Noires sont les galaxies [Série TV]
Genre: Fantastique
Année: 1981
Pays d'origine: France
Réalisateur: Daniel Moosmann
Casting:
Richard Fontana, Catherine Leprince, François Perrot, Catriana MacColl, Stéphane Bouy...
 

Que ce soit au cinéma ou à la télévision, le créneau de l'horreur et du fantastique n'a pas souvent été exploité en France par rapport à d'autres pays, notamment anglo-saxons. En ce qui concerne la télévision, on recense toutefois quelques séries de qualité parmi lesquelles "Belphegor" (1965), La Brigade des maléfices (1971), "Aux frontières du possible" (1971), "La poupée sanglante" (1976) ou encore "L'Île aux trente cercueils" (1979).

En mai et juin 1981, Antenne 2 diffuse Noires sont les galaxies, une série relativement courte de quatre épisodes. Ces derniers sont d'une durée variable (respectivement 58, 62, 53 et 46 minutes). L'histoire se focalise sur un interne en médecine, Patrick, impliqué malgré lui dans une mystérieuse affaire de disparitions de cadavres. Lors de ses pérégrinations, Patrick fait la connaissance de Coretta, une chanteuse de cabaret. Une rencontre sur un terrain vague durant laquelle la jeune femme poignarde involontairement son agresseur, Belloni, le patron de la boîte de nuit dans laquelle elle travaillait. C'est alors qu'un inconnu leur vient en aide pour se débarrasser du corps de Belloni. Cet homme n'est autre que le voleur de cadavres. Un peu plus tard, contre une forte somme d'argent, Coretta et Patrick acceptent de lui fournir le corps d'une jeune femme fraîchement décédée, une suicidée placée à la morgue de l'hôpital.

 

Le temps passe, et six mois plus tard Coretta tombe nez-à-nez avec Belloni. Elle s'évanouit. L'homme vient à son secours. Il lui dit s'appeler Maubourdun, bijoutier de son état, et lui jure qu'il ne la connaît pas. L'affaire se complique encore plus lorsque que Patrick et Coretta font la connaissance de la femme de Maubourdun, parfait sosie de la personne qui s'était suicidée quelques mois plus tôt.

 

 

Réalisé par Daniel Moosmann, un metteur en scène ayant surtout travaillé pour la télévision mais néanmoins responsable d'une demi-douzaine de longs métrages, Noires sont les galaxies partait sur de bonnes bases, sachant que le scénariste, Jacques Armand, avait œuvré préalablement sur de bonnes séries comme "Belphegor", "Ces beaux messieurs de Bois-Doré" et "Gaston Phébus".

Malheureusement, Noires sont les galaxies souffre de carences à divers niveaux, malgré une bonne idée de départ, où deux races extraterrestres rivales (les Exis et les Ninx) jouent leur survie sur la planète Terre. Sur le papier, c'est plutôt bon, mais à l'écran c'est loin d'être parfait. D'une part, le rythme est quasi-inexistant, et d'autre part le jeu des acteurs s'avère inégal. On en a très vite la preuve dès les premières minutes, voyant deux ambulanciers (transportant un cadavre qui leur sera dérobé) s'arrêter dans un bar, l'un d'entre eux se bourrant la gueule, reprenant le volant et manquant de peu de provoquer plusieurs accidents. Une scène sans aucun intérêt, si ce n'est le fait que quelqu'un vole des macchabées.

 

 

Mais le problème essentiel réside dans le choix du premier rôle masculin. Celui-ci revient à Richard Fontana, alors âgé de trente ans, et avant tout homme de théâtre qui deviendra d'ailleurs sociétaire de la Comédie-Française en 1983 (avant de mourir prématurément à l'âge de quarante et un ans). Brillant au théâtre, il semble au contraire mal à l'aise dans cette série fantastique, et cela se ressent fortement dans son jeu, souvent hésitant. Catherine Leprince, qui incarne Coretta, est un ton au dessus, même si elle semble parfois larguée dans une intrigue il est vrai assez confuse. Après avoir joué dans des films comme "Le choc", "Vive les femmes" et "Escalier C", l'actrice stoppa sa carrière à l'aube de l'an 2000 pour se reconvertir en psychothérapeute, puis romancière.
En fait, dans Noires sont les galaxies, ceux qui tirent le mieux leur épingle du jeu sont les deux seconds rôles "principaux", à savoir François Perrot et Catriana MacColl, qui jouent le couple d'Exis venant en aide aux deux héros.

 

 

François Perrot, qui fêtera ses quatre-vingt-treize ans le 26 février prochain, a débuté au cinéma en 1954 dans un Lemmy Caution : "Les femmes s'en balancent", de Bernard Borderie. En 2013, on le voyait encore dans "Quai d'Orsay" de Bertrand Tarvernier. Soixante ans de carrière, au théâtre (il fit ses premiers pas dans la troupe de Louis Jouvet), à la télévision et donc au cinéma, cela force évidemment le respect. Il tourne pour Chabrol ("Nada", Les innocents aux mains sales), Séria ("Marie-poupée"), Verneuil ("Le corps de mon ennemi"), Deray ("Trois hommes à abattre"), Tavernier ("Coup de torchon"), Bertrand Blier ("Merci la vie") etc... L'homme est une pointure, une vraie gueule du cinéma, et sa présence dans Noires sont les galaxies permet de sauver les meubles, tant il se montre à l'aise quelles que soient les circonstances. Il efface à lui seul le pauvre Richard Fontana et la plupart du casting, à l'exception peut-être de Catriona MacColl. Cette actrice anglaise est bien connue d'une frange de cinéphiles férus de cinéma d'horreur puisqu'elle fut révélée grâce à Lucio Fulci, qui lui offrit consécutivement trois rôles marquants dans Frayeurs, L'au-delà et La maison près du cimetière. Un créneau horrifique qu'elle retrouva récemment à travers des films comme The Theatre Bizarre et "Horsehead" de Romain Basset. On regrette de ne pas voir Catriana MacColl aussi longtemps qu'on l'aurait souhaité dans cette série dans laquelle elle n'apparaît que dans le deuxième épisode, pour disparaître au début du quatrième.

 

 

Terminons enfin cette revue d'effectif avec celui qui campe le voleur de cadavres,une autre tête connue du cinéma français, relégué la plupart du temps à des seconds rôles : Stéphane Bouy. On l'a beaucoup vu durant les années 1970/80 (il décédera malheureusement en 1990), dans des films comme "Themroc", "Lacombe Lucien", "Que la fête commence"ou encore "Les chiens" et "Paradis pour tous" d'Alain Jessua.

Noires sont les galaxies, en dehors de sa réalisation statique, de ses errances ralentissant l'intrigue et de flous scénaristiques (le châtelain semblant être le chef des Exis puis celui des Ninx, sans que cela soit très développé), souffre aussi d'effets spéciaux rudimentaires, aujourd'hui datés, et d'une musique free-jazz peu adaptée à l'histoire. Un free-jazz néanmoins relayé en deux occasions par des morceaux de Pink Floyd (Meddle et Atom Heart Mother). C'est toutefois une série qui a marqué les esprits avec l'idée des graines germant dans l'organisme des Exis, ces graines se transformant en plante continuant sa croissance jusqu'à arracher les chairs du sujet contaminé. Quant au fait que les extra-terrestres s'emparent du corps d'un Terrien, il rappelle évidemment l'idée développée dans "L'invasion des profanateurs de sépultures" de Don Siegel.

S'achevant sur une note résolument pessimiste, Noires sont les galaxies sort indubitablement des sentiers battus dans le registre des séries fantastiques francophones. La série est sortie récemment (le 8 février dernier) en dvd, chez Elephant Films dans sa collection "Les joyaux de la télévision".

 

 

Flint

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