6 Femmes pour l'Assassin
Titre original: Sei Donne per l'Assassino
Genre: Giallo
Année: 1964
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Mario Bava
Casting:
Cameron Mitchell, Eva Bartok, Tomas Reiner, Ariana Gorini, Dante Di Paolo, Mary Arden, Franco Ressel, Luciano Pigozzi, Massimo Righi, Lea Lander, Francesca Ungaro...
 

L'atelier "Christian" est une maison de haute couture très réputée qui a pour cadre un véritable petit château dont la propriétaire, la Comtesse Como, est également la directrice de l'établissement. Elle est associée à Max Morlachi, un homme d'apparence austère qui s'occupe essentiellement de la partie administrative. La Comtesse, veuve, a hérité de son mari décédé dans un accident de voiture. Elle a pour employés deux modélistes : Cesar et Marco, et une dizaine de modèles. Les ennuis commencent lorsque Christiana découvre le cadavre d'Isabelle, l'un de ses mannequins, dans une armoire.
La police arrive sur les lieux, l'enquête est confiée à l'inspecteur Silvestri. Au fil de l'enquête la liste des suspects ne va cesser de s'allonger, tant les protagonistes à avoir un comportement curieux s'avèrent nombreux. Cesar, au regard torve, serait un impuissant complexé. Marco, lui, est accro aux médicaments et cache son état d'épileptique. Il est amoureux en secret de Peggy. D'autres hommes gravitent d'ailleurs autour de certains modèles ; parmi lesquels le marquis Morelli, amant de Greta, qui dissimule le fait qu'il est ruiné, et Franco Scallo, un antiquaire toxicomane en manque de cocaïne, ex-amant d'Isabelle.
Peu de temps après, Nicole, l'une des modèles, trouve par hasard dans un carton à chapeau le journal intime d'Isabelle. Celui-ci renfermerait des informations compromettantes concernant la plupart des personnes qui travaillent dans l'atelier ou des proches. Evidemment, Nicole ne tarde pas à subir le même sort qu'Isabelle, et elle est à son tour sauvagement assassinée dans le salon d'antiquaire de Scallo, l'arme du crime étant cette fois une sorte de gant métallique serti de pointes. Le tueur s'empare ensuite du sac de la victime... mais le journal n'y est plus.

 

 

Après avoir livré deux oeuvres l'année précédente qui annonçaient déjà une voie nouvelle dans le thriller ("La Fille qui en savait Trop", "Les Trois Visages de la Peur"), Mario Bava transforme ses deux premiers essais en coup de maître en cette année 1964, avec Six Femmes pour l'Assassin. Cette fois, on peut le dire : c'est la naissance du giallo. Si "La Fille qui en savait Trop" reste un tant soit peu classique dans sa réalisation, et figé dans un noir et blanc qui l'empêche de trop se démarquer d'une oeuvre d'Alfred Hitchcock, par exemple ; et si "Les Trois Visages de la Peur" n'aborde véritablement l'esprit du thriller que dans son premier sketch : "Le Téléphone", Six Femmes pour l'Assassin contient l'essentiel des ingrédients qui permettront de codifier le giallo dans les années à venir. Des meurtres graphiques, des décors baroques, une amorce du sadisme et de la démesure qui ne fera que s'amplifier au fil des ans, la femme en tant qu'objet sexuel et victime désignée, et surtout l'archétype du tueur en série : vêtu de noir, masqué, portant un chapeau et des gants de cuir.
Six Femmes pour l'Assassin est non seulement la pierre de fondation d'un nouveau genre, mais un coup de maître signé Mario Bava, celui qui avait déjà révolutionné le cinéma gothique en 1960 avec "Le Masque du démon". Son savoir faire en tant que décorateur et photographe donnera à ses films un cachet et une saveur incomparables, un style unique dans la manière de remplir l'espace avec des couleurs incroyables.

 

 

Depuis le générique d'ouverture, présentant tour à tour les personnages de l'histoire dans des poses figées qui les font ressembler à des statues, dans une semi-obscurité, et au son de la formidable musique de Carlo Rustichelli ; jusqu'au final sanglant et étourdissant donnant à son film des allures d'opéra morbide ; tout dans Six Femmes pour l'Assassin respire la maîtrise et exerce la fascination. Les scènes s'emboîtent les unes aux autres comme des poupées russes, avec un sens du détail chirurgical. L'ouverture sur le château, par un soir d'orage, avec l'enseigne ballottée par le vent et qui finit par se décrocher, laisse augurer des événements qui vont suivre. Et le dernier plan du film, avec le téléphone suspendu dans le vide et bougeant tel un métronome, renvoie directement au sketch "Le Téléphone". Mario Bava sait exploiter le moindre élément de décor anodin pour le rendre essentiel, tout comme il sait jongler avec les lumières et jouer avec les ombres. Ses futurs gialli (Une Hache pour la lune de miel, "L'Ile de l'Epouvante") seront loin de valoir Six Femmes pour l'Assassin, mais grâce à Bava, d'autres cinéastes brillants comme Dario Argento trouveront la voie où s'engager, avec le succès que l'on connaît.

 

 

Flint

 

 

* Sortie chez Studio Canal le 25 septembre 2018 :

 

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