Zorro's Fighting Legion
Genre: Western , Aventures , Serial
Année: 1939
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: William Witney et John English
Casting:
Reed Hadley, William Corson, Edmund Cobb, John Merton, Budd Buster, Paul Marion, Joe Molina...
Aka: Zorro et ses légionnaires (version courte française)
 

Zorro n'est pas loin d'avoir cent ans puisqu'il a été créé en 1919 par un romancier américain, Johnston Mc Culley. Et en près d'un siècle, on peut dire que sa carrière a été florissante puisqu'il a connu la gloire sur papier (en romans et bandes dessinées) et sur écran, petit et grand, s'imposant parmi les personnages de fiction les plus populaires par sa bravoure, sa loyauté et son sens de la justice (et je ne parle même pas de ses versions chantées, comme le Zorro est arrivé d'Henri Salvador !)
Dès 1920, il trouve sa place dans le muet, incarné par Douglas Fairbanks, puis s'impose dans le parlant, toujours en noir et blanc, dans deux serials Republic notamment, "Zorro Rides Again" et Zorro's Fighting Legion, mais aussi sous les traits de Tyrone Power, dans "Le signe de Zorro", de Rouben Mamoulian, entre autres.
De cette période incolore mais pas sans saveur, on retiendra aussi, forcément, les aventures télévisées de Zorro sous les traits de Guy Williams, peut-être le plus marquant de par les multi-diffusions de ses épisodes à la télévision.
La couleur siéra tout autant au renard californien (zorro veut en effet dire renard, en espagnol), puisqu'il vivra moult péripéties, incarné par presque autant d'acteurs, dont Alain Delon, dans le "Zorro" de Duccio Tessari et évidemment Antonio Banderas pour ses aventures les plus récentes. Ces multiples mises en images ne se feront pas sans certaines prises de liberté avec le mythe, comme avec Umberto Lenzi et son "Maciste contre Zorro" ou Guy Hamilton avec "La grande Zorro", parodie mettant en scène un frère jumeau gay du héros devant prendre sa place...

 

C'est un classique : le premier épisode présente systématiquement les acteurs principaux du serial. Rien qu'à leur tête, on sait déjà qui est bon et qui ne l'est pas.


Mais dans le serial du duo Witney et English (faut-il encore rappeler qu'ils furent à la manoeuvre pour presque tous les serials Republic, dont les excellents Jungle Girl et Les aventures du Captain Marvel ? Ou d'un plus surprenant Darktown Strutters, pour Witney ?), la tradition est respectée : le héros a une double identité – le falot Diego Vega d'une part, le vaillant Zorro d'autre part, les traîtres (ici à la république naissante du Mexique) sont prêts à tout pour arriver à leur fin, les événements s'enchainent sur un rythme effréné et le héros masqué combat à l'épée et au fouet tous ceux qui ont juré sa perte et celle de la petite province de San Mendolito.

 

Chaque nouvel épisode commence par un petit rappel des forces en presence et des enjeux en cours...

Mais plus que la tradition zorroesque (ou zorroïque ?), c'est la tradition serialesque qui fait la loi ici, pour le plus grand bonheur du spectateur : cavalcades, chevauchées, coups de feu et chocs des épées, flèches d'or plantées dans le dos, pièges mortels, rebondissements, cliffhangers, tout va à 100 à l'heure et les douze épisodes se suivent avec gourmandise. Le méchant est Don del Oro, le dieu ancien de la tribu des Indiens Yaqui, ou plutôt quelqu'un qui se fait passer pour lui. Manipulateur, il exploite la crédulité des naïfs "peaux-rouges" pour asseoir son pouvoir et accéder, enfin, à une destinée grandiose : devenir empereur du Mexique ! Masque contre masque ! C'est en effet la tête cachée par un énorme masque d'or que Don del Oro apparaît à ses adorateurs et à ses sbires, cachant par là sa véritable identité, celle d'un membre important du conseil de la province siégeant, à ce titre, aux côtés de Diego Vega... Qui est Zorro ? se demandent les traitres du conseil. Qui est Don del Oro ? se demandent Diego Vega et son ami Ramon. Si le public connaît dès le départ l'identité de Zorro, il lui faudra attendre le douzième et dernier épisode pour découvrir celle de Don del Oro ! Un suspense insoutenable, donc, et une envie toujours pressante d'aller au bout, d'avancer et d'avancer encore pour arriver au terme des ces rocambolesques aventures.

 

Les Indiens Yaquis, manipulés par une fausse divinité: Don del Oro...


Comme souvent, une petite déception peut d'ailleurs apparaître au moment du dénouement final, le serial étant un genre bien meilleur pour faire monter la tension que pour conclure de façon totalement convaincante. Ce qui se retrouve d'ailleurs dans ce contraste entre des épisodes multipliant les péripéties et se concluant systématiquement sur la mort quasi-certaine du héros : coincé dans une mine envahie par les eaux, prisonnier d'un bâtiment qui explose, accroché à un pont suspendu se fracassant contre une falaise, visé par une flèche d'or lancée par son ennemi, prisonnier d'une cellule dont les murs se referment sur lui, etc., etc. On finit chaque épisode forcément haletant dans son fauteuil et n'attendant qu'une chose : que le suivant commence, pour découvrir comment Zorro a bien pu s'en tirer ! Car il s'en tire toujours, bien sûr, c'est aussi la loi du genre, une loi non exempte d'entourloupettes et de tricheries, jouant sur le temps et sur la mémoire du spectateur pour l'abuser et faire jaillir du chapeau des scénaristes une porte de sortie qui n'existait pas à la fin de l'épisode précédent... Arnaque bien sûr ! Mais ô combien sympathique et qui fait partie du jeu. D'autant plus facile à repérer, évidemment, qu'on peut se permettre aujourd'hui de voir les épisodes dans leur continuité, alors qu'à l'époque de leur sortie en salles, il fallait attendre une semaine pour découvrir comment le héros en réchappait !

 

Roues dentées et engrenages, pour actionner un mur qui se referme sur Zorro !


L'intérêt de Zorro's Fighting Legion vient donc de cette propension à condenser l'action et les personnages et à secouer le tout pour que jamais l'on ne s'ennuie. Sur les douze épisodes, un seul est véritablement de trop, c'est le neuvième me semble-t-il, qui – paresse des scénaristes ? restriction de budget ? volonté d'accélérer la sortie du serial en salles et donc d'économiser des heures de tournage ? une autre raison qui m'échappe ? – ne repose que sur de longs extraits d'autres épisodes sans rien proposer de nouveau ou presque. Pour le reste, on peut dire qu'il s'agit là d'un bon serial, rythmé et efficace, bénéficiant de plus de très belles chevauchées. On peut même en profiter pour saluer le travail des cavaliers et des cascadeurs en particulier, notamment celui chargé de sauter en plein galop sur des chevaux tirant une diligence puis de se laisser glisser dessous (une séquence classique mais toujours spectaculaire) ; à ce propos, le serial "Zorro Rides Again", des mêmes auteurs, est lui aussi, paraît-il, riche en cascades impressionnantes.

 

Le saut au-dessus d'un precipice et les cascades au cœur d'un attelage au galop : des classiques toujours efficaces.


Ceux qui voudraient des personnages féminins d'importance, par contre, repasseront, les deux seules femmes vues ici incarnent des personnages totalement secondaires et presque inutiles au bon déroulement du récit. Là où quasi-systématiquement, dans les longs-métrages, le beau héros masqué s'entiche d'une belle demoiselle, dans les serials, tout le monde est asexué, ou presque. On peut donc percevoir un petit penchant de la part de Volita pour Zorro, mais pas plus que celui qu'un enfant éprouve pour un tel héros : une admiration sincère plus qu'autre chose et la possibilité de vivre, à travers un autre, des aventures trépidantes au service de la justice. Si les femmes ne sont pas à l'honneur, il faut bien reconnaître que les Indiens ne le sont pas non plus. Etres crédules et belliqueux, ils sont néanmoins sauvés par le jeune mais sage Kala, dont la noblesse de cœur rejoint celle de Zorro.

 

Un comparse piégé et enfumé, un frère de sang effrayé... Mince, que va-t-il se passer ???


Un serial de bonne facture, donc, reprenant avec application toutes les recettes du genre et les mélangeant avec un art consommé du suspense et de la tension. Le dossier Hollywood et le serial reprend d'ailleurs en couverture une image tirée de ce Zorro's fighting Legion. C'est en effet un excellent représentant du genre.

 

Malgré la signature frontale de Zorro sur ses adversaires, ce serial est loin d'être une série Z !

Bigbonn

 

En rapport avec le film :

 

# Dossier Hollywood et le serial

 

# La fiche dvd Bach Films de Zorro's Fighting Legion

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