Cobra Woman
Genre: Aventures
Année: 1944
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Robert Siodmak
Casting:
Maria Montez, John Hall, Sabu, Lon Chaney Jr, un chimpanzé en jupette...
 

Sur une île à la végétation paradisiaque, la belle (enfin...) Tolea (campée par l'inénarrable Maria Montez) s'apprête à convoler en justes noces avec Ramu (le transparent John Hall). Pendant ce temps là, le jeune Kado, ami du couple (Sabu dans le rôle du faire valoir comique), rencontre un étrange vagabond muet et (faussement) aveugle (Lon Chaney Jr en étrangleur indou). Le soir même, Tolea est enlevée et son garde du corps assassiné. Le père adoptif de Tolea révèle alors à Ramu le secret des origines de sa fiancée : il l'a emmené, alors quelle n'était qu'un nourrisson, en fuyant l'île maudite du Cobra où les indigènes tuent à vue tous les étrangers, et où règne le culte sanglant du dieu Cobra.
Ramu décide alors de se rendre seul, sur son frêle esquif, dans cette île pour retrouver sa fiancée. Mais en secret l'accompagnent Kado et un chimpanzé répondant au sobriquet "psittacidesque" de Coco.

Bon je m'arrête là pour le synopsis, afin de ne pas vous gâcher les joies d'un scénario particulièrement inepte à base de jumelles, l'une maléfique et l'autre bénéfique, de volcan en carton-pâte, de statues de Cobra et de chimpanzé apathique et déprimé, dont l'unique activité consiste à mimer des travaux de couture.

 

Qu'allaient donc voir les américains au cinéma pendant que leurs "boys" achevaient leur longue préparation en vue du débarquement, ou se battaient très peu brillamment dans les Apennins ? Et bien, entre autres, les films d'aventures exotiques du couple Maria Montez/John Hall. Du pur cinéma d'évasion aujourd'hui complètement disparu (ce qui à la vision de ces œuvres est compréhensible), et destiné à la première partie de séances qui comprenaient alors deux films.
Si ce "Cobra Woman" n'est pas complètement tombé dans les limbes de l'oubli, c'est grâce à la présence au générique du futur metteur en scène du "Corsaire rouge", Robert Siodmak. Pourtant, à la vue de ce film, on a bien du mal à croire que c'est le même Siodmak qui sera deux ans plus tard l'auteur des "Tueurs", ce grand classique du polar (qui révéla au monde la beauté d'Ava Gardner), tant la désinvolture de la réalisation de ce "Cobra Woman" confine au j'menfoutisme absolu.
Tout méconnu que soit devenu ce long métrage, deux légendes courent à propos du film. La première prétend que c'est en voyant "Cobra Woman" qu'Ed Wood voulut faire du cinéma. La seconde affirme que la danse du Cobra exécutée par Maria Montez au milieu du métrage est un grand moment d'érotisme pervers et morbide (la danse ayant pour but de désigner les victimes destinées à un sacrifice humain).
Concernant la première je ne me prononcerais pas, mais pour la seconde je peux l'infirmer avec confiance, tant la dite séquence est totalement dépourvue de la moindre charge érotique, Maria Montez se contentant d'agiter mollement les épaules et les genoux autour d'un serpent factice, sans qu'il y ait la moindre chorégraphie, l'alternance champs/contrechamps avec un vrai Cobra achevant de ridiculiser la scène.

 

Maria Montez, parlons-en, est connue par les cinéphiles français pour avoir été l'épouse de Jean-Pierre Aumont, et par les bisseux pour être la mère de Tina Aumont. Ancienne cover girl d'origine dominicaine, elle ne fut pas une très bonne actrice. Elle était handicapée, qui plus est, par un accent "espagnol" rendant ridicule la plupart de ses répliques. Tout cela ne serait pas bien grave si elle avait été la bombe Latina vantée par les historiens du 7ème Art. Hélas, malgré une silhouette parfaite (mais bien mal mise en valeur par des tenues très chastes), le visage quelconque, pour ne pas dire ingrat, avec un nez légèrement porcin, de Miss Montez l'exclut de la catégorie des sex-symbols.
Compte tenu de son jeu, disons particulier, et du fait qu'elle joue le double rôle de jumelles, l'un des moments les plus attendus du film est la confrontation entre la bonne et la méchante sœur ; et là le cinéphile déviant ne sera pas déçu, avec pour couronner la scène une des morts les plus grotesques et rapidement expédiées de tout le cinéma hollywoodien.
Je n'en rajouterai pas sur le reste de l'interprétation, ni sur l'absence totale de mise en scène lors des "combats", qui tournent vite au joyeux foutoir complètement improvisé.
D'ailleurs, les scènes ratées, mais avec une photo Technicolor superbe, s'enchaînent suffisamment rapidement pour que l'on ne s'ennuie pas, compte tenu de la faible durée du métrage.
En bref, un mauvais film, mais qui possède paradoxalement un certain charme, celui d'une naïveté définitivement perdue.

 

Sigtuna

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