Violadores del amanecer, Los
Genre: Polar , Drame
Année: 1978
Pays d'origine: Espagne
Réalisateur: Ignacio Farrés Iquino
Casting:
Mireia Ros, Linda Day, Eva Lyberten, Alicia Orozco, Silvia Solar, Joan Borràs, Antonio Molino Rojo, Bernard Seray, Manuel de Benito...
Aka: The Dawn Rapists
 

Dans les faubourgs de Barcelone - Quatre garçons et une jeune femme enceinte jusqu'aux yeux prennent un plaisir malsain à semer la terreur. A la fois pour tromper leur ennui et laisser libre cours à leurs penchants pervers, ils vont enlever successivement trois filles. Et cela toujours selon le même mode opératoire : la bande observe les habitudes de la future victime, afin de pouvoir la kidnapper lorsqu'elle est isolée ou insuffisamment protégée. Elle est ensuite emmenée en voiture dans un endroit retiré (une maison pour la première, Maria ; un terrain vague pour les deux suivantes, Dana et Elisa). Là, elle va subir les derniers outrages par chacun des mâles de la bande, avant d'être abandonnée à son triste sort. La police enquête et cherche à les arrêter à tout prix, mais les flics ont affaire à des délinquants sans état d'âme, prêts à tout afin d'assouvir leur besoin de violence.

 

 

"Orange mécanique" (1971) et La dernière maison sur la gauche (1972) font partie des oeuvres ayant établi les codes de l'ultra-violence, ou tout du moins d'une violence exacerbée, et exprimée à l'écran par des acteurs qui sont allés jusqu'au bout dans leur rôle, jusqu'à provoquer le dégoût chez le spectateur. Très vite, Alex DeLarge et Krug Stillo ont fait des émules, particulièrement au sein du cinéma de genre. Ainsi trouve-t-on durant les années qui suivent bon nombre d'ersatz des personnages incarnés par Malcolm Mc Dowell et David Hess. On peut citer par exemple La rançon de la peur en 1974, avec un Tomas Milian déchaîné, "Le dernier train de la nuit", "Violez les otages", "Terror Express" ou encore "La maison au fond du parc" (où David Hess reprenait quasiment le rôle qu'il tenait dans le film de Craven).

Si l'Italie s'est avérée très prolifique dans ce domaine, l'Espagne s'est également essayée au genre à cette époque, notamment dans ce méconnu Los violadores del amanecer (que l'on pourrait traduire littéralement par "Les violeurs au point du jour"). Ce film a été réalisé par Ignacio F. Iquino (1910-1994), scénariste de longue date et réalisateur d'environ quatre-vingt longs métrages entre 1934 et 1984. Un demi-siècle durant lequel il aborda bien des genres : le polar, le mélodrame, le western ("5 Rafales pour Ringo", "Quatre salopards pour Garringo") ou encore la comédie. En 1974, il tourne pour la firme Eurociné "Chicas de alquiler", avec au casting Alice Arno et Silvia Solar. En fin de carrière, Iquino se tournera vers l'érotisme ("Emmanuelle y Carol", "Où sont les hommes ?") et se permettra même une incursion mémorable dans l'horreur avec Secta siniestra.

 

 

A la vision de ce Los violadores del amanecer, on constate qu'Iquino n'a pas cherché à mettre dans son film certains ingrédients propres au poliziottesco ou au rape and revenge. Ici, la police est bien présente et intervient quand elle en a les moyens, mais sans excès tout en faisant preuve d'une relative efficacité. Le commissaire Vives (interprété par Joan Borràs, vu dans Los mil ojos del asesino) ne ressemble en rien à ses comparses italiens campés par Maurizio Merli ou Luc Merenda. C'est un type ordinaire, dont le physique ne le prédispose pas à jouer des poings ni à faire des cascades. C'est néanmoins un policier sérieux, qui prend soin de réconforter les proches des victimes et de travailler en équipe. Quand à l'aspect "vengeance", il n'y en a pas. Par contre, les trois scènes de viol sont particulièrement glauques, d'autant qu'elles sont très longues et plutôt réalistes. Les victimes sont tour à tour rudoyées, humiliées, déshabillées puis violées à plusieurs reprises. Les quatre jeunes délinquants agissent comme une meute de loups dans laquelle la hiérarchie serait perpétuellement contestée. Ainsi se battent-ils pour être le premier à "passer" sur le corps de la victime, cette dernière étant réduite à un vulgaire "paquet de viande", un état de fait accentuant un peu plus le malaise que peut ressentir le spectateur.

 

 

Le réalisateur évite le piège de la monotonie en alternant les scènes de viol avec d'autres larcins commis par la même bande. Tous plus antipathiques les uns que les autres, nos voyous se livrent à toutes sortes de rapines, dès lors que ça leur permet de gagner de l'argent. Ils se rendent ainsi dans un hôtel de passe pour détrousser les clients, et commettent aussi un braquage dans une station-service. Cependant, Iquino a la bonne idée de montrer également le traumatisme engendré par les criminels, pas seulement sur les victimes mais aussi leur entourage proche. On a en quelque sorte un aperçu des dommages collatéraux occasionnés lorsque ce genre de tragédie touche une famille, et cela renforce l'aspect dramatique du film.
Par contre, il fait ensuite intervenir la police en pleine élection de "Miss seins nues", là où certains membres de la bande étaient venus se réfugier. On bascule brusquement (avec cette kyrielle de jeunes filles topless entourées de mâles au regard libidineux) dans le pur film d'exploitation, sans que cela nuise pour autant à la cohésion de l'histoire.

 

 

En ce qui concerne le casting, on ne relève pas de noms connus parmi la bande de violeurs. Bernard Seray a néanmoins joué dans Virus Cannibale et Manuel de Benito dans Sexy Cat. Par ordre d'apparition à l 'écran, Linda Lay, Mireia Ros et Eva Lyberten (les victimes) ne sont pas très connues non plus. La première n'a tourné qu'une demi-douzaine de longs métrages, dont plus de la moitié pour Ignacio Iquino. Eva Lyberten a quant à elle été aperçue dans "Patricia un voyage pour l'amour" (avec Anne Parillaud) et "Blanche Neige et les sept sadiques".
On relèvera quand même deux noms plus familiers parmi les seconds rôles. Silvia Solar, qui campe la tante de l'une des victimes, est une actrice française (de son vrai nom Geneviève Couzain) que la fameuse firme Eurociné fit tourner en plusieurs occasions ("L'homme à la tête coupée", Le baiser du diable). On a pu également la voir dans "Coplan ouvre le feu à Mexico", "Dans les griffes du loup-garou" (avec Paul Naschy) et le giallo Eyeball d'Umberto Lenzi.
Enfin, Antonio Molino Rojo (incarnant le père d'un des violeurs) fut un acteur récurrent du cinéma de genre espagnol. Il écuma les rôles dans les péplums ("Persée l'invincible"), les films d'aventures ("Sandokan le tigre de Bornéo") et les westerns ("Garringo").

 

 

Demeuré inédit en dehors de son pays d'origine, Los violadores del amanecer possédait pourtant les mêmes atouts que des oeuvres similaires tournées à cette époque en Italie. Les scènes-choc ne manquent pas, en effet, le film étant loin d'être avare en violence comme en nudité (dont une fille enceinte et presque à terme, chose plutôt rare à l'écran). Il aurait donc pu facilement faire carrière hors de ses frontières, en France, en Italie ou en Allemagne. Mais ce ne fut pas le cas, comme bon nombre de longs métrages d'Ignacio F. Iquino, finalement.


Flint

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