Zombie'90, Extreme pestilence
Titre original: Zombie'90 : extreme pestilence
Genre: Zombie , Gore
Année: 1991
Pays d'origine: Allemagne
Réalisateur: Andreas Schnaas
Casting:
Matthias Kerl, Ralf Hess, Mathias Abbes, Marc Trinkhaus, Christian Biallas...
 

Ah le caméscope ! Le Sur-Commandant Connanski ne s'est pas trompé en nous vantant son pouvoir destructeur : armé de son appareil (dont il semble découvrir avec joie la fonction "zoom", en attendant de maîtriser la mise au point), Schnaas délaisse un peu sa trilogie champêtre des "Violent Shit" et s'en va essayer de nous choquer en réalisant son film de zombies ultra gore avec ce qui lui passe sous la main. Autant vous dire tout de suite que le second degré est l'absent le plus remarquable du casting...
Un avion militaire contenant une substance chimique secrète s'écrase dans la forêt. Le produit qui se répand ramène les morts à la vie... et leur fournit probablement l'arsenal qu'ils se trimbalent en permanence. Hache, machette, sabre, massue, mais aussi couteau à pain ou encore un intriguant modèle d'arme blanche sans doute né d'un croisement entre un couteau à steak et une scie égoïne : en toutes situations les zombies arborent un outillage à même d'impressionner le gérant de votre Castorama.
Mais pourquoi tout cet attirail, me demanderez-vous ? Pour mieux plagier, pardi ! L'imagination de Schnaas n'ayant d'égal que son talent, il reprend sans le moindre scrupule les plus grands classiques de l'horreur. Outre le point de départ du scénario qui s'inspire allègrement du "Retour des morts vivants" en y incluant un avion apocalyptique, nous avons droit à un macchabée euphorique faisant tournoyer sa tronçonneuse au dessus de sa tête à l'instar de Leatherface, la machette dans la poire de Zombie, plusieurs scènes piquées à L'Enfer des Zombies et même une sorte de parasite (ou serait-ce un étron ?) s'éjectant d'un abdomen pour s'attaquer au visage d'un malheureux façon "Alien".
Heureusement, un téméraire médecin (Matthias Kerl qui doit certainement avoir quelque chose de l'homme de sciences puisqu'on le retrouvera en savant fou nazi dans "Violent Shit III"), aidé de son auxiliaire grassouillet, décide de prendre les choses en main et de régler par la poudre, les outils susmentionnés et un ampèremètre (!) la crise de logement des défunts (cf. "Quand il n'y a plus de place en enfer blablabla").

 

 

Voilà, je crois qu'on a fait le tour de l'intrigue. Le film n'est qu'une enfilade d'attaques de zombies en extérieur et n'a pour objectif que d'afficher le plus de gore possible sur sa durée. A un rythme presque métronomique et selon une logique proche du slasher, nous voyons un type se promener dans le bois et se faire assaillir pour terminer généralement décapité et les tripes à l'air, puis un autre, puis un autre... En raison de l'austérité budgétaire du métrage, des méconnaissances flagrantes du réalisateur en anatomie et d'une dose certaine d'ineptie, les effets sont irréalistes au possible, moches et répétitifs. Une poignée d'abats cachée sous la chemise, du faux sang rosâtre bavé ou giclant au litre par des petits tuyaux, de la mousse peinte à la va-vite et des cannibales au maquillage aléatoire qui mordillent sagement des boyaux de mouton ou les secouent devant l'objectif : voilà le divin spectacle qu'on nous ressert en boucle. Quelques morts se montrent un peu plus originales, comme le sein arraché, la fille éventrée jusqu'à la vulve ou le poupon mis en pièces, mais leur réalisation n'en est que plus catastrophique. Détail non négligeable, comme si la redondance n'était pas assez visible, le même accompagnement musical mêlant improvisation au synthé chaotique et hurlements de femmes vient couvrir toutes les attaques et faire monter la moutarde au nez du spectateur le plus tolérant.
Un nichon et un pubis en carton laborieusement découpés, c'est un peu chiche, vous ne trouvez pas ? Et les actrices ne semblent pas daigner enlever le haut, pour peu qu'elles aient quelque chose à montrer. Qu'à cela ne tienne ! Tonton Andreas, jamais à court d'idées, viendra nous glisser un subtil zoom dont il a le secret sur un calendrier de camionneur. Quota de cul rempli à moindre frais.
Enfin ce qui vient à la fois massacrer et paradoxalement sauver le film de ce prodige, c'est le doublage américain de la version que je possède (il faut penser aux générations futures, elles ont le droit de savoir). Les doubleurs, à moins qu'il s'agisse d'un franc-tireur solitaire, opèrent en roue libre dans un parfait irrespect qui va si loin dans la lourdeur qu'il en devient parfois irrésistiblement drôle. Ils passent beaucoup de temps à prendre des voix ridicules, aligner les âneries, grommeler de manière peu audible et même grogner pour le remplissage, mais on a du mal à leur en vouloir, tant il est vrai que ce Zombie'90 serait d'un mortel ennui sans eux. Ils nous font cadeau de quelques perles comme ce "Il y a quelque chose dans les bois qui vous donne juste envie de chier dehors" ou encore le héros qui s'écrie face à un zombie black "Hé c'est Jimmy Hendrix ! Jimmy, j'ai tous tes albums ! Je suis venu te voir à Woodstock, tu te souviens de moi ?".
Bref ce n'est pas un festival de finesse, mais c'est peut-être ce qui donne un minimum de charme à cette zèderie, outre son aspect documentaire sur les tréfonds du mauvais goût vestimentaire en Allemagne au crépuscule des années 80.

 

 

La stupidité qui l'empreint tout du long atteint son apogée avec la fin débile du médecin qui fait une vague chute et perd conscience, alors plongé dans un rêve sans autre intérêt que de rajouter du sang sur les murs, pour se faire prendre de surprise dès qu'il émerge. "To be continued..." Les années passent et rien n'y fait, c'est avec une impatience toujours aussi brûlante qu'on attend la suite ; peut-être lèvera-t-elle le voile sur cette mystérieuse "extrême pestilence" que nous vend le titre...

 

Princesse Rosebonbon

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