D 2
Titre tome: Lady d'Angerès
Genre: Fantastique , Vampirisme , BD européennes
Année: 2011
Pays d'origine: France
Editeur: Delcourt
Collection: Consquistador
Scénario:
Alain Ayroles
Dessin:
Bruno Maïorana
Couleurs:
Thierry Leprévost
 

 

Après un premier tome qui avait été pour moi une demi-déception, ce second volet a réussi à me séduire bien davantage.

Lord Faureston avait été une mise en place fastueuse et intelligente, mais un brin longuette et qui semblait tourner autour de son sujet plutôt que de le traiter. De plus, cet album était principalement axé sur le personnage de l'explorateur Richard Drake, jusqu'à évoquer ses difficultés financières ou ses conversations avec des dandys de clubs londoniens. A l'opposé, le vampire n'était qu'une silhouette, inquiétante, mais qui restait très en retrait. Ce parti-pris d'une menace davantage suggérée que montrée était certes subtil mai,s le lecteur pouvait tout de même être en droit de se sentir un peu frustré. L'autre réserve que je lui avais faites était ce Lord Faureston qui, dans ses quelques apparitions, m'avait paru sans charisme, voir même assez falot. En tous les cas très éloigné d'un certain comte valaque bien connu dont il est d'ailleurs également question ici et qui appose son sceau à la série.

Ce second tome parvient à rattraper ces petites lacunes, par une approche plus direct (le vampirisme y apparaît cette fois sans fard) et un personnage de vampire féminin nettement plus convaincant, la fameuse lady d'Angerès du titre.

Avec l'arrivée de cette vénéneuse lady d'une tout autre trempe, plus audacieuse, retorse et provocante que son congénère masculin ("cette petite gouape" dira d'ailleurs de lui la belle dans un éclat de rire), on a enfin droit à une créature de la nuit digne de ce nom et que l'on imagine déjà devenir, dans un prochain volet, une adversaire d'un tout autre calibre pour Drake. En attendant, même si cela tient encore de la confrontation discrète et fugitive pour l'instant, je me réjouis de voir ces deux forces de la nature commencer à se jauger, à s'épier, à coups de petites escarmouches verbales et d'allusions.

 

 

Mais, surtout, ce second tome se révèle plus sombre et moins empesé par les mondanités victoriennes. Les ténèbres (un mot plusieurs fois employé dans l'album) se rapprochent davantage des personnages, jusqu'à menacer de les engloutir : miss Lacombe, sous l'influence de son bourreau spectral, montre des signes inquiétants de modifications de sa personnalité autant que de son maintien pendant que le passé "sanguinaire" de Richard Drake ressurgit et crée une situation ironique puisque Ayroles nous montre toute l'ambiguïté qu'il y a pour un homme ayant lui-même dépassé les limites de l'acceptable pour un être humain "civilisé" de se retrouver à combattre des monstres dont il n'est peut-être pas si éloigné.

Au-delà de ces considérations ayant trait à la psyché des principaux protagonistes, l'album nous fait également quelque peu changer de décor, du moins pour la partie concernant le séjour rurale de miss Lacombe, passant des rues animées de la capitale britannique à l'ambiance sinistre d'une lande où repose un manoir qui a tout du mausolée oppressant. Pour un peu, on se croirait revenu à Barskerville Hall. Une atmosphère indéniablement gothique.

Ce décor sera également le théâtre d'une confrontation ultime entre Drake et le lord vampire avant un retour à Londres où va se distinguer désormais notre séduisante oupire.

Par l'intermédiaire d'un bijou convoité par cette dernière (en plus d'un journal dont il était déjà question dans le précédent opus), c'est également un certain Vlad Drakul qui est convié (ou du moins son évocation) et dont la présence effective dans la suite de l'histoire nous est suggérée.

 

Ce Lady d'Angerès refermé, je commence à mieux réaliser les intentions de son talentueux scénariste qui, après un tome introductif un peu déroutant dans sa manière de ne pas trop y toucher, manifestait en réalité moins un manque de mordant ou d'inspiration que la volonté d'entrer dans le fantastique par un chemin un peu détourné, empruntant la petite porte d'une chapelle plutôt que le parvis d'une cathédrale (gothique, évidemment).

Bien que très référentielle et peu originale à première vue, cette série en devenir a au moins le mérite de refuser de nous jouer les grandes orgues d'emblée, préférant s'insinuer lentement mais sûrement dans l'esprit du lecteur par une maîtrise scénaristique et graphique (car il ne faudrait pas oublier l'excellent travail de Maïonara et du coloriste Thierry Leprévost) qui refuse tout effet facile et/ou grandiloquent.

Les dialogues, quant à eux, demeurent toujours juste, réalistes et toujours empreints d'une élégante causticité.

 

Note : 8/10

 

Vorpalin

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'éditeur : http://www.editions-delcourt.fr/

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