Trog
Genre: Science fiction , Fantastique
Année: 1970
Pays d'origine: Royaume-Uni
Réalisateur: Freddie Francis
Casting:
Joan Crawford, Michael Gough, Bernard Kay, Kim Braden, Joe Cornelius, David Griffin, David Warbeck...
 

Lors d'une expédition souterraine, des spéléologues amateurs tombent sur un être à mi-chemin entre l'homme et le primate. Cette découverte va fasciner le Docteur Brockton, qui va consacrer son temps à étudier celui qu'elle appelle Trog. Mais un bigot puritain va tenter de faire tuer Trog, dont l'existence confirme la thèse de l'Évolution, un affront à ses croyances religieuses...

 

 

Rendons directement au film sa monnaie de singe : Trog, alias L'Abominable homme des cavernes, demeure le film le plus abominable de son réalisateur.
On ne va pas refaire la filmographie de ce dernier mais il suffit d'avoir vu ses travaux en tant que directeur de la photographie ("Les chemins de la haute ville" et "Les innocents" pour Jack Clayton, "Elephant Man" et "Dune" pour David Lynch) pour mesurer l'ampleur de son talent à ce niveau. En tant que réalisateur, s'il ne s'est jamais avéré aussi brillant, ses films sont d'une manière générale d'une bonne tenue. Ses travaux pour les thrillers de la Hammer sont plus qu'honorables et parmi eux on peut citer Paranoïaque ! et Meurtre par procuration, tandis qu'il est par ailleurs l'auteur de films fantastiques et horrifiques tout à fait recommandables tels que "Le train des épouvantes", "Histoires d'outre-tombe", "L'empreinte de Frankenstein", "Le jardin des tortures", "La chair du diable", "Dracula et les femmes" ou encore "Le docteur et les assassins". Cependant, il lui arrive aussi de se rater, ce qui, dans ce cas, donne des aberrations filmiques telles que "The Deadly Bees" mais aussi et surtout Trog.

 

 

Avec pas moins de trois scénaristes dont John Gilling (L'Impasse aux violences, Le spectre du chat, L'Invasion des Morts-Vivants), Peter Bryan, romancier qu'Antonio Margheriti adaptera au cinéma avec Les diablesses (giallo orang-outan) et Aben Kandel ("Konga"), autant dire qu'il y avait de quoi bâtir là une histoire solide, sinon fantaisiste et sympathique. Disons-le aussi, sans même rentrer dans les considérations scientifiques telles que la congélation humaine et le réchauffement climatique (déjà !), c'est loin d'être le cas !
Le tour de force de Trog est qu'une fois notre ami troglodyte mis en cage, il ne se passe plus rien ou presque. Le presque tenant le plus souvent du prêchi-prêcha anti-darwiniste. Comment peut-on oser traiter ce mutant cryogénisé comme un animal ? N'y a-t-il pas une part d'humanité qui fait de lui et de son statut de prisonnier, une victime ? Entre les pénibles spéculations de miss Joan Crawford (en femme forte comme à l'usuel, et qui du reste regrettera sa participation à ce navet faisant office de fin de carrière) et la présence plus décontractée de Michael Gough, rien à faire, ça ne le fait pas.
Des discussions sans fin ne distillent qu'ennui puis lassitude, on a même droit à une scène de combat entre dinosaures issue de "The Animal World" d'Irwin Allen, celle-ci étant censée illustrer la mémoire de Trog lue par des scientifiques.
De l'autre côté, pour illustrer l'humanité du pseudo monstre, on en fait d'un coup d'un seul un être protecteur qui se prend d'amitié pour une fillette. La source de cette astucieuse idée n'est rien d'autre que le "Frankenstein" de James Whale. A cet égard, ce qui peut distiller de la poésie d'un côté peut, sorti de son contexte et a contrario, tomber dans le ridicule le plus total.

 

 

Dans ce fatras digne de l'an zéro du cinéma, jamais Joan Crawford et Michael Gough, lesquels sortaient du Berserk ! de Jim O'Connolly, ne jouent sur le même registre. Le second paraît s'amuser de sa propre présence dans ce pensum babouineux tandis la première semble tenir à son image de femme forte, avec des couilles plus grosses que celles d'un gorille. Johnny Guitare et Baby Jane semblent s'être accouplés en générant une sorte de trans dictatorial et humaniste, qui par ailleurs obligea la production à placer au moins une scène avec la marque Pepsi-Cola dont elle était, alors, membre du comité de direction.

Outre de mentionner la présence anecdotique de David Warbeck (une petite scène comme journaliste), rendons enfin hommage à la star du film : Trog (comme troglodyte).
En dehors du fait qu'il se révèle aimer les poupées et plus encore, les petites filles, outre que sa partie simiesque lui confère une empathie humaine plus grande que la nôtre, Trog est mélomane : élevé aux pets de dinosaures et aux ballets de ptérodactyles lui lâchant des fientes sur le crâne, on peut comprendre qu'il se fâche lorsqu'on lui passe du yé-yé jusqu'à péter cet appareil diabolique issu de l'au-delà. En revanche, Trog sera toujours partant pour danser telle une ballerine au son d'une p'tite sérénade de Mozart ou d'une partition pour piano de Chopin. L'est comme ça le Trog, sensible à l'art et exigeant sur la marchandise.
Affublé d'un costume récupéré dans le prologue de "2001, l'odyssée de l'espace", l'acteur campant notre homme-singe est de loin le plus naturel de ce film à-la-con. Logique, il s'agit de Joe Cornelius. Ça ne s'invente pas...

 

 

Mallox

Vote:
 
0/10 ( 0 Votes )
Clics: 4668
0

Autres films Au hasard...