God Bless America
Genre: Comédie
Année: 2011
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Bobcat Goldthwait
Casting:
Joel Murray, Tara Lynne Barr, Melinda Page Hamilton, Mackenzie Brooke Smith...
 

Frank est un citoyen américain mal dans sa société et mal dans son époque. La cinquantaine, migraineux, divorcé, une fille qui ne veut plus le voir, un patron qui le fout à la porte sans ménagement et un médecin qui lui apprend qu'il a une grosse tumeur mal logée. Il décide donc d'en finir avec la vie, mais, avant de se faire sauter le caisson, autre chose lui traverse la tête : et pourquoi pas emporter un ou deux connards avec lui dans la tombe ? Le voilà bientôt embarqué dans une mission de nettoyage éthique en compagnie d'une lycéenne tombée en admiration.

 

 

Une comédie violente avec un loser mal aimé qui pète un câble et décide de redresser des tors, flanqué d'une jeune fille hyperactive, ça ne vous rappelle rien ? Evidement, difficile de ne pas penser au "Super" de James Gunn sorti à peine un an auparavant et lui-même déjà beaucoup comparé à "Defendor" et "Kick-Ass". Là où on peine le plus à se convaincre de la simple coïncidence, c'est quand Frank traite sa coéquipière de "Juno" pour l'énerver...

Ceci dit, à sujets mystérieusement similaires, intentions très divergentes. Pour Goldthwait la trajectoire de ses Bonnie & Clyde modernes n'est qu'un prétexte pour tracer un trait clair et précis entre lui et la majeure partie de ses semblables. Il prend position à travers ses héros sur un peu toutes les composantes de la société et de la culture américaine, dessinant au final un manifeste de ce que l'on pourrait qualifier de mouvement "démocrate réac" qui prêche un retour en arrière, vers une Amérique civilisée et altruiste. Plutôt qu'un long discours, j'illustrerais cela par son opinion sur Woody Allen : c'est un réalisateur de génie (côté pile : démocrate), mais ça n'en reste pas moins un putain de pédophile hypocrite (côté face : réac).

 

 

La plupart des dialogues et des situations vécues par son couple vedette ne vise ainsi qu'à établir une liste des indélicats qui mériteraient un pruneau entre les yeux : le public de la téléréalité, les amateurs de greenday, les enfants gâtés, les homophobes, les gens qui se tapent dans les mains... par opposition à ceux qui savent se tenir au cinéma, qui votent Obama, qui se garent correctement ou qui écoutent Alice Cooper (sic).

Là où ça devient amusant, c'est que Goldthwaith ne fait pas qu'énumérer ses ennemis jurés. Il s'offre le fantasme de coucher leur exécution sur pellicule. Au magnum, à l'AK-47 ou au couteau, Frank et sa petite protégée Roxanne massacrent à tour de bras tous ceux dont la gueule ne leur revient pas, le tout sur un ton léger laissant avant tout place à la satire et rappelant furieusement le "Tueurs Nés" d'Oliver Stone par moments. Et il faut dire qu'on se gondole souvent face aux déboires des apprentis tueurs en série ou aux critiques au vitriol lancées à la gueule de l'Oncle Sam. Même les Français, désignés comme sympathiques car anti-américains par nature, s'en prennent plein la poire. Cela ne suffit toutefois pas à maintenir le rythme sur la longueur. A trop marteler son point de vue avec la légèreté d'un cétacé, certains passages ou dialogues finissent par sombrer dans la redondance.

 

 

Pamphlet éminemment subjectif, n'hésitant pas à donner dans la propagande, God Bless America oblige en permanence le spectateur à se positionner. Tout le monde s'est un jour rêvé en train d'abattre les tristes sires qui vous empoisonnent le quotidien. Goldthwait passe à l'acte, mais ses cibles ne seront peut-être pas les vôtres : il tire à boulet rouge sur le créationnisme et les boissons énergisantes, tout en s'accommodant du culte de la grosse bagnole et du deuxième amendement.
On peut enfin douter que son message parvienne un jour jusqu'à ses véritables destinataires, mâchouillant du pop-corn dans la salle d'à-côté, devant un blockbuster inoffensif et convenu. Sorti dans une relative confidentialité, son jour de gloire viendra peut-être dans quelques années, quand le regard acerbe et sans concession qu'il jette sur notre époque sera reconnu comme perspicace.

 

 

Princesse Rosebonbon

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