Helldriver
Genre: Zombie , Gore , Comédie
Année: 2010
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Yoshihiro Nishimura
Casting:
Yumiko Hara, Eihi Shiina, Kazuki Namioka, Yûrei Yanagi, Yukihide Benny, Minoru Torihada, Cay Isumi, Asami...
 

Une mère sadique, Rikka, et un oncle psychopathe, voilà toute la famille qu'il reste à Kika lorsque les deux premiers dévorent les jambes de son père handicapé avant de l'immoler par le feu. C'est le moment que choisit un météore pour tomber sur l'île d'Hokkaido en provoquant un nuage de cendres zombifiantes, mais aussi sur Rikka, lui trouant littéralement la poitrine. Ne se laissant pas démonter par cette béance toute neuve en plein thorax, elle arrache le coeur de sa fille pour le mettre à la place du sien et c'est alors qu'un petit alien chef d'orchestre se joint à elle pour régner sur une horde de zombies cannibales au son des valses de Strauss...

 

 

Récupérée par les autorités, Kika, pas morte malgré l'enlèvement de son coeur, se voit affublée d'un muscle cardiaque artificiel et anti-infection et d'une poitrine-carapace en métal motorisée pour rendre l'utilisation de son tout nouveau sabre tronçonneuse plus efficace. Elle fait ensuite la connaissance d'un trafiquant de cornes de zombies (eh oui, ceux-ci portent tous, au milieu du front, une sorte de corne à deux branches dont l'arrachage provoque l'explosion de la tête, il fallait y penser) et de son aide muet surnommé No-Name. Et tandis que les zombies sont confinés derrière un mur séparant le Japon en deux, gardé par des soldats aux casques en forme de croissant de lune, dans l'ombre, le tout nouveau premier ministre complote pour amener Kika et quelques autres délinquants de première catégorie à affronter les hordes de morts-vivants, éliminer leur reine et mettre fin à son emprise...

 

 

Difficile de résumer un tel film tant il fourmille de détails parfois saugrenus et tant il est riche en rebondissements en tous genres et bien souvent imprévisibles. Dans sa construction même, il peut dérouter le néophyte du cinéma gore labellisé Sushi Typhoon, comme lorsqu'il propose tout à coup, alors que le film est entamé depuis 45 minutes... le générique ! Déjà auteur des brillants Tokyo Gore Police et Vampire Girl vs Frankenstein Girl, Yoshihiro Nishimura récidive ici avec un film toujours aussi dingo et bourré d'idées démentielles dont il aime à faire son miel : ça coupe, ça charcle, ça sanguinole de tous ses membres, ça explose, ça mord, ça dévore, ça cavalcade, ça s'envole en voiture sans qu'on nous dise comment, ou sur un avion composé de corps humains propulsé par deux missiles. C'est souvent n'importe quoi mais tout aussi souvent très jouissif dans l'excessif. Nishimura est à l'écriture et, comme il est d'abord un créateur d'effets spéciaux, ceux-ci sont de tous les plans, qu'ils soient visuels, de maquillage, ou de synthèse (souvent les moins réussis).

Il y a dans ce cinéma une énergie presque épuisante que les rares plages de répit ne permettent pas d'absorber totalement. Deux ans de pré-production pour arriver à tourner en une quinzaine de jours 2 500 plans, dans un rythme d'enfer pour toute l'équipe du film, c'est probablement trop et Nishimura aurait gagné à couper un peu ici où là pour réduire la durée totale du métrage (presque deux heures), sans pour autant y perdre en qualité, bien au contraire. Mais, comme à son habitude, l'excès est la norme et le paroxysme son objectif. C'est ainsi que l'on n'a pas droit à un moment de bravoure en guise de final en apothéose mais à trois ! Lorsque Kika et ses partenaires affrontent chacun un zombie mutant avec moult difficultés, puis lorsqu'ils se retrouvent poursuivis par l'oncle dégueulasse au volant de sa voiture faite en membres humains ; enfin, lors du duel final entre Kika et sa mère en plein ciel...

 

 

Si tout n'est pas réussi, tout est complètement fou, et on rit parfois des audaces du cinéaste plaçant ses monstres dans un Zombie-Bar animé par un zombie accordéoniste, de cette tronche de fêlé fou furieux de l'oncle qui nous rappelle furieusement le Wez de Mad Max 2, ou de ce bébé mordeur et agressif qui nous remémore un lointain Braindead. Plus étonnant, l'une des zombies bleutées se retrouvera gratifiée de plusieurs membres supplémentaires, offrant à Kika un combat rappelant un peu celui de Sinbad contre la déesse animée par Harryhausen dans son Voyage fantastique et la croix gammée marquant le front du vilain tonton fait qu'on se demande s'il n'a pas un lointain neveu britannique (Made in Britain). Bref, beaucoup de folie pour un film où l'outrance le dispute à l'excessif (l'un des personnages principaux est par exemple une sorte de cowboy qui conduit un énorme pick-up, ce qui n'étonne personne !), sur un scénario assez ténu mais volontiers critique vis-à-vis de politiques férocement parodiés, tout comme l'infantilisation médiatique à leur service.

 

 

Un long-métrage musicalement très varié, même si le métal domine un peu trop, la valse viennoise et les choeurs maléfiques arrivant fort à propos en contrepoints parfois surprenants. Quelques gimmicks, aussi, du réalisateur : une fleur aux pétales grands ouverts augurant mal des geysers de sang à suivre ; un caméo de Shimizu portant un t-shirt à l'enseigne de Ju-On ; des membres qui volent ; des mutations étonnantes... Probablement beaucoup trop speed et brouillon pour certains, cet univers grouillant et parfois mal foutu me plait décidément beaucoup et, à côté de ses congénères tels que Noboru Iguchi (le moyen mais sympathique "Machine Girl", le médiocre Robogeisha) ou Yudai Yamaguchi (le réussi Meatball Machine, le peu convaincant "Yakuza Weapon"), à la régularité moins évidente et aux défauts plus visibles, Nishimura se démène pour offrir à ses spectateurs des friandises au goût d'hémoglobine fort prononcé mais extrêmement goûteuses. J'attends donc avec impatience la sortie de ses prochains opus, tout aussi jubilatoires, espérons-le.

 

 

Bigbonn


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