Action immédiate
Titre original: La Via della Droga
Genre: Poliziesco
Année: 1977
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Enzo G. Castellari
Casting:
Fabio Testi, David Hemmings, Sherry Buchanan, Wolfango Soldati, Romano Puppo, Massimo Vanni, Joshua Sinclair...
Aka: Drug Street / The Heroïn Busters
 

Film à priori ambitieux et qui porte mal son titre français, "Action immédiate" n'a rien de spontané dans l'action et il s'agit même un film où celle-ci met bien trop longtemps à pointer du nez. On assiste même durant les deux tiers, à un postulat classique au possible, campé par des acteurs mal dirigés et pas loin même, d'être au plus bas de leur talent.
De Rome à Hong-Kong, de New-York à Amsterdam, les cargaisons de drogue transitent, responsables de décrépitudes sociales à travers le monde et voyant l'occident peu à peu pourrir. Pas de doute, une grande toilette à la source est nécessaire et il faudra enfin prendre le taureau par les cornes pour vaincre cette plaie ! C'est l'inspecteur Mike Hamilton (David Hemmings) qui dans un élan moral montera au créneau pour démanteler ce réseau malsain, responsable de tous les maux de la Terre, si l'on se réfère au film lui-même qui ne recèle aucun second degré, en tout cas à ce niveau. Pour bien faire il s'entourera de Fabio (Fabio Testi), agent tout terrain du Narcotic Bureau qui infiltrera le démoniaque réseau de façon maligne, se faisant au préalable arrêter pour fausse possession de drogue puis aidant ensuite un méchant revendeur à s'évader afin de trouver enfin crédibilité au sein du milieu...



"La via della Droga" fait parti des films dans lesquels d'entrée de jeu l'on anticipe sur chaque action. L'on comprend tout. Tant et si bien qu'on serait tenté de se croire supérieurement intelligent. Il n'en est rien, le fait est qu'il n'y a jamais nulle part une once d'originalité, ni dans le script répétitif et moral à souhait, ni dans la mise en scène de Castelleri, d'une mollesse exemplaire pour le genre dans lequel elle s'inscrit, ni enfin, dans la direction d'acteurs ici vraiment trop têtes à claques pour rendre le spectacle efficace ou attrayant. C'est bien évidemment à "French Connection" qu'on se réfèrera et il est peu dire que le classique de Friedkin n'a ici pas de mouron à se faire. C'est pourtant au très expérimenté Massimo De Rita que l'on doit cette faible resucée scénaristique et disons que ce dernier assisté de son co-scénariste Galliano Juso, n'a pas forcé son talent. Des trois ou quatre polars signés Castellari, je n'ai pu en voir qu'un seul, "Big Racket", écrit par les mêmes compères, et globalement bien plus satisfaisant et jouissif que ce pâle Polar qui ne possède même pas la distanciation nécessaire chère au Poliziesco dans son approche fascisante, à la morale éhontée et ici dénué d'humour dans ses dialogues. Durant près d'une heure on se tape une descente même pas infernale au sein du milieu, tandis que David Hemmings maugréer sans relâche comme un monomaniaque sur ce mal qui mine la cité, ce, sans jamais une once de distanciation. C'est peut-être même la première fois qu'il force son talent à ce point, lui, qui d'habitude n'a qu'à se promener sur l'écran sans rien dire pour insuffler une dimension à la pellicule. Il semble ici tellement peu convaincu par son rôle qu'on peut le soupçonner d'être venu cachetonner, pressé d'en finir et de s'en repartir ailleurs. Il offre en tout cas un personnage sans nuance, emmerdant comme pas un avec sa redondante fixette monsieur propre, et l'acteur déçoit. Il aura beau balancer du "Bastard" à tout va, ça ne fera pas décoller pour autant ni son personnage sans relief, ni l'action du film elle-même.

 

 

En parlant de redondance, la mise en scène de Castellari l'est tout autant. Multipliant les personnages crétins, avec en plus l'ambition soupçonnée d'offrir une peinture réaliste du milieu et d'une société gangrénée par le mal, il échoue à peu près sur tous les tableaux avec une histoire qui ne se bougera pas le cul avant l'heure, quand bien même on aura un ou deux gunfights potables ainsi qu'une poursuite en avion tirée par les cheveux et même pas déchaînée. Bref, tout ceci ne parviendra jamais à atteindre même l'intensité d'un épisode de "Satanas et Diabolo". Castellari s'empêtre constamment et livre ici l'un de ses films les plus mous. La mise en scène comme l'histoire (pourtant mince) se fait vite confuse et emphatique. Le mot 'ennui' émerge assez rapidement et ce de façon régulière. Même pas un dialogue croustillant à se mettre sous la dent, c'est dire qu'on regrette de n'être pas invité chez Umberto Lenzi, ou bien au sein de son précédent "Big Racket" bien plus rythmé et fun avec son commissaire ultra réactionnaire qui allait, après s'être fait tabasser, jusqu'à déclamer un nauséeux mais réjouissant: "Bientôt ce seront nous les immigrés !". Hélas donc, pas de speech vigilante qui nous aurait un peu rassasié. De même, jamais de second degré dans l'approche moralisatrice de Castellari qui nous balance alors un film à la fois d'une nonchalance extrême dans sa mise en scène, sérieux comme pas un dans son fond et vacant dans sa forme. Il tente de nous faire passer un humour bon enfant fait de complicité entre ses deux acteurs, mais disons le tout net, cela ne fonctionne jamais. A se demander si le projet n'eut été pas mieux inspiré d'être interprété par Terence Hill et Bud Spencer.

 

 

Heureusement qu'une scène de lesbianisme complètement dispensable vienne pimenter quelque peu le tout. Elle offre un intermède délectable, qui fait dire que la drogue arrange tout de même bien le père Castellari, très hypocrite pour le coup. C'est ainsi sous l'emprise de narcotiques, que les deux femmes s'offriront le trip sexuel déviant que s'appliquera à bien filmer son réalisateur, livrant alors un message social lourdingue (la jeune femme se prostitue pour offrir une dose à son mec) ralentissant et le rythme et l'intrigue. D'un autre côté, on a le sentiment que ce dernier se focalise alors sur une galerie de figures et de seconds plans pour meubler. Commençant à les esquisser, il n'en achève jamais le portrait, balançant des sortes de caricatures ni drôles ni réellement menaçantes. A l'image du reste, ça ne donne aucune tension supplémentaire, dont "Action immédiate" aurait bien eu besoin afin d'exister d'avantage et d'offrir au spectateur quelque chose d'au moins distrayant.
On aura beau avoir attendu le générique de fin, rien de transcendant ne sera passé, sinon un spectacle un peu puant mais pas plus, avec un Fabio Testi qui comme Hemmings, surjoue, dans une fausse décontraction qui deviendra vite agaçante. Finissant à moto puis en avion, le désintérêt se fera malgré tout conséquent. En fait globalement, le mélange humour bon enfant et politiquement incorrect ne fonctionnant pas, le film en deviendrait pour le coup presque moral, tout ceci manquant singulièrement d'excès).

La partition des Goblin n'a qui plus est, rien d'extraordinaire. Variée soit, mais tout comme le film elle donne un peu à boire et à manger en laissant sur sa faim. Elle reste inconséquente et surtout inégale à vouloir étaler son registre (rock, blues, rock progressif, funk...).

 

 

Vous l'aurez compris, ayant découvert cette "Via de la Droga" récemment, ce fut une grosse déception. Il est clair qu'avec un metteur en scène qui a su se montrer parfois solide et de par son casting alléchant, on fut en droit d'attendre d'avantage que ce polar mollusque aux allures de mille fois vu.


Note : 4/10

Mallox
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