Nuits de Dracula, Les
Titre original: El Conde Drácula
Genre: Vampirisme , Fantastique
Année: 1969
Pays d'origine: Espagne / Italie / RFA / Grande-Bretagne
Réalisateur: Jess Franco
Casting:
Christopher Lee, Fred Williams, Herbert Lom, Klaus Kinski, Soledad Miranda...
 

En 1970, la Hammer décline, Mario Bava abandonne peu à peu le gothique, et Roger Corman a définitivement arrêté les adaptations de Poe. L'horreur gothique est donc en fin de vie, mais n'est pas tout à fait morte. Jess Franco, grand opportuniste, se prend donc à vouloir livrer sa propre version de Dracula, une version qui revient à la base du mythe, puisqu'elle s'inspire directement du roman de Bram Stoker. L'histoire, tout le monde la connaît : Jonathan Harker (qui comme les autres personnages prend un autre nom en VF), clerc de notaire, est envoyé en Transylvanie, chez le Comte Dracula, pour régler avec lui les derniers détails de l'acquisition d'un château anglais. Harker découvrira la triste réalité : Dracula est le chef des vampires, et son désir de quitter son pays natal constitue une menace non négligeable...

 

 

Voilà donc ce que Jess Franco tente d'adapter en une heure et demie beaucoup trop courte pour permettre de reproduire toute l'action du roman. C'est pourtant ce que le réalisateur tente ici de faire. Le résultat, et ce n'est pas surprenant, n'est pas réussi. Sachant tout de même qu'il lui serait impossible de respecter le livre à la lettre, Franco décide de prendre quelques libertés en simplifiant l'intrigue : ainsi, le personnage d'Arthur Holmwood, prétendant de Lucy Westenra, amie de Mina Harker, passe à la trappe. Il sera remplacé par Quincy Morris, dans le livre un autre soupirant de Lucy, qui il est vrai ne faisait qu'un combattant chrétien en plus pour affronter Dracula. Le choix de Franco est ici raisonnable.
Un autre changement qui est moins raisonnable est le déménagement de l'intrigue de Londres à Budapest, certainement pour éviter d'avoir à gérer l'espace et les déplacements intempestifs. Du coup, on ne sait plus trop si Dracula cherchait à venir en Angleterre ou non, et on perd également en chemin tout le côté victorien inhérent au roman d'origine. Enfin ces quelques libertés, plus ou moins importantes, auraient pu passer sans trop de problèmes si Franco n'avait pas cherché à replacer tous les points de l'intrigue dans son film.
Car cette volonté de bien faire coule justement le film, qui défile à un rythme beaucoup trop rapide pour créer une véritable atmosphère, et ce, en dépit des efforts consentis au niveau esthétique, avec ces décors gothiques relativement réussis (quoique abusant parfois des fumigènes). Tout s'enchaîne sans que les spectateurs aient véritablement l'occasion de digérer les évènements qui s'offrent à eux, et le film prend alors des allures de catalogue du "petit Dracula illustré". En guise d'exemple, citons le passage de Harker au château de Dracula, au début. En même pas une demi-heure, Dracula lui a déjà parlé de l'histoire de sa lignée, il a déjà découvert qu'il est prisonnier du Comte, il a assisté au festin des trois femmes de Dracula, et il a réussi à s'évader...

 

 

Trop c'est trop, et le film perd beaucoup en cohérence. Même chose pour les personnages : l'enchaînement intensif des péripéties empêche Franco de leur donner la moindre consistance. Aucune psychologie n'est développée, même pas le lien existant entre Dracula et Mina Harker après que celle-ci eut été mordue. Et c'est franchement regrettable, tant le casting était prometteur, avec un Christopher Lee que Franco parvint à emprunter à la Hammer, avec un Herbert Lom prometteur dans le rôle de Van Helsing et surtout avec un Klaus Kinski dans la peau d'un Renfield qui aurait vraiment pu être dérangeant, si l'on en juge par les brefs moments qu'il passe à l'écran. Les gros plans intempestifs habituels de la mise en scène de Franco n'y peuvent rien, et ce ne sont pas eux qui réussiront à distiller la moindre psychologie, quand bien même les acteurs froncent des sourcils pour montrer la détermination de leurs personnages.

 

 

On conclura en mentionnant quelques fautes de goût, comme cette succession ridicule de zooms sur des animaux empaillés revenant à la vie, comme le remplacement des loups par des bergers allemands ou encore comme la musique, sorte de valse macabre agrémentée de bruitages douteux. Pas brillant, tout ça, malgré les bonnes intentions.

Note : 4/10

 

Walter Paisley
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