'explicite et la latence. Très suffisant pour affirmer qu'il s'agit là d'un bon film.

 

Walter paisley
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