Jusqu'ici l'australien Ben Templesmith n'avait eu l'occasion de montrer son talent seulement en tant que dessinateur, sur la série 30 jours de nuit et c'est bien dommage car s'il n'est pas un grand scénariste, il a le don de créer des ambiances originales et des personnages assez extravagants. Jugez plutôt:

Wormwood est un vers qui habite dans un cadavre. Logique, me direz-vous. Sauf que ce vers contrôle très bien le corps, s'en sert pour fumer et boire de la bière dans le bar de Médusa, strip-teaseuse qui doit garder une porte dimensionnelle en échange de l'immortalité. Mais il y a quand même quelques créatures qui arrivent à s'échapper.

Dans la première et très courte histoire, notre héros va devoir affronter une fleur ( ou plus exactement un fongoide) dont les spores semblent avoir atteint ses hôtes qui l'auront bu en même temps que leur breuvage favori.

Dans la seconde, qui occupe le reste de ce premier album, Wormwood va aider un de ses amis, un « fantôme de flic raté », à résoudre une enquête sur une série d'accouchements plutôt violents accompagné par M Pendule, un robot accroc au fusil à pompe et de Phébée, sa nouvelle garde du corps...

Bref, ce petit vers veille à ce que cette dimension consacrée au plaisir ne disparaisse pas .

 

 

 

Autant le dire tout de suite, Wormwood c'est du surréalisme absolu, très original et même assez dingue. On a l'impression de lire un Hellboy revisité par les Monthy Python! Ça n'a aucun sens et ça ne cherche pas à en avoir. L'intrigue policière plutôt légère n'est que prétexte à des situations plus ou moins invraisemblables où un humour souvent noir règne en maître. Les plus terre à terre d'entre nous risquent d'avoir du mal, les autres auront une bonne occasion de s'amuser.

Car il faut dire qu'entre les affrontements avec des monstres tentaculaires et des accouchements sanglants à la Alien, il n'y a pas beaucoup de temps mort et le comportement de certains personnages est souvent à mourir de rire. On est bien loin avec Wormwood de ce qui peut se faire en comics hors norme, même si on peut parfois songer à The Goon ou plus encore à Hellboy en un peu plus fou.

Comme il l'est dit plus haut, Ben Templesmith est un dessinateur fort doué. Et pour sa première série en solo, il s'est particulièrement déchaîné. Le dessin est tout à fait fabuleux. A l'instar d'un Frank Miller ou d'un Mike Mignola, le graphisme donne beaucoup de sa personnalité à cette série. Les monstres tentaculaires et autres démons semblent près à sortir de leur pages pour vous arracher la tête. Seul les bulles, qui sont écrit en couleur bleue ou rouge sur un fond noir sont un peu gênante, surtout quand l'un des personnages tient un long discours, mais ça n'arrive pas trop souvent, les répliques étant plutôt courtes et incisives.

 

Wormwood est donc une série gentiment déjantée avec un univers fantastique très amusant. On pourra regretter que l'histoire ne soit pas un peu plus travaillée car si cette enquête se laisse suivre, elle n'est jamais passionnante et on manque parfois d'empathie pour les personnages. Mais la conclusion assez loufoque permet de partir sur un éclat de rire et de se dire qu'on remettra probablement les pieds dans le monde de Ben Templesmith.

 

Note : 9/10

 

Stegg

 

A propos de ce comics :

 

- Site de l'auteur : http://www.templesmith.com/faze3/

- Site de l'éditeur : http://www.editions-delcourt.fr/