Gorgone, La
Titre original: The Gorgon
Genre: Horreur , Fantastique
Année: 1963
Pays d'origine: Grande-Bretagne
Réalisateur: Terence Fisher
Casting:
Peter Cushing, Richard Pasco, Barbara Shelley, Christopher Lee, Michael Goddliffe, Patrick Troughton, Jack Watson...
Aka: La gorgone : déesse de la terreur
 

Les gorgones sont des créatures de la mythologie grecque. D'après la légende, elles sont tellement laides que quiconque ose les regarder en face meurt pétrifié sur le champ. Les gorgones sont au nombre de trois : Sthéno, Euryale et la plus célèbre, Méduse, la seule qui ne soit pas immortelle. Le scénariste John Gilling transpose donc cette légende grecque en Europe centrale (cette idée de délocalisation sera reprise dans L'Invasion des morts vivants, avec son culte vaudou en Cornouailles).

 

 

L'idée est plutôt originale, et permet au studio anglais d'exploiter un personnage inédit hors de son contexte habituel (la Grèce antique). Le scénario de Gilling reprend les bases de nombreux films Hammer, comme le petit village isolé pétrifié de peur face à une menace indicible et séculaire (la gorgone). Si le suspense est vite éventé (car le seul personnage féminin pouvant interpréter la gorgone est celui de Barbara Shelley), pour Fisher cela n'a guère d'importance. Ce qui l'intéresse, c'est plutôt la dualité des personnages et des situations, l'éternelle lutte entre le bien et le mal. Cette dualité entraîne évidemment un affrontement tout d'abord psychologique pour la pauvre Carla (Barbara Shelley), qui ignore son état, mais surtout physique avec le célèbre duo Cushing/Lee, dont le réalisateur s'est amusé à inverser les valeurs.

 

 

En effet, Lee se retrouve du côté du bien, son personnage est pour une fois hautement sympathique et tranche avec la sobriété de son adversaire de toujours, Cushing, encore impeccable et réjouissant en comploteur dont les motivations (l'amour ?) sont plutôt vagues. Son interprétation du Dr Namaroff n'est pas sans rappeler certains aspects du Dr Frankenstein, dont il sera le meilleur et inoubliable interprète. Le réalisateur fait d'ailleurs un clin d'œil à son personnage fétiche dans une scène totalement gratuite où Cushing enlève le cerveau du cadavre d'une pauvre patiente, sous le regard dégouté de son assistante.

Mais au-delà de l'affrontement entre ces deux vedettes qui ne sont que des seconds rôles (Lee intervient aux deux tiers du film), Fisher s'intéresse particulièrement à la destinée tragique d'une famille qui va être décimée par la gorgone, mais aussi, et surtout, par la lâcheté et la couardise des autochtones et des autorités. La première victime sera Bruno, retrouvé pendu ; il devient alors le coupable idéal. Son père, venu assister au procès, sera la seconde victime Son obstination à prouver l'innocence de son fils lui coûtera la vie. Un rôle tenu par Michael Goddliffe, impérial, notamment lors d'une mémorable scène de procès où il prend la défense de son défunt fils envers et contre tous. Malheureusement, lui aussi sera victime du regard de la créature ; mais avant de se transformer en pierre il aura le temps d'écrire une lettre pour prévenir son second fils Paul. Hélas, le sort tragique de la famille semble scellé, et ce malgré l'intervention du Professeur Meisteir, un ami de la famille qui viendra aider Paul.

 

 

Cela dit, au-delà du fond il y a aussi l'aspect esthétique du film, qui joue habilement avec les rares couleurs (la robe verte de la gorgone, les cheveux roux de Barbara Shelley) et les décors (le château abandonné - repaire du monstre, les apparitions de celui-ci...), le tout souligné par le travail remarquable du chef opérateur Michael Reed (Au service secret de sa Majesté), dont la photographie splendide allie parfaitement macabre et poésie. Une nouvelle fois, Fisher nous prouve son talent de réalisateur, notamment lors du combat entre Peter Cushing et Richard Pasco, aussi réussi que l'affrontement entre Cushing et Lee dans Le Cauchemar de Dracula. Le film regorge de plans magnifiques, dans lesquels Fisher joue littéralement avec sa caméra. La belle Barbara Shelley (vue dans "Le Village des damnés et Le Sang du vampire) semble particulièrement inspirée. Le réalisateur soigne chacune de ses apparitions, comme la scène du cimetière où elle se tient dans l'obscurité, observant Richard Pasco. On retrouvera avec plaisir l'actrice dans plusieurs autres productions "maison" comme "Dracula prince de ténèbres", "Les Monstres de l'espace" ou "Raspoutine".

 

Succès mitigé à l'époque, que le réalisateur attribua un peu vite à la faiblesse des effets spéciaux (notamment la décapitation finale, où la tête de la gorgone rebondit comme un ballon de foot), le film est l'un des moins connus du réalisateur. Il est d'ailleurs resté longtemps invisible en France, ce qui en fait une curiosité mais aussi une œuvre à découvrir, car c'est un film désespéré et pessimiste, dans lequel le mal est certes vaincu, mais au prix de plusieurs vies (presque la totalité du casting), à l'exception du personnage de Lee. C'est aussi une histoire d'amour impossible et tragique, que le réalisateur illustre avec maîtrise par des plans d'une rare poésie. Un film à voir assurément.

 

 

The Omega Man

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