Auteurs des aventures de "The Goon", de ses massacres de zombies à répétitions et d'un humour pas toujours fin, Eric Powell a aussi montré avec certains épisodes de sa série culte comme "Chinatown" ou les épisodes sur Busard qu'il était capable d'aller vers des histoires plus sombres, mais pas forcément un auteur capable de produire une oeuvre pour les enfants. Chimichanga nous démontre qu'on se trompe.
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Une fille à barbe qui travaille dans le cirque du père La Ridule va échanger à une vieille dame peu sympathique quelques poils de sa fameuse barbe en échange d'un étrange caillou, étrange caillou qui se révèle être un oeuf contenant une créature plutôt moche et incontrôlable. Bien décider à le dresser, la fillette va devoir faire face à l'hostilité des autres membres du cirque tandis qu'une autre menace se prépare...
A l'instar de The Goon dont la tante était catcheuse dans un cirque, Chimichanga regorge d'une certaine tendresse pour les Freaks, plus considéré comme des êtres humains que comme des bêtes de foire. Ici, entre une chèvre borgne à deux yeux et un homme de 70 kg à la force d'un homme de 75 kg, se baladent un paquet de ces personnages autrefois exhibé au public, dont l'héroïne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Cette dernière fait en effet preuve d'un sacré caractère et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense ! Être barbue ne semble pas être un handicap, mais un atout ! Une freak qui s'assume jusqu'au bout des ongles et va donc vouloir en protéger un autre : le fameux Chimichanga, un gorille qui bouffe tout ce qui passe à sa porter et ne semble pas particulièrement intelligent, mais dont il va falloir faire un numéro de cirque.
On retrouve donc une grande partie de l'humour d'Eric Powell dans cette série, même s'il ne va pas aussi loin dans les gros mots (encore que la petite Lula ait un langage haut-en-couleurs) et bien entendu dans la violence. Encore que si elle est ici moins graphique, elle sera plus psychologique dans The Goon avec quelques passages probablement un peu dur pour les jeunes lecteurs, mais pas traumatisant non plus.
Dans Chimichanga, on retrouve aussi le côté satyrique d'Eric Powell quand il parle de la société de consommation ou de politique dans des digressions souvent hilarante de "The Goon" avec ici un attaque en règle du milieu pharmaceutique qui ici préfère soigner que guérir, pour continuer à s'enrichir sur le dos du malade. Enfin on, du client en fait ! La critique n'est pas fine, mais elle n'est pas forcément fausse.
Ce Chimichanga s'inscrit donc bien dans l'oeuvre d'Eric Powell dont on reconnaît la patte à tous les étages, y compris celui du dessin, encore une fois très caricaturale et dans laquelle se dessine immédiatement la personnalité de ses protagoniste et à un univers de freaks dont le monstrueux est le plus humain d'apparence. Un joli paradoxe que l'auteur utilise avec tout le brio qu'on lui connaît dans cette histoire gentiment délirante.
A notre que Delcourt propose ici un objet-livre dans la lignée de ce qu'il avait fait pour l'excellent "bêtes de somme" avec un format un peu plus grand et une couverture protégée. Le seul soucis est que le nom de l'auteur et sa présence dans l'excellente collection Contrebande risque de le faire passer à côté des têtes blondes à qui cet ouvrage est destiné et qu'on éduque jamais trop tôt aux bonnes choses !
Note : 7/10
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A propos de ce comics :
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- Site de l'auteur : http://www.thegoon.com/index.php
- Site de l'éditeur : http://www.editions-delcourt.fr/