Seul contre Rome
Titre original: Solo contro Roma
Genre: Peplum
Année: 1962
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Luciano Ricci (Sous le pseudo de Herbert Wise)
Casting:
Lang Jeffries, Rossana Podestà, Philippe Leroy, Gabriele Tinti, Luciana Angelitto, Renato Terra...
 

Jules César vient juste de célébrer sa victoire contre Vercingétorix et Alésia, qui vient d'être conquise par le consul Suetonius, laisse en base arrière une garnison de soldats à Alésia. Après leur défaite, les Gaulois ont décidé de coopérer avec ce même consul, un ennemi plutôt loyal et juste qui leur a donné sa parole que ceux-ci pourraient évoluer librement sur leurs terres, quand bien même gagnées par la force des armes.
Le tribun Sylla est désigné pour gouverner cette base arrière et la ville d'Alésia avec. Sylla ne tarde par à contrevenir aux ordres laissés par le consul et ordonne à ses hommes de s'abandonner aux vexations en tout genre, minant sérieusement le pacte de paix fixé avec les têtes de tribus, et en faisant arrêter le fils du chef de la ville, Goruk, sa fille Fabiola ainsi que le fiancé de cette dernière, Brenno, qui se retrouve vite à l'école des gladiateurs pour combattre dans l'arène. En effet, Sylla a des vues sur la belle Fabiola et Brenno n'est qu'un gêneur parmi d'autres. Brenno se révèle être un gladiateur d'exception. Bientôt, il en vient même à tuer un centurion trop cruel et est alors condamné à la peine capitale.
Mais entre temps, ne supportant plus les arrogances du tribun sadique, les citoyens d'Alésia se rebellent. Brenno, Goruk et leurs amis réussissent à fuir des prisons et à s'unir aux rebelles. Brenno, alors blessé, n'a plus qu'une idée en tête : tuer Sylla. Pendant sa captivité, Goruk parvient à se soustraire à la surveillance des gardes romains pour rejoindre le camp de Suetonus et le mettre au courant de la situation d'Alésia...

 

 

S'il est une question que l'on se pose longtemps durant la vision de ce Seul contre Rome, c'est bien où se situe l'action du film. Une carte géographique nous est montrée à l'écran durant le film, le situant alors à Alésia. Auparavant, et si l'on se fie aux informations que l'on peut trouver sur le net à propos du film (voir peplum-info et leur excellente chronique) et de certaines campagnes publicitaires d'époque (les films Marboeuf, par exemple), l'action se situerait dans la ville d'Antigone, en Illyrie, près de la frontière de l'Epire. Du coup, on se retrouve par moments avec des décors à tendance gréco-romaine, et à d'autres moments ceux-ci se font plus celtiques. Il semblerait que pour des raisons budgétaires Luciano Ricci ait dû avoir recours à des stock-shots issus de "L'esclave de Rome", tourné en 1960 par Sergio Grieco et Franco Prosperi, notamment pour les scènes de batailles qui, on le sait bien, ont souvent servi au sein du péplum un film, puis un autre ensuite.
De fait, l'action semble avoir muté en cours de tournage d'une région montagneuse des Balkans à la Gaule. Pas que cela nuise au film et à ses qualités, et il y en a ; non, simplement on se retrouve avec l'étrange sensation d'assister, un peu à la manière de La reine des Vikings ou en guise de Vikings on trouvait des Celtes, aux aventures de Gaulois perdus entre la Grèce et l'Albanie. Manquerait plus finalement qu'un porteur de menhir bedonnant et un héros moustachu pour se retrouver face à des aventures inédites d'Astérix et Obélix. Finalement, pour être fixé de façon certaine là-dessus, il conviendrait d'avoir entre les mains le script signé Ernesto Gastaldi (ici sous le pseudo de Gastad Green).
Peu de choses à dire sur Luciano Ricci, qui n'a signé que quatre films dont le dernier fut Le château des morts vivants en 1964 (dans lequel on retrouvait le bon Philippe Leroy aux côtés de Christopher Lee et de Donald Sutherland). On mentionnera, en revanche, la forte présence de Riccardo Freda qui, en directeur de seconde équipe, a filmé ce que le film recèle de meilleur en termes d'action : Les combats au sein des arènes.

 

 

Le clou du spectacle demeure son presque final dans lequel Brenno doit se défendre contre deux chars dotés de faux, se fendant de quelques salto avant pour enfin vaincre leurs conducteurs. Il semblerait que Freda, pour renforcer le côté spectaculaire de ladite scène, contraignit les accessoiristes, lors du tournage, à remplacer les couperets en carton par d'autres en acier. Quant au personnage de Brenno, il est campé assez moyennement par Lang Jeffries, acteur peu charismatique qu'on avait déjà vu aux côtés de Rhonda Fleming dans "La révolte des esclaves" en 1960. A ses côtés, et dans le rôle de la convoitée au grand coeur Fabiola, Rossana Podestà est assez jolie, mais elle livre une prestation limitée et répétitive, son rôle se limitant finalement à une excessive (mais légitime) empathie envers Brenno. On pourra toujours relativiser en se rappelant le "Fabiola" d’Alessandro Blasetti, dans lequel Michèle Morgan s'en tirait avec les honneurs, mais où, aussi, Henri Vidal se traînait un oeil torve de veau pas possible.
Niveau interprétation, on en reviendrait à regretter que Gabriele Tinti, ici dans le rôle de Gorkus, ne remplace pas Jeffries, tant sa présence, bien que secondaire, perce davantage l'écran. Plus racé, cet acteur n'a finalement jamais eu la reconnaissance qu'il aurait sans doute méritée. Freda le fera rejouer par la suite dans ses films (Sept épées pour le roi, "Roger la Honte") et on le reverra très souvent au cinéma dans des genres assez variés (Tropique du Cancer, "La mort remonte à hier soir", "La folie des grandeurs"), mais jamais il n'aura de premier rôle ou presque, si ce n'est vers la fin des années 70 dans des films de piètre qualité (Black Emanuelle en Amérique, "Emanuelle chez les cannibales", "Emanuelle et les filles de Madame Claude"...). Un manque de risque préjudiciable au film qui aurait eu une toute autre allure, mais qui est relevé haut la main par un Philippe Leroy impérial dans le rôle du tribun sadique, lequel passe son temps à torturer le peuple d'Alesia où à assister à des spectacles barbares dans une arène qui semble lui appartenir toute entière (Bouglione, sors de ce corps, on t'a reconnu !). Ce dernier vole aisément la vedette à nos deux héros pour finir par faire quasiment graviter tout le film autour de lui. Chose finalement logique puisque de ses décisions dépend le sort des Gaulois, de sa cruauté émane l'esprit de vengeance de Brenno, et de ses lâchetés et faiblesses le spectateur se repaît donc lorsque ce dernier subit tour à tour les humiliations verbales du consul Suetonius puis physiques du vaillant gladiateur Brenno.

 

 

Finalement assez pauvre au niveau de son scénario (sans doute encore une fois à cause de son petit budget), l'histoire évolue au début pour se figer rapidement dans une quasi-unité de lieu, reprenant ci et là ce qu'on a déjà pu voir dans d'autres péplums, qu'ils soient italiens ou non. Difficile de ne pas penser aux combats auxquels on assistait dans le moyen Les Gladiateurs de Delmer Daves, dans lequel Victor Mature prenait déjà les mêmes chemins que Lang Jeffries, ici présent, ou encore au superbe "Barabas" de Richard Fleischer et le chemin de croix d'un Anthony Quinn se retrouvant lui aussi gladiateur, avec des combats finals homériques contre un Jack Palance terrifiant. A la décharge du script de Gastaldi, celle assez rare à l'époque, le fait d'avoir mis de côté la plupart des considérations bibliques pour livrer un pur film d'aventure romanesque. Finalement, au sein d'Hollywood, l'un des seuls exemples à échapper à cette règle à l'époque fut le Spartacus de Kubrick. Un "Spartacus" auquel le film cligne également de l'oeil via l'excellente partition musicale d’Armando Trovajoli, qui emprunte chez Alex North pour livrer une très subtile variation de l'un des thèmes principaux du film ("Varinia"). Soutenu également par une belle photographie de Silvano Ippoliti (Navajo Joe, Le grand silence), Seul contre Rome a le mérite d'offrir un spectacle à la fois spectaculaire, riche en combats, et donc dégraissé de considérations religieuses à tout va (un vieux chrétien battu à coups de chaîne en milieu de film alors qu'il n'arrivait plus à suivre la cadence de la roue, et c'est à peu près tout). Alourdi néanmoins par des excès mélodramatiques et le jeu de deux acteurs principaux allant en ce même sens, Seul contre Rome remporte tout compte fait la partie grâce aux qualités déjà citées : un scénario un rien aride mais qui va droit au but, de belles séquences d'entraînement et de combats dues à Freda, et l'imparable présence de Philippe Leroy qui porte presque le film sur ses épaules. Bref, le film n'est pas inoubliable, il manque légèrement de fantaisie, mais reste très agréable à regarder.

 

 

Mallox

 

* La bande-annonce US :

 

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