Ile du Dr Moreau, L' (1996)
Genre: Fantastique
Année: 1996
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: John Frankenheimer
Casting:
Marlon Brando, Val Kilmer, David Thewlis, Fairuza Balk, Ron Perlman, Nelson de la Rosa, Mark Dacascos...
Aka: The Island of Dr. Moreau
 

Envoyé par l'O.N.U. pour négocier un traité de paix dans un coin perdu de l'Asie, Edward Douglas est victime d'un grave accident d'avion dont il reste seul survivant. Il est sauvé des flots par Montgomery, un jeune savant qui accompagne sur un bateau une mystérieuse cargaison d'animaux vers une île perdue dans l'océan. L'île, au premier abord paradisiaque, appartient au docteur Moreau, un brillant généticien jadis gratifié du prix Nobel de médecine. Dans la maison de maître, Douglas fait la connaissance de la fille du docteur, Aissa, magnifique créature exotique. La nuit venue, Montgomery enferme Douglas dans sa chambre "pour sa propre sécurité"...

 

 

Mais que s'est il passé sur L'île du Dr Moreau ? (Les informations reprises dans ce paragraphe viennent de diverses sources trouvées sur le net)

Question délicate où la légende et la réalité s'entremêlent pour accoucher de l'un des tournages les plus épiques d'Hollywood. Au départ, il y a bien sûr de bonnes intentions et surtout un scénario écrit par le réalisateur Richard Stanley et le scénariste Michael Herr. Au dire des personnes qui l'ont lu, c'est une excellente adaptation du roman d'H.G. Wells, assez bonne en tout cas pour convaincre Edward Pressman de s'y intéresser.
Le projet se monte donc autour du script et Stanley réussit même le tour de force de rassembler un casting des plus alléchants. Certaines rumeurs parlent d'un casting initial comprenant Marlon Brando en Dr Moreau, James Woods dans le rôle de son assistant Montgomery et Bruce Willis dans le rôle d'Edward Douglas. Si cela est vrai, inutile de dire que lorsque le réalisateur propose son projet à la New Line, les producteurs ne lisent même pas une ligne du scénario, trop occupés à saliver sur le casting. Grossière erreur, car Stanley a déjà en tête l'orientation qu'il voudrait prendre. Mais les problèmes commencent lorsque Willis, préoccupé par son divorce avec Miss Demi Moore, doit quitter le projet, suivi de James Woods. Les producteurs ont alors la très mauvaise idée de le remplacer par Val Kilmer, alors en pleine période de gloire (il vient de tourner "Batman Forever") ; l'acteur s'est déjà forgé une vraie réputation d'emmerdeur. Mais lorsqu'il apprend que son épouse Joanne Whalley Kilmer entame une procédure de divorce, l'acteur demande à quitter le tournage ; seulement, comme il est contractuellement obligé de rester sur le projet, les producteurs refusent. Kilmer exige alors que son personnage soit amputé de près de la moitié de ses scènes. Un compromis est trouvé avec le réalisateur, l'acteur se contentera d'être l'assistant du Dr Moreau, c'est Rob Morrow qui devient alors le héros du film.
Le tournage commence. Stanley voudrait réaliser un hommage à L'enfer des zombies de Fulci et retrouver l'ambiance délétère du film. Absolument pas en phase avec leur réalisateur, les producteurs prennent peur à la vue des premiers rushes sabordés en partie par Kilmer, qui refuse de répéter, alors que ce dernier n'arrête pas de leur dire que le réalisateur ne contrôle plus son film ! Une attitude qui va griller complètement l'acteur aux yeux de Brando, qui semble le seul à rester serein alors que sa fille Cheyenne venait de se suicider. Effrayés, les producteurs licencient Stanley après deux semaines.

 

 

Le réalisateur John Frankenheimer est alors engagé pour continuer le film (on se pose encore la question aujourd'hui : pourquoi lui ?). Il reprend le script de Stanley, qu'il déteste, et avec l'aide de Ron Hutchinson il le modifie complètement. Entre temps, l'acteur Rob Morrows en profite pour quitter le projet, la production essaye de convaincre l'acteur David Thewlis de le remplacer et lui faxe les dix premières pages du script de Stanley, sans préciser que celui-ci à été réécrit depuis par Frankenheimer.
L'actrice Fairuza Balk n'aura pas la chance de partir, malgré ses efforts pour se faire virer du tournage et sa tentative de prendre clandestinement un avion. Elle sera interceptée puis renvoyée sur l'île !

 

 

Stanley avait engagé le maquilleur Steve Johnson pour réaliser les SFX de maquillage, ce dernier avait comme projet de réaliser les effets en post-production grâce aux CGI. Après le départ de Stanley (d'après Johnson), Stan Winston aurait fait le forcing auprès des producteurs pour discréditer son collègue en vantant les mérites des maquillages "traditionnels". Winston réussit à reprendre le contrat et continuer le film ; le maquilleur ne mit jamais un pied sur le plateau, déléguant tout à son assistant qui dut se débrouiller avec quasiment aucune pré-production !
Avant de partir, Stanley détruisit une grande partie de son travail de pré-production et s'enfuit dans la jungle, où il rejoignit un groupe de campeurs dont la plupart avaient été virés du plateau. Stanley, grimé en créature, se fit engager comme figurant et put ainsi surveiller son remplaçant. Il constata que Frankenheimer, qui devait sauver le projet (du moins le maintenir à flot), semblait complètement dépassé.
Le tournage fut des plus chaotiques et Kilmer continua ses enfantillages, Brando ne put réciter son texte que grâce à une oreillette (nettement visible dans certaines scènes!), l'acteur Ron Perlman se fit maquiller chaque jour pendant des heures et quelque fois ne tourna même pas, alors que l'actrice Fairuza Balk refusa de porter les prothèses de maquillage qui devait la transformer !
Après 40 millions de dollars dilapidés et de nombreuses incohérences, le film sera enfin achevé, la légende prétendant que, lors des dernières prises de Kilmer, le réalisateur aurait dit : "virez-moi cette merde de mon plateau !"

 

 

Bon, et le film alors ?

Beaucoup se sont moqués de la nullité de l'interprétation. Cela aurait put être fondé si les comédiens avaient un tant soit peu été dirigés, mais Frankenheimer qui, d'après les rumeurs, avait accepté le projet uniquement pour rencontrer Brando, semblait avoir abandonné tout espoir de direction d'acteurs pour finir au plus vite son contrat. Val Kilmer était nettement sous influence de substance, il fallait le voir draguer les figurantes maquillées en monstres pour s'apercevoir que quelques chose clochait. David Thewlis tirait une gueule pas possible, se demandant ce qu'il foutait dans ce bordel, l'étonnement et la perplexité qu'il affiche perpétuellement lors du film ne semble pas simulée. Fairuza Balk, d'habitude si belle et sauvage, essayait de ne pas trop se faire remarquer ; on avait l'impression qu'elle avait peur d'apparaître à l'écran. Ne parlons pas de la scène de sa mort, tellement bâclée que cela ressemble à un véritable suicide artistique !

Dans cette cour des miracles, il reste Marlon Brando, d'une dignité incroyable même avec un bac à glaçons sur la tête et des tonnes de crème solaire sur le visage. Il arrivait même à jouer quelques scènes émouvantes, notamment avec son alter-ego modèle réduit, interprété par le lilliputien Nelson de la Rosa.
Les fameux "humanimals" sont vraiment impressionnants, résultat inattendu d'un manque évident de préparation dans les effets spéciaux. En effet, les maquillages approximatifs de Stan Winston ne font que renforcer le côté dégénéré des expériences du docteur. Le meilleur exemple est l'homme "hyène", qui est particulièrement saisissant sans être une performance dans les effets spéciaux ! Parmi les (rares) effets réussis, on notera une scène d'accouchement particulièrement crado et impressionnante, on a l'impression que les yeux de David Thewlis vont tomber par terre !
Dans ce véritable bordel artistique, on notera la prestation de quelques seconds rôles comme Ron Perlman (seul survivant de la version originale) ou Mark Dacascos, dont le personnage est sacrifié un peu tôt, qui semblent avoir été les seuls à garder une certaine rigueur professionnelle. Dans son coin, éloigné de toute cette agitation, Kyle Cooper, le designer responsable du générique cultisme de "Se7en", nous concocte une version "génétique" qui (bizarrement) colle au mieux à l'ambiance du film.

 

 

Avec son ambiance malsaine et inconfortable, son script rafistolé, ses effets grotesques, son casting en pleine déconfiture, le tout saupoudré d'excès surréalistes involontaires, L'île du Dr Moreau version New Line est un film malade. Il s'en dégage quelque chose d'indéfinissable ; le film suinte littéralement la résignation, chaque plan semble avoir été accouché dans la douleur et élaboré au terme d'incroyables compromis. C'est pourtant tous ces défauts qui permettent au film de maintenir l'attention du spectateur car ce dernier (s'il n'a pas abandonné après dix minutes) se trouve prisonnier d'une sorte de curiosité malsaine qui le pousse inexorablement à visionner la suite.

Dix sept ans plus tard, Brando et Frankenheimer nous ont quitté, Richard Stanley semble ne s'être jamais remis de cette épreuve et prépare toujours un hypothétique "Hardware 2", Val Kilmer joue les "has been" dans des séries B quelque part dans les pays de l'Est, Fairuza Balk continue sa carrière dans l'indifférence générale (qui se souvient de sa "performance" dans "Dangereuse Alliance" ?) et David Thewlis enchaîne les bonnes surprises ("Harry Potter", "Prisonniers du Temps", "Kingdom of Heaven") et le n'importe quoi (comme le ménopausé "Basic Instinct 2").

 

 

The Omega Man

 

En rapport avec le film :

# Longtemps resté inédit en numérique, le film vient de sortir en DVD et BR, dans une version inédite ! Soyons clair, cette version "unrated" ne change fondamentalement rien au film, seuls un prologue et quelques séquences gore ont été ajoutés.

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