Amsterdamned
Genre: Thriller
Année: 1986
Pays d'origine: Pays-bas
Réalisateur: Dick Maas
Casting:
Huub Stapel, Monique Van de Ven, Serge-Henri Valcke, Tanneke Hartzuiker...
 

Amsterdam, ses canaux, ses touristes... et son tueur en série ! Plusieurs crimes atroces plongent la ville dans la terreur. Sans distinction d'âge ou de sexe, l'assassin tue puis mutile ses victimes. L'inspecteur Eric Visser est chargé de l'enquête. Lors de ses investigations dans les clubs de plongée, il rencontre une charmante jeune femme accompagnée d'un étrange psychiatre.

 


Du cinéma hollandais on ne connait que quelques noms comme Paul Verhoeven, Sylvia Kristel ou Rutger Hauer (tous exilés). En effet, celui-ci n'est pas le plus connu du vieux continent et nous serait plutôt hermétique. Pourtant, de temps à autres, quelques productions viennent nous rappeler que le cinéma hollandais existe bel et bien. Dans les années 80, on découvrit Dick Maas , l'un des rares réalisateurs bataves qui ose se vautrer avec délectation dans le film d'exploitation, horreur, thriller, comédie, polar, action... dont il connaît parfaitement les ficelles, comme le prouve son premier gros succès international : "L'Ascenseur", sorti en 1983 et grand prix du festival d'Avoriaz. Le réalisateur, qui reste très influencé par le cinéma américain, prend un malin plaisir à mélanger les genres, et les noyauter d'une bonne dose de populisme, voire de vulgarité ; car Dick Maas réalise des films populaires dont certains rapportent gros. On pense notamment à la trilogie des "Flodders", une série très populaire en Hollande, et qui met en scène une famille de marginaux aux prises avec la société bien pensante, que le réalisateur égratigne joyeusement (exercice qu'il vient de répéter dans l'une de ses dernières productions "Killer Babe"). Mais contrairement à son confrère Verhoeven, le réalisateur est toujours resté fidèle à la vieille Europe et son seul film se déroulant en Amérique s'avère un ratage complet (La suite / remake de son premier succès international "L'Ascenseur"), comme quoi en résistant aux sirènes d'Hollywood, le réalisateur a conservé son savoir faire et sa singularité, c'est-à-dire un certain sens de la provocation.

 

 

Cette fois, il décide de s'attaquer à Amsterdam, plus connue pour ses canaux, ses magasins d'outillages spécialisés, et ses vitrines colorées aux demoiselles accueillantes, que pour ses criminels. Une lacune que va combler Maas en lâchant dans la paisible cité un dangereux psychopathe qui va remplir de sang les artères aquatiques sillonnant la ville. Face à lui, un flic tenace qui, malgré l'aide d'une mignonne amatrice de plongée, va avoir bien du mal à piéger cet original tueur aquatique. Si le film est influencé par divers courant du cinéma d'exploitation (en vrac le polar, le film d'action, le slasher et le giallo), il acquiert bien vite sa propre singularité en implantant dans un décor original, Amsterdam présentée comme un labyrinthe aquatique, les stéréotypes de ses influences qu'il détourne volontiers. Dick Maas, comme ses confrères italiens, n'hésite jamais à pratiquer le mélange de genres (Psycho killer + course poursuite), et le pire c'est que ça marche. Non seulement ses films cartonnent en Hollande, mais ils se vendent aussi très bien à l'étranger. Le plus étonnant, c'est que le réalisateur réussit à garder une spécificité toute européenne dans un genre des plus formatés, et dominé par les américains.
De nouveau, Maas fait ici appel à son acteur fétiche de l'époque : Huub Stapel. En effet, ils ont tourné ensemble "L'ascenseur", "Amsterdamned" et les trois "Flodders". A ses côtés, on découvre une jolie blonde bien bâtie aux joues rouges Monique Van de Ven . Une actrice hollandaise qui débuta en 1973 dans le "Turkish Delight" de Paul Verhoeven. Elle mènera ensuite une carrière éclectique, aussi bien dans son pays natal (où elle tournera dans "Spagen", série policière genre "Julie Lescaut", mais aussi au cinéma dans l'étrange "Xangadix", ou récemment dans "Amazones"), que dans quelques co-productions internationales ("l'Affaire Wallraff", ou même un épisode de "Starsky et Hutch"). Elle passera même à la réalisation avec un court métrage et un épisode de série télé avant de réaliser cette année son premier long métrage, "Zomerhitte". Pour l'anecdote, elle fut aussi l'épouse du réalisateur et directeur de la photo Jan de Bont (de 1973 à 1988), fut décorée par la reine des Pays-Bas, et est actuellement ambassadrice de l'Unicef.

 


Les victimes n'ont aucun point commun et sont choisies tout à fait arbitrairement, leur seul lien est d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Dick Maas soigne ses mises à mort, mais s'attarde surtout sur les conséquences ou les préparations de celles-ci. Ce qui nous donne deux splendides séquences : l'une où le cadavre d'une victime suspendue à un pont est heurté par un bateau mouche avant de glisser sur le toit en verre et de retomber à l'intérieur. L'autre ou une jeune femme se prélasse à bord d'un canot pneumatique transparent. On peut alors voir apparaître le masque du plongeur puis le couteau transpercer le caoutchouc pour atterrir entre les cuisses de son occupante. Mais Dick Maas, en bon technicien, ne pouvait se contenter de ces quelques morceaux de bravoure. Il lui fallait quelque chose qui le démarquera des autres productions. Il choisit donc de filmer une course poursuite en hors bord dans les canaux amstellodamois (hommage à une autre production : "Puppet on a Chain", dont les bateaux sont de la même couleur). En fait, le réalisateur connut toutes les difficultés du monde pour réaliser cette séquence, car non seulement cela s'avéra un cauchemar logistique mais aussi technique (la poursuite devait être aussi spectaculaire que dans un James Bond). En fin de compte, le pari fut tenu avec succès et encore aujourd'hui la scène tient la route (ou plutôt l'eau).

 

 

"Amsterdamned" est du bon cinéma d'exploitation qui sent bon la vieille Europe et le gouda; et franchement on aurait tort de ne pas en profiter. Alors en cette période estivale, pourquoi ne pas faire une petit tour sur les canaux d'Amsterdam. Mais attention, ne vous penchez pas trop !

 

The Omega Man

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