Survivants de l'Infini, Les
Titre original: This Island Earth
Genre: Science fiction
Année: 1955
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Joseph M. Newman, Jack Arnold
Casting:
Ex Reason, Faith Domergue, Jeff Morrow, Lance Fuller
 

Le docteur Meacham est un brillant scientifique spécialisé dans l'électronique et dont les capacités lui valent l'attention d'une communauté étrange, qui le contacte via des moyens techniquement largement supérieurs à tout ce qui est connu pour lui soumettre une offre d'embauche. Intrigué par ce mystère, Meacham répond à cet appel et se rend sur les lieux où son nouveau patron, Exeter, lui révèle que son organisme emploi les meilleurs scientifiques du monde dans le but de prendre une avance technologique énorme sur les gouvernements mondiaux classiques, et ainsi faire pression sur eux pour préserver la paix. Mais, devant l'étrangeté des lieux et devant l'attitude plutôt taciturne de ses collègues, Meacham cherchera à en savoir plus que ce qu'on veut bien lui dire. Il découvrira que Exeter est en réalité un extra-terrestre obligeant les grands scientifiques humains à travailler pour lui, afin de sauver la planète Metaluna de la guerre qui la ravage.

 

 

Les Survivants de l'Infini est un film très différent du tout-venant de la science-fiction des années 50. Grosse production, il se dote d'un procédé Technicolor assez peu courant pour les films de science-fiction de cette époque, et il fait ainsi preuve d'un large intérêt pour l'aspect visuel. Les couleurs sont flamboyantes, et le réalisateur Joseph Newman (remplacé par le grand Jack Arnold pour les scènes se déroulant à Metaluna) aime à les étaler dans toutes les scènes présentant des objets futuristes, quitte pour cela à avoir recours à des effets d'arc en ciel à la vue desquels on ne peut que songer au mouvement psychédélique qui suivra quelques dix ans plus tard. Tout cela ne se fait cependant pas gratuitement et dessert plutôt très bien les intentions du réalisateur et de ses scénaristes (qui se basent sur un roman de Raymond Jones), qui sont avant tout de subjuguer le spectateur par la présentation d'une civilisation mystérieuse venant d'un espace qui lui-même demeurait à l'époque méconnu (l'envoi du premier homme dans l'espace, Youri Gagarine, n'eut lieu qu'en 1961).
Bien que proposant une histoire d'extra-terrestres, Les Survivants de l'Infini n'est pas de ce genre de films manichéens basés sur l'action et l'épouvante (genre qui en soit est pourtant très bon). L'ambiguïté concernant son extra-terrestre principal, Exeter, est pratiquement permanente, et même une fois établie que sa présence sur Terre est due à des fins d'exploitation de l'Homme, ses intentions et son comportements seront sujets à des interrogations légitimes, tant de la part des spectateurs que de celle du héros (qui en chemin se retrouve accompagné par une femme, interprétée par Faith Domergue, ancienne copine de Howard Hughes et qui à ce titre est un des personnages de l'Aviator de Scorsese). Pas de bellicisme excessif, ici, pas plus que d'héroïsme patriotique et humaniste. Juste de l'auto-défense passive face à une suspicion permanente.

 

 

Le film n'est pas basé sur les métaphores habituellement employées par la science-fiction des années 50, mais sur une bonne dose de curiosité par rapport à tout ce qui semble étrange et mystérieux, même quand cela s'accompagne d'apparence négative. Meacham part rencontrer Exeter pour découvrir sa véritable identité et ses motivations, il découvre ses intentions après enquête sur le pourquoi de l'attitude de ses collègues et enfin il ne se rebelle pas lorsqu'il est embarqué de force dans le vaisseau le menant à Metaluna. Tout ceci a donc comme dénominateur commun la curiosité éprouvée par le personnage principal, qui se retrouve confronté à des choses qui sortent du cadre de se perception... Ce qui explique grandement sa faculté à ne pas se lancer dans de grandes aventures idéalistes.
De ce fait, l'attention particulière portée par Newman pour l'esthétique de son film est aisément justifiable dans le sens où cette fascination portée aux choses de l'espace naît non seulement du personnage d'Exeter et de ses ambitions (donc des dialogues), mais aussi de tous les moyens extra-terrestres qui témoignent de son origine spatiale. Et du reste, la prudence de Meacham et sa volonté de bien maîtriser tous les éléments dans lesquels il se retrouve seront ainsi récompensées à la fin du film, qui évitera soigneusement de condamner Exeter malgré son comportement pourtant au départ fort condamnable. Comprendre autrui, apprendre à le connaître et se fier davantage aux individus qu'aux institutions qu'ils représentent (car Exeter n'est pas lui-même le leader de Metaluna), tels sont les messages véhiculés par ces Survivants de l'Infini, qui se réfèrent bien plus au Jour où la Terre s'arrêta, de Robert Wise qu'aux nombreux films de science-fiction anticommunistes de l'époque.

 

 

L'idée d'entraide et de pardon est également au coeur du film, certains critiques y ayant vu une référence aux méthodes américaines de l'époque, celles qui consistaient à gracier les scientifiques nazis pour les embaucher et les faire travailler pour l'Amérique. Mais personnellement, je ne suis pas tellement d'accord avec cette interprétation, tant l'emploi d'une telle métaphore lourdingue ne cadre pas avec la subtilité des propos d'un film misant avant tout sur l'imaginaire et sur la découverte de choses nouvelles.
Les Survivants de l'Infini est assurément l'un des tous meilleurs films de science-fiction des années 50, un des plus ambitieux, un des plus réfléchis et un des plus beaux (la fin du film à Metaluna est superbe, et même l'extra-terrestre mutant dépasse de loin ses collègues de l'époque, même si évidemment on trouvera toujours des spectateurs contemporains pour en rire). Son style particulier fera date dès l'année suivante avec la sortie du mythique Planète Interdite de Fred Wilcox. Il se murmure même que la MGM aurait obtenu le prêt par Universal des bobines des Survivants de l'Infini avant sa sortie, afin de préparer au mieux le film de Fred Wilcox...

 

Note : 8/10

 

Walter Paisley
 
A propos du film :
 
# Les Survivants de l'Infini fut une autre des victimes du Mystery Science Theater 3000, show télévisé américain fait par des gens qui aiment à se taper la panse en rigolant sur des pseudos-nanars qui n'en sont pas.
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