Fin du Monde, Nostradamus An 2000
Titre original: Nosutoradamusu no daiyogen
Genre: Catastrophe
Année: 1974
Pays d'origine: Japon
Réalisateur: Toshio Masuda
Casting:
Tamba Testuro, Kurosawa Toshio, Yumi Kaorui, Robert Rochen, George Conney, Kaoru Tomita, Barbara Harmans...
Aka: Catastrophe: 1999 / Nostradamus's Great Prophecies / Catastrophe 1999: The Prophecies of Nostradamus / Prophecies of Nostradamus (Catastrophe 1999) : cinéma USA / The Last Days of Planet Earth (TVUSA)
 

1999 : le professeur Nishiyama essaye sans succès de conscientiser ses concitoyens aux dangers de la pollution et des armes nucléaires. Après une série de réunions pour discuter des désastres qui se succèdent dans le monde, une expédition est envoyée par l'ONU en Nouvelle-Guinée pour étudier "un nuage de poussière atomique". Celle-ci disparaît et une autre est alors expédiée avec Nishiyama. Sur place, l'expédition est attaquée par des chauves-souris géantes, des sangsues mutantes et les indigènes locaux irradiés et devenus cannibales. L'équipe retrouve les membres de la première expédition, eux aussi irradiés et à moitié morts, ils sont obligés de les tuer !
Pendant ce temps, un avion explose en plein vol, ce qui provoque des pluies acides et la destruction de la couche d'ozone, un autre avion explose au-dessus de l'Arctique et fait fondre la banquise, ce qui cause d'énormes inondations ! Les récoltes sont détruites par tous ces dérèglements climatiques et la nourriture commence à être rationnée... Mais ce n'est que le début (de la fin !)

 

 

Entre deux kaiju eiga (films de monstres géants, excusez l'accent, une fois !), les studios japonais Toho produisirent d'innombrables autres films dont quelques films catastrophes plus classiques (c'est-à-dire sans monstre). Parmi ceux-ci figure le bien étrange et pittoresque Nostorodamasu no Daiyogen. Ne vous laissez pas tromper par le titre, le film est avant tout une fable écologique qui utilise les prophéties du fameux astrologue français pour illustrer son propos. En effet, le but ici est avant tout de faire réfléchir le public sur les méfaits de l'industrialisation et la prolifération des armes nucléaires, deux thèmes très prisés dans les kaiju eiga. Nous voici donc face au film catastrophe ultime puisque ici, c'est carrément de la fin du monde dont il est question (Mince, on est à la bourre, c'était prévu en 1999 !). Totalement masochiste, le film va alterner catastrophes naturelles, conséquence de l'irresponsabilité des hommes, et hypothèse de fin du monde issue des prophéties ! (A ce titre, la version française est particulièrement jouissive avec sa voix off énumérant les quatrains d'une voix pontifiante) Ainsi se succèdent, devant nos yeux ébahis, mutations, pluies acides, raz de marée, tremblements de terre, famines, émeutes, suicides collectifs, guerre atomique, fonte de l'Arctique, trou dans la couche d'ozone, effet de serre, en un mot la totale ! Pour finir avec cette séquence représentant notre futur où deux mutants irradiés se battent pour un peu de nourriture, une scène culte qui valut au film sa réputation.

 

 

Techniquement soignée comme la plupart des productions Toho, le film manque cependant singulièrement de continuité, ce qui est en partie dû, il est vrai, au montage international plus court, qui fait notamment l'impasse sur plusieurs séquences, dont un épilogue où l'on voit un ancêtre du professeur revenir d'occident avec les fameuses prophéties. Ceux qui ont pu voir cette version auront sûrement remarqué que le livre écrit par Nostradamus semble se lire comme un livre japonais, la couverture s'ouvrant vers la droite et non vers la gauche. Heureusement, malgré le nombre de montages différents, les passages intéressants et réussis ont été pour l'essentiel conservés : l'expédition en Nouvelle-Guinée avec ces indigènes irradiés et nécrophiles, l'enterrement dans un marais nimbé d'un brouillard surnaturel, le ciel se transformant en miroir à cause de la pollution et la Terre se reflétant dans le ciel, et bien évidemment les différentes catastrophes (inondation, incendie, carambolage, pluie acide, ...) illustrées à grand renfort de maquettes et assaisonnées de quelques stock-shots de deux autres productions-maison "The Last War" et La Submersion du Japon.
Ce qui caractérise le film, c'est aussi l'intransigeance de ses propos comme lors d'une conférence où l'expérience des rats est carrément inquiétante !
Un film malheureusement précurseur puisque beaucoup plus tard sortiront "Le Jour d'après" et plus récemment les documentaires d'Al Gore qui abordent malheureusement les mêmes thèmes écologiques... Il est effrayant de constater les similitudes modernes et réelles (fonte des glaciers, mutations, etc.)

 

 

Nostorodamasu no Daiyogen est probablement l'un des films Toho les plus étranges et morbides jamais produits, cette curieuse production fait penser par moment à un monstrueux "Mondo" dopé aux anabolisants, le métrage traditionnel étant en effet parsemé d'images d'archives lui donnant parfois un aspect didactique et documentaire, renforcé par une approche spectaculaire et sensationnelle dans la description des diverses catastrophes. Le film sera un échec commercial cuisant au Japon (où il ne fut jamais édité en DVD ou en vidéo), mais au-delà de l'échec financier, le film souleva une polémique au pays du soleil levant. Une semaine après sa sortie, les membres du "No Nukes" ont déposé une plainte auprès du Conseil Eirin (une organisation chargée de censurer les films au Japon) contre les scènes impliquant les mutants en Nouvelle-Guinée et après la guerre nucléaire, prétendant qu'elles offensaient les survivants Hiroshima et Nagasaki. La première version de 114 minutes fut alors censurée de ces deux scènes, la Toho demandant aux projectionnistes de les retirer lors des projections, mais pour éviter les malentendus, toutes les copies en circulation furent rappelées pour supprimer les deux scènes et faire passer la durée du film à 90 minutes. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais le sort en décidera autrement et le film connaîtra aussi une curieuse carrière internationale : acheté dans pas mal de pays, il sera exploité avec un montage différent à chaque fois, sans le prologue explicatif sur le clan Nishiyama, mais avec les deux séquences supprimées au Japon. Par contre, de nombreuses autres séquences (secondaires ou pas) seront raccourcies (le dîner chez le professeur, les conférences), d'autres seront supprimées (l'expérience avec les rats, les radiographies des bébés victimes de malformations, le bébé difforme d'un des collaborateurs du professeur). Curieusement, il s'agit souvent de scènes fortes mais dialoguées.

 

 

En prenant comme comparaison le montage japonais initial de 114 minutes, voici les différents montages que l'on peut trouver :
La version française La Fin du monde d'après Nostradamus est la plus courte (70 minutes), c'est aussi la plus chaotique avec un montage différent assez aléatoire. L'explication de la surpopulation avec l'expérience des rats a été supprimée et la scène avec les pêcheurs se retrouve à la fin du métrage alors qu'elle se trouve normalement au début.
La version allemande (71 minutes), conserve plus ou moins le montage initial, seuls manquent le prologue et le final avec les mutants et diverses séquences secondaires.
La version internationale ou américaine Prophecies of Nostradamus: Catastrophe 1999 (88 minutes) semble la plus fidèle au montage chronologique original.
Dans la version télé américaine The Last Days of Planet Earth (84 minutes), recadrée en Pan & Scan, le générique est différent et utilise des images du prologue japonais.
La version danoise correspond à la version américaine légèrement recadrée et allégée (84 minutes).
Aujourd'hui encore, le film semble être sur la liste noire du studio qui bloque toute sortie, même à l'étranger.
Le temps finira par jouer en faveur de cette production improbable qui va devenir de par sa rareté une œuvre culte grâce en grande partie au côté extrême du scénario (le faux final est effrayant) et parfois prophétique (le nuage atomique, la catastrophe de Fukushima).
La version originale de 114 minutes fut longtemps introuvable mais récemment un coffret DVD rassemblant toutes les versions exploitées du film (dont la version française) est disponible plus ou moins officiellement.

 

 

A noter que malgré les problèmes rencontrés par le film, une suite fut quand même envisagée "The Great Prophecies of Nostradamus II: Fear of the Great Devil", en voici un petit résumé :
"Troublé par l'imminence de la fin du monde, le journaliste Tsutomu Goto commence à enquêter sur une expérience de médium spirituel menée dans les laboratoires de l'Université d'Asie de l'Est. L'expérience vise à entrer en contact avec Nostradamus dans l'espoir de faire la lumière sur ses prophéties pour la fin du monde. Malheureusement, l'expérience échoue et les recherches sont interrompues par un sinistre OVNI qui plane sur le Japon ..."
Le tournage était prévu pour le début 1975, le projet était censé réunir la plupart des principaux membres du premier volet, dont le réalisateur Masuda, l'écrivain Toshio Yasumi, le directeur des effets spéciaux Teruyoshi Nakano et producteur Osamu Tanaka.

 

 

The Omega Man



En rapport avec le film :


# Les génériques :

 





 

# Des scènes inédites de la version longue :

 




 

# 3, 4 images de tournage et de sortie :

 






Vote:
 
8.00/10 ( 21 Votes )
Clics: 11555

1 commentaire(s) pour cette critique


Autres films Au hasard...