Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera
Titre original: Buon funerale amigos ! paga Sartana
Genre: Western spaghetti
Année: 1970
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Giuliano Carnimeo
Casting:
Gianni Garko, Daniela Giordano, Helga Liné, Antonio Vilar, George Wang, Franco Ressel, Ivano Staccioli...
Aka: A Present for You, Amigo... A Coffin from Sartana / Gunslinger / Stranger's Gold / Buen funeral, amigos, paga Sartana
 

Pourquoi le prospecteur Joe Benson et ses associés se sont-ils faits buter par une bande de hors-la-loi ? Qui a commandité les crimes ? Quel intérêt représentait cette homme dont l'unique fortune consistait en une vieille cabane, un lopin de terre non cultivable et une ancienne mine sans la moindre ressource ? C'est ce que cherche à savoir le mystérieux Sartana, qui va se mettre en quête de trouver le(s) coupable(s) dans la petite ville d'Indian Creek, en cette année 1899. Les deux hommes puissants de la cité se nomment Ronald Hoffman et Lee Tse Tung, respectivement banquier et tenancier de casino. Autour de ces deux personnages gravitent certaines personnes exerçant également quelque influence, parmi lesquelles le shérif et son adjoint Blackie, Mary (Lisa dans la VF) la responsable du saloon/hôtel, Samuel Piggott le croupier, sans oublier le croque-mort, qui grâce à Sartana va voir son chiffre d'affaires remonter sérieusement.
Et puis, voilà qu'arrive à Indian Creek une jolie brune vers qui tous les regards se tournent, Abigail (Jasmine dans la VF), non seulement parce qu'elle est mignonne mais parce qu'elle est la nièce de Benson, et son unique héritière. Un héritage qui semble susciter bien des convoitises, chose plutôt curieuse quand on sait que le patrimoine du vieil homme ne valait pas un clou. A moins que...

 

 

Le Sartana de Bonnes funérailles, amis... n'a plus rien en commun avec celui des Colts de la violence d'Alberto Cardone, réalisé en 1966, si ce n'est qu'il est interprété par le même acteur, Gianni Garko. Entre temps, Sartana est devenu un héros à part entière, ou un anti-héros, nimbé d'une aura de mystère tout comme le personnage de Django. Il n'a plus le cheveu sale et la barbe de trois jours, il est au contraire rasé de près, la rouflaquette et la moustache élégantes, et sapé comme un prince.
Sartana apparaît ici comme une entité quasi-surnaturelle. Il a le don d'apparaître là où on s'y attend le moins, est capable d'anticiper les actions de ses ennemis, trouve toujours une solution aux problèmes les plus épineux. Il est aussi fin psychologue, tireur d'élite, maniant avec dextérité toutes sortes d'armes à feu, du fusil au pistolet. Il dispose également, à l'instar d'un James West, de toute une batterie de gadgets, comme une montre-miroir mais surtout un jeu de cartes aux bords métalliques et coupants, qu'il lance sur ses adversaires avec la même efficacité qu'un shuriken. D'une manière générale, le moindre objet dans les mains de Sartana devient une arme potentiellement mortelle.

 

 

Ainsi Sartana est-il montré au spectateur comme un personnage à qui il ne peut rien arriver. Cette impression se confirme au fil des minutes, tuant tout suspense, mais le but du réalisateur étant de livrer un film de divertissement, il remplit haut la main son cahier des charges dans ce domaine. Si l'on devine aisément que Sartana parviendra à ses fins, on ignore cependant quelles sont ses motivations. Ce n'est pas l'argent (il brûle une liasse de billets dès le début du film), ni l'amour (il ne cherche pas à conquérir Abigail, même s'il existe un jeu de séduction entre les deux personnages). Ce n'est pas l'attrait du pouvoir non plus, et pas vraiment la vengeance, Joe Benson n'était en vérité qu'une fripouille. Mais Sartana possède indéniablement un code d'honneur et un idéal de justice. Et il sait se montrer magnanime (il pardonne à Abigail sa "petite" fourberie), voire bon prince (il épargne Lee Tse Tung après un combat homérique).
L'humour est également de mise dans Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera. Fort heureusement, les gags sont disséminés à bon escient et ne sont pas lourds comme on le verra plus tard avec quelques Trinita.

 

 

Tandis que l'intrigue avance, on pense que Giulano Carnimeo va refaire le coup de "Yojimbo", comme c'était le cas dans Pour une poignée de dollars, et comme le fera Stelvio Massi (ici directeur de la photographie) dans "The Last Round". Mais en fait, pas du tout, Sartana ne cherche pas à intégrer l'un ou l'autre clan, ni à les monter l'un contre l'autre. Sans être foncièrement originale, l'intrigue se suit cependant avec beaucoup de plaisir, d'autant que le film ne comporte pas le moindre temps mort du début jusqu'à la fin. Un petit tour de force pour un cinéaste somme toute aguerri et déjà expérimenté dans le western à cette époque. En 1970, Carnimeo, sous son célèbre pseudonyme d'Anthony Ascott, a déjà à son actif quelques œuvres notables comme Le moment de tuer et "Le fossoyeur". Il réalisera quatre films mettant en lice le personnage de Sartana et encore d'autres westerns, avant de bifurquer brièvement vers le giallo (Les rendez-vous de Satan) puis la sexy-comédie ("La championne du collège" et "Une fille vachement sympa", tous deux avec Nadia Cassini). En fin de carrière, Giuliano Carnimeo s'essaiera également au post-nuke et à l'horreur avec "Les exterminateurs de l'an 3000" et Ratman.

 

 

Gianni Garko, s'il reste célèbre pour son incarnation de Sartana en plusieurs occasions, n'en est pas moins un acteur à multiples facettes qui entama sa carrière à la fin des années 1950 pour rester actif jusqu'au milieu des années 2000. Un long parcours marqué sous le sceau du western, évidemment, mais pas uniquement. On l'a remarqué dans le péplum, le film d'aventures ("Les Mongols"), le polar, le fantastique (le très bon La nuit des diables de Georgio Ferroni) et le giallo avec L'emmurée vivante. Il est ici entouré de deux très belles actrices incontournables du cinéma de genre : Daniela Giordano et Helga Liné. Même si cela n'est pas très visible à l'écran, quinze années séparent les deux stars. L'aînée, Helga, débuta au cinéma dès l'âge de quatorze ans, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Une carrière qui va s'étaler sur six décennies, avec bon nombre d'œuvres incontournables pour la Berlinoise (cf chronique de Kriminal). Quant à la Sicilienne Daniela, elle commenca à tourner à la fin des sixties. Elle se fera remarquer dans des films comme Vendredi sanguinaire, Une nuit mouvementée ou encore La casa della paura. Bonnes funérailles, amis..., en plus des qualités déjà évoquées, présente aussi l'avantage de donner du corps à ces deux personnages féminins, et donc d'éviter d'en faire de simples faire-valoir comme ce fut trop souvent le cas dans le western européen.

 

 

Si l'on rajoute l'entraînante partition musicale de Bruno Nicolai, dont l'influence de Morricone se fait ici particulièrement sentir, et la belle photographie de Stelvio Massi, qui excella dans ce domaine avant de devenir un réalisateur spécialisé dans le polar quelques années plus tard, on peut dire que Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera est à classer parmi les réussites du western spaghetti.

 

Flint


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