Hercule contre les fils du soleil
Titre original: Ercole contro i figli del sole
Genre: Aventures , Peplum
Année: 1964
Pays d'origine: Italie / Espagne
Réalisateur: Osvaldo Civirani
Casting:
Mark Forest, Giuliano Gemma, Anna-Maria Pace, Ángela Rhu, Giulio Donnini, German Grech, Andrea Scotti, Franco Fantasia, Carlo Latimer...
Aka: Hercule l'invincible contre les fils du soleil / Les fils du soleil / Hercules contra los hijos del sol
 

Echoué sur une côte d'Amérique Latine, Hercule (Mark Forrest) découvre alors une tribu Inca aux pratiques sanguinaires, dont les rebelles tentent de s'insurger contre les rituels barbares de leur chef tyrannique. Il va aider le prince Maytha (Giuliano Gemma), passé du côté rebelle, à reconquérir le trône de son roi bien aimé, Ata Hualpa (Franco Fantasia), emprisonné de force, ainsi qu'à sauver la jeune et belle princesse Hamara (Anna-Maria Pace) d'un pseudo sacrifice au dieu Soleil. Autrement dit et en parlant de trône, ça va chier !

 

 

Sur Psychovision, on connaît parfaitement le réalisateur Osvaldo Civirani mais nous n'en parlons que très peu, voire jamais, si ce n'est à l'occasion de son décès, en 2008, où un canonique hommage lui fut rendu en ces termes : "Son "Le SS était là" est juste le pire film de guerre jamais démoulé" et "ses faits d'armes les plus célèbres resteront "Le dieu noir" avec une Karin Schubert empapaoûtée par des sorciers vaudou". Ma foi, que dire de plus ? Tout ceci ne semble a priori pas volé. A fortiori lorsque l'on découvre un tant soit peu le reste de sa filmographie. Son "Diable à sept visages", vrai faux giallo reprenant les ficelles et les acteurs-pantins du genre du moment (Hilton/Baker) était fin plat et sans surprise aucune. Quant à son "Retour de Django", sorti chez Sidonis, bien que non vu par votre serviteur (cancre de seconde zone lui aussi), il vaut peut-être son petit coup d'oeil. Son oeuvre, si tant est qu'on puisse nommer ainsi la somme de son travail peu Herculéen, semble d'avantage faite de curiosités que de réussites. En témoignent "Le Mans, circuit de l'enfer" avec la toujours bien carrossée Edwige Fenech (actrice aux seins ressemblant à des klaxons et qui, quoi qu'en disent certains réhabilitators, a plus souvent été engagée pour la forme que pour le fond, encore moins pour ses immenses qualités d'actrice). Enfin, on doit également à Civirani deux mondos, ce en début de carrière ("Sexy proibitissimo" et "Tentazioni proibite"), et plus globalement une vingtaine de films dont un "Lucrèce, fille des Borgia", pour rester dans le domaine du péplum, enfin... à sa lisière borderline pour être plus exact.

 

 

Hélas, mille et une nuits de fois hélas, ce Ercole contro i figli del sole ne relève guère le niveau. Coloré comme l'unique perroquet du film, mis entre les mains (plutôt que dans son cul ou sur sa tête, comme le reste des figurants) du roi déchu Ata Hualpa , retenu prisonnier dans une geôle, Hercule contre les fils du soleil n'est pas à proprement parler ennuyant...

Non, le film de Civirani s'avère aussi crétin qu'il est fantaisiste : sorte de pulp machine à explorer le temps dans tous les sens, on y trouve donc un Hercule, héros de l'antiquité grecque ayant vécu vers 1700 avant Jésus Christ, téléporté en pleine civilisation précolombienne, soit au XIIIe siècle, grâce à un naufrage détourné façon Planète des singes et Morlocks style. On peut par ailleurs, en ergotant un peu plus encore, déclarer que Hercule est un génie... Il découvre ici, grâce aux bons soins de Civirani, la partie occidentale de l'Amérique du Sud, au choix, 2000 ans ou 700 ans avant cette buse de Christophe Colomb qui du coup passe pour un pigeon. Vous me direz, "oui mais bon, c'est du pulp, de la pulpe de B.D. élevée au roman de gare, en batterie, non pas au grain et en plein air…" Soit, c'est pas le Pérou, mais arrive un moment où manger de la merde industrielle suffit.
Cela dit, pour enfoncer le totem dans la plaie, sachez tout de même que nos amis incas et notre copain Héraclès se mettent, dès qu'ils font connaissance, à parler la même langue (le grecaymara ?), dialecte cosmique élaboré pour ces 90 minutes de délire filmique. Une irrévérence tant marquée, que nos rebelles incas se servent même de machines de guerre romaines pour assiéger des fortifications ennemies. (On suppute que cet intello maître es guerre de Hercule leur a fait part de son savoir... Pourtant, à l'écran, rien de tout ça n'est illustré ! On attend un jour une suite, pourquoi pas "Un homme nommé Hercule"...)

 

 

Pour les choses plus terre-à-terre et les considérations plus cinéphilistines, Ercole contro i figli del sole arbore assez souvent des allures crypto-gay, entre un Hercule exerçant d'énormes pressions sur de gros rochers et un Giuliano Gemma le regardant avec le sourire d'un boeuf, niais et béat tout du long, comme transit devant le corps musculeux, tout en forme vache-qui-rit, de l'ami Mark Forest, créature d'un autre monde, bodymonster from another planet venu s'échouer comme un gros phoque en lui voulant du bien. Pas de doute, comme le suggère José Riesgo en salopard de roi Huasca usurpateur de trône, Civirani nous prendrait pour des ploucs qu'il ne pourrait pas mieux faire ! On peut néanmoins lui attribuer le mérite d'essayer de relancer un Hercule (pourtant massif) dans des chemins délirants.

A charge encore, faut bien avouer que quechua casting, le réalisateur ne se montre que peu inspiré : Ángela Rhu, en reine, ne remue pas le quart d'une fesse ; Anna Maria Pace, en princesse, semble s'être coincée un quipu au même endroit ; le jeu des autres acteurs est à (Dominique) l'avenant.

 

 

Quant aux batailles, enfin surtout la dernière vu qu'il n'y en véritablement qu'une, ce entre deux séances de danse avec un sacrifice féminin en prévision, outre une très légère touche de violence soft (what is this ?), elles se limitent le plus souvent à des champs/contre-champs. On y trouve d'ailleurs toujours cette fâcheuse propension à voir les lances partir telles des brindilles emportées par le vent pour venir se planter vigoureusement -on ne sait par quel savant raccord- dans les poitrails d'ennemis coriaces.

Somme toute, pas de quoi cracher dessus comme le dernier des lamas... car domine malgré tout dans cet Hercule contre les fils du soleil (des fils qui passent tout de même pour cons comme la lune, que cela soit gravé dans la pierre !), un sentiment constant d'assister à un spectacle bigarré, un bariolage badin couché sur pellicule, pas complètement déplaisant, un petit peu comme un arc-en-ciel qu'on regarderait en se fumant un pétard un soir d'été, en bord de plage... avant de se faire chier dessus par une mouette.

 

 

Mallox

 

 

* Sur le site d'Artus Films :

 


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