Twilight People, The
Genre: Science fiction , Fantastique , Action , Aventures
Année: 1973
Pays d'origine: Philippines / Etats-Unis
Réalisateur: Eddie Romero
Casting:
John Ashley, Pat Woodelln, Jan Merlin, Charles Macaulay, Pam Grier, Ken Metcalfe, Tony Gosalvez, Kim Ramos, Mona Morena, Eddie Garcia...
Aka: Island of the Twilight People / Beasts
 

Matt Farrell (John Ashley), aventurier de son état, fait de la plongée sous-marine au large d'une île des Philippines, lorsqu'il est victime d'un étrange malaise. Le voici repêché avec son comparse Juan Pereira (Eddie Garcia) par un petit bateau commandé par Steinman... un drôle de mercenaire aux allures de nazi (Jan Merlin). Plus que d'être sauvé, il est surtout kidnappé, pour être emmené sur une île au sein de laquelle le Docteur Gordon (Charles Macaulay) s'adonne à d'étranges manipulations sur l'être humain. Gordon est secondé par sa fille Neva (Pat Woodell). Son malaise, et le kidnapping qui s'en est suivi, ne sont pas fortuits.
Le premier événement auquel assiste Farrell est la poursuite d'une créature mi-homme, mi-sanglier que Steinman poursuit dans la jungle avant de l'abattre froidement. Il va sans dire que l'acte est autant un pur sport pour le baroudeur qu'un moyen de dissuader Farrell de toute tentative d'évasion.
Ce dernier est effaré par ce qu'il découvre dans les cachots du Dr Gordon : cinq hommes bêtes enfermés dans des cellules... un homme-antilope (Ken Metcalfe), un homme-singe (campé par une femme : Kim Ramos ?!), un homme-chauve-souris (Tony Gosalvez), ainsi qu'une femme-louve (Mona Morena) et une femme-panthère (Pam Grier).

 


La recherche démente de Gordon est motivée par sa croyance en ce que la race humaine est en voie d'extinction. Selon lui, la seule chance que possède notre espèce à survivre (à long terme) est d'incorporer des organismes animaliers au sien.
Pour mener à bien sa mission, il s'avère qu'il utilise les services peu glorieux de Steinman, chargé d'enlever quelques indigènes du coin, afin de lui fournir des corps qui serviront aux mutations génétiques. Ceux-ci sont directement amenés dans son laboratoire, dans lequel sa fille Neva l'assiste. Juan Pereira en fera rapidement les frais.
Farrell, de son côté, sera plus chanceux, et ses trois principaux ravisseurs ont des projets contradictoires le concernant. Si le Dr Gordon compte bien extraire son cerveau afin d'en soustraire sa conscience qu'il inoculera à ses créatures captives, il n'en va pas de même pour Neva qui commence à s'attacher à Farrell, jusqu'à en devenir rapidement amoureuse. De son côté, Steinman, qui a des vues sur Neva depuis belle lurette, voit d'un tel mauvais œil leur relation qu'il échafaude le plan de le laisser s'évader afin de pouvoir le traquer, puis le tuer en toute légitimité. Petit problème pour tout ce beau monde, voilà qu'en même temps que Farrell, sa sauvent nos cinq mutants, qui, à n'en pas douter, même poursuivis, seront plus dans leur milieu naturel dans la jungle que derrière les barreaux...



A n'en pas douter, on pensera à "L'île du Docteur Moreau" de Don Taylor, ce, à juste titre, mais aussi à tort. A tort puisque "The Twilight People" le précède de quelques années, il ne s'agit donc pas là d'une énième exploitation d'un hit. A raison également, puisqu'il s'agit sans aucun doute d'une adaptation du même roman de H.G. Wells. Ce n'est du reste pas le premier emprunt que fait Eddie Romero à l'écrivain puisque déjà, en 1959, celui-ci produisait "Terror Is a Man", tandis que son comparse Gerardo de Leon le réalisait. Il s'agissait déjà de mutations et de créature hybrides, mi-humaines, mi-animales. En 1968 encore, Romero coréalisait avec son comparse Gerardo de Leon "Le médecin dément de l'île de sang", dans lequel un scientifique s'attelait à créer des zombies au sein d'une île ; bref, nous n'étions déjà pas loin. Moins fidèle ou plus lointaine, soit, mais c'en était déjà une. Idem pour "Brides of Blood Island", tourné la même année, dans lequel les mutations venaient alors de radiations nucléaires, ou encore "Horrors of Blood Island". A noter également que si Burgess Meredith jouait le savant dans l'opus de 1959, John Ashley, dès 1968, jouera dans tous les films de mutants du réalisateur, jusqu'à s'investir en produisant même celui qui nous préoccupe. On le retrouvera encore dans "Beyond Atlantis", tourné la même année. On notera toutefois que Roger Corman aurait, même s'il n'est pas crédité au générique, coproduit ce dernier.



Il faudra prendre "The Twilight People" comme un pur film de distraction et surtout... surtout ne pas aller y chercher la petite bête, en analysant ce qu'il regorge d'inepties ou d'incohérences, ce que je vais tout de même faire quelque peu. Autant l'on peut porter crédit à une réadaptation biologique de l'homme ou de l'animal, qui serait le fruit de radiations ou de guerres nucléaires, autant il pourra paraître absurde que cette volonté puisse venir de l'être humain lui-même, les espèces ici mises en scène étant largement plus menacées écologiquement parlant que nous-mêmes. Autant les loups, les singes que les panthères sont des espèces protégées car plus aptes à disparaître, et il faudra faire preuve d'un bel esprit d'abnégation pour accepter le fait qu'en nous croisant avec une gazelle, on puisse devenir plus résistant et vivre plus longtemps. Encore une chauve-souris, je ne dis pas, c'est un peu plus plausible ; enfin pour le reste, une chose est certaine, Eddie Romero n'est pas Jules Verne, et n'a surtout rien d'un visionnaire ! Mais cela n'est pas grave, car le fait est que le bestiaire ici représenté offre une galerie relativement réussie quoiqu'inégale, et surtout amusante.
On la doit à Tony Artieda, responsable des effets spéciaux ici, comme dans la plupart des films susnommés du réalisateur.
Certes, une Pam Grier n'a pas besoin de beaucoup plus que quelques crocs bien aiguisés pour convaincre qu'elle est une panthère. Ken Metcalfe ("The Beast of the Yellow Night"), dans le rôle de Kuzma, l'homme-antilope, reste le plus réussi du lot. Par ailleurs, l'homme-singe passe encore (Kim Ramos / "Beyond Atlantis) même si on est loin, très loin des maquillages de John Chambers pour "La planète des singes" ; tout comme Lupa, la femme-loup (Mona Morena / "Fight Batman Fight!"). En revanche, Darmo, l'homme-chauve-souris, vaut son pesant d'or !
Campé par Tony Gosalvez, affublé de sacs en plastique en guise d'ailes, c'est l'un des personnages les plus présents à l'écran. Ses apparitions pourront soit provoquer l'hilarité, soit le sourire indulgent, vu que l'on n'est pas dupe du petit budget et ses limitations artistiquement créatives qui vont avec. De fait, il conviendra de bien vouloir se prêter au jeu dans ce film à mi-chemin entre "Les chasses du Comte Zaroff" et le roman de H.G. Wells, car "The Twilight People" n'en démérite pas pour autant.



Soit, niveau scénario, il y a également quelques incongruités, telles notre héros Matt Farrell qui tombe amoureux, à la vitesse d'une gazelle, de Neva Gordon (magnifique Pat Woodel / "The Woman Hunt", qui, il est vrai, n'a que peu d'hommes à se mettre dans son lit hormis l'ignoble Steinman (excellent Jan Merlin / acteur de nombreuses séries en plus de quelques films de guerre et d'aventures de seconde zone) ; ailleurs Lupa et Kuzma tombent eux aussi amoureux. On n'ose à peine imaginer le croisement d'un loup et d'une antilope.
Mais peu importe, car ce sont aussi ces excès de fantaisie qui font le charme de "The Twilight People". Bien entendu, il est inévitable de penser à tout ceci durant la vision de cette sympathique pellicule, mais en même temps il convient de préciser qu'elle est dotée d'un rythme parfois défaillant, mais globalement satisfaisant. Il est vrai aussi que la chasse à l'homme/chasse à l'homme-bête remplit toute la seconde partie de cette même pelloche, et que l'ensemble se montre somme toute bien distrayant. Qu'irions-nous chercher plus loin, puisque c'était là, sans aucun doute, le but d'Eddie Romero ? Il faut dire que la partition signée Tito Arevalo et Ariston Avelino (deux grands habitués des films du metteur en scène) arbore des airs de sérials (parfois proches de la blaxploitation) on ne peut plus enlevés et dynamiques.
Un dynamisme qu'ils parviennent à communiquer au film, achevant de lui conférer le supplément de charme dont il était déjà bien pourvu. "The Twilight People" est à voir, d'autant que la fin est un petit moment foutraque, assez jouissif lui aussi.

 

Mallox

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