Saxane à l'école des sorcières
Titre original: Dívka na kosteti
Genre: Comédie , Sorcellerie
Année: 1971
Pays d'origine: Tchécoslovaquie
Réalisateur: Václav Vorlíček
Casting:
Petra Cernocká, Jan Hrušínský, Jan Kraus, Jana Drbohlavová, Vlastimil Zavřel, Vladimír Menšík, Jan Libíček, František Filipovský...
Aka: The Girl on the Broomstick
 

La jeune sorcière Saxana (prononcé en tchèque, cela sonne vaguement "sexe Anna" et même parfois on croit entendre un "l" final) a beau avoir déjà tous les attributs nécessaires à la maternité, elle n'en continue pas moins à suivre une scolarité peu brillante dans ce qui ressemble à la version troglodyte d'un internat. On en conclura donc que Saxana est beaucoup plus précoce physiquement qu'intellectuellement. Elève peu appliquée, son incapacité à maîtriser les métamorphoses en animaux lui vaut d'être collée à la fin des cours pour une période de 300 ans (les notions temporelles sont différentes dans le monde des sorciers). Là, elle fait la connaissance de l'homme à tout faire de l'internat, par ailleurs vampire, qui a vécu un temps parmi les humains. En conversant avec lui, elle apprend la formule lui permettant d'aller dans ce monde d'en haut, mais pour une durée de 72 heures, à moins de consommer une décoction d'oreille de sorcière (qui est en fait le nom vernaculaire tchèque de la sauge verticillée, mais cela Saxana l'ignore). Mécontente de sa situation actuelle et rêvant depuis longtemps de ce féerique monde des humains, Saxana prononce la formule...

 

 

Sous le titre français (celui de la sortie vidéo québécoise en fait, ce métrage n'ayant jamais connu de projection dans les salles obscures hexagonales) pour le moins ridicule de Saxane à l'école des sorcières, si ridicule que l'on pourrait croire à une mauvaise parodie de Harry Potter (expression qui a un aspect doublement, voire triplement, "pléonasmique") se cache en fait une comédie familiale du célèbre duo tchèque Václav Vorlíček (à la réalisation) et Miloš Macourek (au scénario). Alors, disons-le tout net, malgré cette illustre paternité et malgré son excellente réputation dans ses deux patries d'origine, le film ne vaut pas mieux que son titre québécois ; en d'autres termes : ce n'est pas terrible. En soi, cette comédie plate et anémique n'a rien de particulièrement honteux, mais si on la compare à ce que le duo Vorlíček-Macourek faisait à la même époque, la déception est de taille.

Il faut dire que le scénario semble être tiré des fonds de tiroir de Milos Marcourek et que l'on a une espèce d'ébauche mal dégrossie de Comment noyer le Dr Mracek ou la fin des ondins en Bohême. Après un générique dessiné plutôt bien foutu (de loin ce qu'il y a de mieux dans le film) et un prologue Troglodyte relativement correct (les dix premières minutes), les choses tournent mal avec l'arrivée de Saxana dans notre monde, enfin dans la Tchécoslovaquie du tout début des années 70. Gags mal amenés, mal servis, tombant à plat et répétitifs... il faut vraiment être de bonne composition pour arriver à décrocher un sourire. Il faut dire aussi que la réalisation particulièrement molle et peu concernée de Václav Vorlíček est aussi pour beaucoup dans ce qu'il faut bien appeler un ratage. Le "n'importe quoi" habituel des scénarios de Marcourek demande un rythme, un grain de folie nécessaire pour faire passer le tout ; hélas, ici le rythme est celui d'une tortue cacochyme.

 

 

Mais le pire, il faut bien le dire, c'est l'interprétation. Non pas que cette dernière soit calamiteuse, mais pour faire passer ce genre de gags parfois assez téléphonés il faut une "vis comica" et un métier que les jeunes apprentis acteurs du trio vedette ne possédaient pas, en tous cas pas à l'époque du film. C'est quasiment toujours le cas avec des comédiens adolescents : ils ont perdu le naturel des enfants et n'ont pas encore eu le temps d'apprendre le métier ; donc, sauf à avoir la conjonction d'individus particulièrement doués et d'un directeur d'acteurs génial à la mise en scène, il ne faut pas s'attendre à un miracle, et ici de miracle il n'y eu point. Autre problème, les jeunes condisciples boutonneux et masculins de Saxana dans "le monde d'en haut" paraissent beaucoup plus jeunes qu'elle, et de fait ils le sont, soit quatre à six ans de moins, ce qui à cet âge-là est énorme. Alors, Petra Cernocká a beau avoir une frimousse juvénile et paraître moins que ses 22 ans, le "couple" (purement platonique, je vous rassure) qu'elle forme avec l'acnéique Jan Hrušínský (16 ans à l'époque) n'est pas crédible une seule seconde.

 

 

Alors, les jeunes "acteurs" sont certes entourés de comédiens plus expérimentés, mais ceux-ci sont cantonnés dans des rôles très secondaires et sont pour la plupart des quasi-inconnus. Exception notable, un Vladimír Menšík pas très en forme (très amaigri et le visage exagérément bronzé, sans doute au sortir d'une cure de désintoxication alcoolique) et un Jan Libíček pas très concerné (et particulièrement gros, lui, pour le coup). Si Petra Cernocká n'était, elle, plus vraiment une adolescente, elle était par contre une débutante au cinéma mais une vedette de la chanson tchèque (elle interprète les deux génériques du film). Si physiquement elle ressemble de façon frappante à Marlène Jobert au même âge, sa carrière d'actrice se limitera quasiment à ce seul film. Ses jeunes camarades, eux, persévéreront par la suite ; il faut dire qu'ils étaient issus de familles d'artistes. Ainsi, Jan Hrušínský est le fils de Rudolf Hrusínský, le héros de L'incinérateur de cadavres et un grand second rôle dans les comédies de Lipsky, ce qui fait de lui le petit-fils de Rudolf Hrušínský, le frère cadet de Rudolf Hrušínský et l'oncle de Rudolf Hrušínský. Non je n'ai pas bu, enfin pas plus que d'habitude, c'est juste que dans la famille Hrušínský tous les fils aînés se prénomment Rudolf.

 

 

Notons qu'une suite de ce film est sortie en 2011, réalisée par Vorlíček à partir d'un scénario coécrit avec Macourek dans les années 90, et fut un bide intégral.

 

Sigtuna

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