Après avoir adapté le Dracula de Bram Stocker et conté l'histoire de Vlad Tepes, Pascal Croci et sa compagne Françoise-Sylvie Pauly s'intéressent cette fois à une autre figure du vampirisme, féminine celle-là, celle de la Comtesse Elizabeth Bathory. Personnage que les auteurs relient immédiatement au célèbre comte puisque les mémoires et les minutes du procès de ce personnage historique tombent dès le début entre les mains de Jonathan Harker.

Les mémoires débutent alors que la future comtesse sanglante est encore une enfant mais déjà cruelle et à qui personne n'impose de limite, puis continue avec son mariage forcé puis sa rencontre avec sa jeune et jolie cousine avec qui elle va se retrouver à entretenir une relation étrange et malsaine et avec qui elle va se mettre à tuer de nombreuses jeunes femmes afin de conserver éternellement sa jeunesse.

 

 

Mais l'histoire de la comtesse semble plus être un prétexte à Pascal Croci pour se livrer à de nombreuses images morbides, érotiques, sanguinolentes et pour nous offrir des paysages enneigées d'où s'élèvent des châteaux et bien entendu des cimetières et leurs tombes, avec des couleurs hésitant entre le noir, le blanc et le gris, mais aussi avec de nombreuses teintes de rouge bien entendu. Il réalise là des planches gothiques de toute beauté mais le plus souvent violentes et choquantes.

Car il ne lésine pas sur les cadavres comme le montre la séquence d'ouverture où l'on se rapproche visuellement sur une diligence pour finir sur la dépouille d'un lapin décapité par une roue de cette dernière. Mais ça ne sera évidement pas le seul cadavre que l'on verra, l'auteur n'hésitant pas à nous montrer les corps de nombreuses jeunes femmes égorgées et dénudées, parfois encore agonisante et hurlantes, exagérant très certainement les massacres commis par la comtesse sanglante.

Cette oeuvre prétend raconter son histoire mais reste en fait uniquement sur le folklore de la femme folle et coupable de crimes affreux. Ainsi sa propre descendance n'est même pas évoquée, le but semblant tout autre, peut-être celui de s'amuser avec une figure historique qu'il présente tour à tour en psychopathe cruelle puis en femme manipulée et solitaire mais évitant finalement l'icône vampirique.

 

D'ailleurs, la forme même de ses mémoires est assez étrange puisque plutôt que de nous montrer ce qui est en train de se dire, les auteurs préfèrent nous montrer des images toutes autres, sans bulles, laissant les images et le texte parler d'eux-même par leurs détails et leur violence et plus que de faire une véritable bibliographie, le but semble être plutôt de dresser le portrait d'une femme prête à tout pour que sa vie ne s'enfuit pas.

Voilà donc un album où les planches passent de l'érotisme (même du pornographique) à des images glauques, très certainement insoutenables pour les plus sensibles, où ce qui semble être une simple histoire d'amour impossible entre deux femmes va virer au massacre sans précédent ou presque. En tous cas, cette vision de la comtesse sanglante ne laisse pas indifférent, ne serait-ce que par son atmosphère et la répulsion qu'elle inspire.

 

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de cette BD :

 

- Site de l'éditeur : http://www.epeditions.fr/