Bien étrange chose que cette mystérieuse Mort en Tête. Inconnue au bataillon IMDB ou autres sites de cinéma (essayez un peu de rechercher des informations à propos de ce film sur Internet, vous en serez pour vos frais). Et ce n'est pas la jaquette de Colombus, compagnie d'édition VHS peu scrupuleuse, américanophile assumée (la typographie coca-colesque de leur nom, la Statue de la Liberté enveloppée dans le drapeau américain en guise de logo) qui nous aidera. Peter Cushing, dont le nom est marqué en gros, ne figure pas dans le film. Max H. Boulois n'en est pas plus le réalisateur. Quant à l'affiche, avec son côté sous Mad Max, on n'en gardera que les voitures (pas de trace de flingue ici). Au verso, on trouve les noms de Linda Stayer, une inconnue qui appelle à le rester, et de Chiaki Ohtomo, qui à un "h" près est le même nom que celui qui a oeuvré sur les cascades du prochain "Fast and Furious", qui se déroulera bien sûr dans le milieu de l'automobile, et qui concernera les Japonais, comme La Mort en Tête. On tient une piste, là.
Notre film parle en effet d'une compétition de stock-cars entre l'équipe américaine et l'équipe japonaise, dans des circuits de Los Angeles. Alors il y aura donc de la compétition, pendant l'immense majorité du film. Des voitures qui font vroum et qui finissent par se planter dans le décor volontairement, qui pour battre le record de saut en longueur, qui pour le simple plaisir de faire des cascades en défonçant un mur enflammé, qui pour yom, qui pour faire des figures acrobatiques... De cette compétition se déroulant du début à la fin dans un bon esprit sportif, on ne comprendra rien à l'évolution, malgré les scores qui s'affichent de temps en temps, avec des points attribués on ne sait comment. Il y aura aussi quelques scènes hors compétition officielle, comme des défis pour le plaisir (passer sous un camion lancé à pleine vitesse, ou encore décrocher le record du monde de saut en longueur au-dessus de l'eau), et également des scènes à l'eau de rose, avec promenade sur la plage, baisers sur fond de coucher de soleil et questionnements douloureux sur l'avenir entre l'une des organisatrices du concours (Linda Stayer ?) et l'un des membres de l'équipe asiatique (Chiako Ohtomo ?).
Ce genre de scène, cette romance, doit probablement être la seule chose tournée spécialement pour concevoir le film. Car ma théorie est que La Mort en Tête a été réalisé parallèlement à une vraie compétition de stock-cars, qui a été montée, doublée (très mal en français, où d'ailleurs on entend les dialogues de fond en anglais... sans parler des sous-titres anglais, qui s'affichent parfois, et qui peuvent être très différents des dialogues en VF) et à laquelle on a rajouté cette histoire de romance avec des acteurs "officiels" pour rendre le tout un tant soit peu linéaire. Ce qui expliquerait aussi la voix-off qui constitue le seul lien narratif entre des scènes qui se suivent sans grande cohérence, ainsi que les cascades, forcément très réalistes puisque réalisées sans effets spéciaux. Et n'oublions pas non plus ces séquences nous dévoilant des voitures de luxe façon publicité (avec gros plans sur le moteur, vue sur l'intérieur cuir, nom des bagnoles qui s'inscrivent à l'écran) ou encore cette autre compétition de vieilles voitures, qui elles aussi ont droit à l'attention du réalisateur.
Difficile donc d'émettre une opinion sur ce film. Les amateurs de stock-cars de la fin des années 70 pourront apprécier... Quant aux amateurs de cinéma, ils en auront vite marre.
Walter Paisley
# La Mort en Tête est aussi connu sous les titres de Terreur sur le circuit, A fond les manettes et Casse-cou pour l'enfer (titre ciné, oui car cette chose a été projetée sur grand écran, programmée plus précisément le 30 septembre 81).
