Révolte des indiens apaches, La
Titre original: Winnetou - 1. Teil
Genre: Euro-Western (hors spagh)
Année: 1963
Pays d'origine: RFA / Yougoslavie / Italie
Réalisateur: Harald Reinl
Casting:
Lex Barker, Pierre Brice, Mario Adorf, Walter Barnes, Marie Versini, Ralf Wolter, Chris Howland, Milivoje Popovic-Mavid, Dunja Rajter...
Aka: Winetou - La révolte des apaches / Winnetou - L'invincible peau-rouge
 

Ne respectant en rien les accords signés avec les Apaches, l'ingénieur Bacroft fait passer le tracé de chemin de fer de la Western Cie sur le territoire de chasse de la tribu. Pour tenter de mieux voir ce qu'il se passe et pour enfin ramener le calme dans la région, Old Shatterhand est dépêché sur les lieux. Il découvre que c'est en fait le colon Santer le principal responsable de cette impasse belliqueuse. Tandis que Shatterhand est sur le point de trouver un nouveau compromis avec Winnetou, le chef des indiens, Santer, avec l'aide des indiens Kiowas, les pires ennemis des Apaches, fait tout pour détruire cette alliance. Il fait enlever Winnetou, que Shatterhand parvient à faire évader. Blessé lors d'une bagarre, Shatterhand est fait prisonnier et se retrouve au camp de Winnetou. Après s'être opposés, les deux hommes vont apprendre à se connaître puis finir par lutter côte à côte contre Santer...

 

 

Personne n'osera affirmer que la série des Winnetou (onze films en tout et pour tout, et sans compter la série tardive de Marcel Camus) n'a proposé que des chefs-d'oeuvre, loin s'en faut ; toujours est-il qu'elle marqua un tournant en Europe et notamment en Italie. Une Italie jusque là engluée dans une période critique, coïncidant avec le déclin rapide de la plupart des genres populaires : mélodrames, films "sexy", péplums... Seule la comédie italienne conserve alors une bonne place au box office.


Certes, on pourra bien arguer que finalement, dès 1942, Georgio Ferroni avait inventé le western que les américains nommeront plus tard, et ce, de façon péjorative, spaghetti, avec son "Il fanciullo des West" interprété par le comique Macario. Un Georgio Ferroni que l'on verra du reste revenir au genre en 1965 avec "Le dollar troué", sous le pseudonyme de Kevin Jackson Padget.
Idem en amont, pour la version italienne de "La piste de géants" de Raoul Walsh, tournée en 1930, avec Franco Corsaro dans le rôle de John Wayne.

 

 

Souvent imputé également au seul Sergio Leone et son Pour une poignée de dollars, ce sont pourtant les premiers films de la série des Winnetou, des succès sans précédent en Allemagne, qui alertèrent les producteurs transalpins et permirent de débloquer la situation économique et cinématographique italienne, puis de produire, avec une certaine timidité au début (les divers pseudonymes en attestant), le fameux spaghetti western. On constate du reste que Horst Wendlandt, producteur de ladite série, eut déjà l'idée de faire appel à des acteurs internationaux. Ainsi, put-on apercevoir des acteurs tels que Klaus Kinski, Elke Sommer, Terence Hill, Macha Méril ou même Louis Velle !
Pour boucler la boucle, on rappellera tout de même en passant que le père du western européen demeure sans conteste le parisien Joe Hamman (Arizona Bill à l'écran), dont les premiers films furent tournés en France dès 1908 (après un long séjour dans un ranch d'outre-atlantique).


Adaptés des romans de Karl May par Harald Reinl et interprétés invariablement par Pierre Brice et Lex Baxter (quoique celui-ci fut remplacé à la fin par Stewart Granger), autant dire que les expériences prometteuses que furent "Le trésor du lac d'argent" et La révolte des Apaches (en rajoutant certaines oeuvres espagnoles) ne manquèrent pas d'inspirer nos producteurs italiens à la ramasse, complètement dépendants de banques n'accordant alors plus aucun crédit, notamment après l'effondrement de la Titanus.

 

 

C'est dire l'importance des films tournés par Harald Reinl au début des années 60. Un artisan réalisateur trop sous-estimé et à la solidité pourtant confirmée, puisqu'il a déjà tourné, en même temps d'en avoir fait une presque spécialité, de nombreux krimis, dont on retiendra par exemple, "La grenouille attaque Scotland Yard", "Scotland Yard contre le Masque", "L'araignée blanche défie Scotland Yard", auxquels on peut rajouter ses variations tardives sur le docteur Mabuse : "Le retour du docteur Mabuse" ou "L'invisible docteur Mabuse" ; des oeuvres trop souvent méprisées et vues uniquement sous le prisme de celles de Fritz Lang. On n'oubliera pas non plus de mentionner qu'il signera en 1967, une belle réussite du cinéma horrifique germanique : Le vampire et le sang des vierges avec, encore et toujours, son acteur de prédilection : Lex Barker.


"Le trésor du lac d'argent" marque donc un tournant puisque le cinéaste en réalisera ensuite la plupart des séquelles, mettant en scène notre Apache frenchy, Pierre Brice (Le moulin des supplices, La nuit des damnés, Le carnaval des barbouzes) avec son alter ego Old Shatterhand, lorsqu'il ne fut pas remplacé par l'argentin Hugo Fregonese, Alfred Vohrer ou bien encore Harald Philipp.
Doublé une nouvelle fois gagnant donc, pour notre duo Horst Wendlandt/ Harald Reinl dès 1962, après le succès des adaptations des romans d'Edgar Wallace.

 

 

Quant à La révolte des apaches, le film a les qualités de ses défauts. Généreux, haut en couleurs, aidé par une somptueuse photographie, de chouettes décors naturels, riche en aventures et rebondissements, il y est difficile de s'y ennuyer. Les acteurs y sont convaincants (évitez la version française sous peine de vous retrouver avec Bugs Bunny dans le film) ; l'acteur d'origine suisse, Mario Adorf, fait déjà forte impression en propriétaire ultra spéculateur de la société de chemin de fer, et autant Lex Barker que Pierre Brice possèdent un certain charisme.
Entouré de seconds plans de qualité, dont la jolie française Marie Versini (Le temple de l'éléphant blanc) ou encore Walter Barnes (Colorado), il n'y a pas grand chose à reprocher au casting. Les péripéties, comme déjà dit, ne manquent pas, et l'on pourra bien citer quelques passages marquants comme cette locomotive qui s'en vient traverser un saloon, le test de soumission aux dieux que doit passer Old Shatterhand avec son canoë percé au préalable à la hache, qu'il en restera encore.


On peut également mentionner la qualité admirable de la partition due à Martin Böttcher ("La main de l'épouvante"), qui transite avec génie de la tension vers la pure ballade poétique ; pas de doutes, à l'instar de "Le trésor du lac d'argent", La révolte des indiens apaches se révèle très réussi à bien des niveaux.

Le problème, s'il en est un, tient finalement de sa source. On assiste à un film généreux, tant au niveau de la forme que du fond, et l'on peut franchement parler de western pro-indien. Ceci étant, le film est l'adaptation d'un roman destiné avant tout aux enfants, donc, à moins d'avoir su garder une grande part d'âme d'enfant, on sera en droit de trouver le spectacle bien manichéen, proposant finalement l'exact opposé que ce que l'on put reprocher à certains westerns américains classiques ; les apaches y sont justes, l'homme blanc veule et aveuglé par sa soif de prospérité et, pour finir, le film tombe également dans un piège classique : celui de révéler la beauté et la noblesse d'un peuple mescaleros méconnu par l'intermédiaire de son "mentor" occidental, ici ce bon vieux Old Shatterhand, être on ne peut plus impartial...

 

 

Ce sont les limites de ce spectacle pourtant charmant, non dénué, qui plus est, d'un certain sentimentalisme désuet, mais qui garde néanmoins globalement une belle patine le temps passant, ainsi qu'une jolie faculté à dépayser et à distraire.


Mallox

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