Lac des morts vivants, Le
Genre: Zombie , Horreur
Année: 1981
Pays d'origine: France / Espagne
Réalisateur: Jean Rollin
Casting:
Pierre Escourrou, Antonio Mayans, Jean Rollin, Howard Vernon...
 

Une jeune femme disparait alors qu'elle se baigne au bord d'un lac, dans lequel des soldats nazis furent jetés au cours de la seconde Guerre Mondiale après avoir été tués par des partisans. Quelques années plus tard, ce sont de jeunes basketteuses qui périssent dans d'atroces conditions ; le lac est hanté par les nazis revenus d'entre les morts pour se venger de leur sort...

 

 

"Le Lac des Morts vivants" fut pendant des années à l'origine d'un des mystères les plus captivants du cinéma d'exploitation : qui pouvait bien se cacher sous le pseudonyme de J.A. Lazer ? Après de nombreuses tergiversations deux noms sortirent du lot, Jean Rollin et Jess Franco, c'est le premier qui remporta la palme. En fait d'après certaines rumeurs ce mystère est dû au fait que Jean Rollin fut engagé d'urgence pour remplacer le réalisateur initialement prévu (Jess Franco ????), de plus l'absence de gros plans sur l'intimité des actrices et l'érotisme soft caractéristique de Rollin ne font qu’accréditer cette hypothèse. Le nom du réalisateur importe cependant moins que celui de la société qui produisit cette œuvre impérissable, qui demeure une des pierres angulaires du cinéma hexagonal ("Le Lac des morts vivants"est surement le film français le plus connu après "Emmanuelle"). En effet le nom de la société Eurociné à lui seul résume une production comme celle-ci, effets spéciaux plus que calamiteux, montage des plus fantaisistes, interprétation hors normes, musique de supermarché et profusion de stock shots provenant de l'inépuisable catalogue de la firme. Le scénario est avant tout un prétexte pour mettre en vedette la petite Anouchka qui n’est autre que la petite fille et la fille des producteurs (qui sont père et fils), alors âgée de dix ans. L'histoire débute donc dix ans après la guerre, pour une raison qui reste encore inconnue un groupe de soldat va renaître et semer la terreur (et le rire) dans la région. Il serait trop simple de considérer le film comme un simple navet, c'est plus que cela, c'est une véritable encyclopédie de ce qu'il ne faut pas faire dans un film d'horreur, le tout filmé dans de magnifiques décors bucoliques avec un sérieux digne d'une homélie dominicale. En fait il y a un tel décalage entre le sujet et la manière de le traiter que le résultat finit par devenir intriguant, le spectateur ne sachant pas quelle incongruité l'attend.

 

 

Nous suivons donc les exactions d’une bande de bidasses morts vivants qui sont la principale attraction du film tant les scènes où ils apparaissent sont carrément surréalistes. Les plus observateurs auront surement remarqué que nos amis d'outre-tombe (et Rhin) sont particulièrement bien conservés après dix ans passé dans l'eau. C'est donc une bande de figurants peints en vert qui va faire office de zombies, la première victime sera une jeune femme qui nous fera un remake de la séquence d'ouverture des "Dents de la mer" version zombie bucolique. Par la suite notre bande de gais lurons va s'aventurer sur la terre ferme, malgré leur démarche hésitante et pataude, ils réussiront à faire quelques victimes. Notamment une gironde paysanne qui sera littéralement assaillie par la terreur et la surprise a tel point qu'elle en oubliera de s'enfuir, profitant de l'aubaine le figurant lui saute dessus. Ne se rappelant plus très bien s'il interprète un vampire ou un zombie, il va dans le doute lui sauter à la gorge, pratiquant ainsi le plus gros suçon de l'histoire du cinéma. On remarquera au passage quelques détails marrants comme le maquillage dégoulinant qui a tendance à déteindre sur les victimes ou le fait que les morts vivants une fois sortis de l'eau se payent une coupe de cheveux impeccable (on a beau être mort c'est pas pour cela qu'il faut être négligé). La production ne reculant devant rien nos zombies aquatiques sont aussi filmés sous l’eau, malheureusement les prises de vue ont l'air d’avoir été réalisées dans un réservoir ou une piscine dont on distingue sans effort les parois (et même l'échelle). Évidement les scènes sous l'eau et à la surface ne sont absolument pas raccords et pour accentuer le réalisme des scènes aquatiques le réalisateur croit bon de rajouter un bruitage rappelant un chasse d'eau qui fuit. Autre moment de joie l'attaque de l'équipe de basketteuses totalement nues évidemment, la seule survivante aura juste le temps de mettre un slip et de courir vers le débit de boisson le plus proche pour avertir la populace locale et s'évanouir sur une table.

 

 

Si le comportement des zombies peut paraître parfois des plus farfelus, celui de la population locale n'est pas en reste. Alors que le film se déroule dans les années 50 (alors que de nombreux objets anachroniques nous rappellent joyeusement les années 80) les villageois se comportent comme s'ils vivaient au moyen âge. Comme le montre cette séquence incroyable ou l'une des victimes est transportée à bout de bras et déposée sur le seuil de la mairie (pas d'ambulance et de gendarme à l'horizon), le tout devant quelques figurants amorphes censés représenter les habitants du village. Pendant ce temps une journaliste aussi crédible qu'une actrice porno (il faut la voir se faire agresser par derrière pendant qu'elle prend des photos), puis deux inspecteurs (dont l'un est interprété par Jean Rollin) enquêtent mollement sur les disparitions. Tandis qu'Howard Vernon déambule avec l'air grave en récitant son texte et cherchant désespérément son ami Jess Franco parti en courant depuis longtemps. Mais le plus incroyable reste la manière dont les villageois vont attirer les zombies dans une grange pour les éliminer, profitant qu'une petite orpheline (la fameuse Anouchka) compte parmi nos bidasses son regretté paternel, elle va les attirer grâce à un seau de sang et un bol. Pendant que nos pauvres bidasses apprennent les bonnes manières (boire le sang dans un bol c'est quand même plus propre) et se régalent, la populace en profite lâchement pour les bruler (en fait des mannequins pour les plans trop dangereux), mettant fin à la malédiction. En conclusion on pourrait dire que "Le Lac des morts vivants" c'est un peu comme ces fêtes de village, on y va en trainant les pieds et lorsque la femme du pharmacien enlève ses bas à varices et les lance sur la tête du curé en voulant imiter Shakira, on se dit qu'on a bien fait de venir !

 

The Omega Man

 

A propos du film :

 

# Comme vous pouvez le voir sur la jaquette, le film est signé J.A. Lazer, un des pseudos de Jean Rollin.


# Jean Rollin a avoué avoir tourné chaque scène au jour le jour en suivant les indications de Marius Lesoeur, sans avoir lu le scénario !


# Sa collaboration à Eurociné ne s'arrête pas là puisqu'il est également responsable des scènes additionnelles de zombies que l'on trouve dans certaines versions de "Une vierge chez les morts-vivants" et du court-métrage "Chasing Barbara" qui devait initialement être intégré dans un autre film de Franco !

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