Games Girls Play
Genre: Erotique , Espionnage , Sexy Comedie
Année: 1974
Pays d'origine: Angleterre
Réalisateur: Jack Arnold
Casting:
Christina Hart, Jane Anthony, Ed Bishop, Murray Kash, Drina Pavlovic, Jill Damas, Eric Young...
Aka: The Bunny Caper or Sex Play / Sex Play
 

Les encyclopédistes ont très souvent tendance à considérer que la carrière de Jack Arnold s'arrête après une salve de beaux films fantastiques réalisés dans les années 50. Une période où, il est vrai, le cinéaste se montra très inspiré ; et l'on rappellera pour la circonstance qu'on lui doit, en vrac, "Le météore de la nuit" (un joli film original mais inabouti), puis le fameux diptyque "L'étrange créature du lac noir" et sa suite ("La revanche de la créature", pas loin d'être plus réussie que son prédécesseur en situant l'action dans un parc aquatique de Floride), "Tarantula", ou encore l'immanquable "L'homme qui rétrécit", superbe série B et maître étalon du film de rapetissement, ce, bien avant que le procédé fasse le bonheur d'un Bert I. Gordon et que les nains pullulent au cinéma.

Lorsqu'ils ne sont pas oubliés, ses films suivants sont le plus souvent méprisés, comme si le réalisateur avait perdu son talent dès lors qu'il était sorti d'un genre qui fit, pour le meilleur, sa renommée, pour le pire, son confinement critique. Disons que l'accueil, en 1958, de son "Le monstre des abîmes" fut primordial et entérina le divorce entre, d'une part une critique qui s'engluait unilatéralement et aveuglément dans un cinéma dit d'auteur - sans oublier un public qui commençait à se blaser de la kyrielle de films de science-fiction fauchés qu'on lui assénait depuis une décennie - et d'autre part un réalisateur meurtri et doté, au demeurant, d'un tempérament indépendant.

 

 

C'est dommage car le bonhomme, faisant fi de ses succès, continua une carrière prolifique, s'essayant – avec, soit, plus ou moins de bonheur - à des genres variés au sein desquels il évolua pourtant avec savoir-faire et se montrant parfois même inspiré. "La souris qui rugissait" est loin d'être aussi mauvais qu'on a pu le dire. Quant à "Une balle signée X" avec Audie Murphy, il s'agit d'un western original et lyrique de premier ordre. Durant les années 70, Jack Arnold fit donc des allers-retours de la télévision au grand écran, avec des contributions pour des séries bien connues ("Rawhide", "Perry Mason", "Wonder Woman", "Super Jaimie", "Buck Rogers", "L'homme qui tombe à pic", "La croisière s'amuse"...) ou des commandes pour des productions indépendantes, dont même des blaxploitations (un "Black Eye" très moyen et un "Boss Niger" plutôt réussi, tous deux avec Fred Williamson en vedette mégalo).
Entre les deux films avec Williamson, il tourne donc ce Sex Play, une comédie érotique voulant jouer sur le grotesque, mais tombant inexorablement souvent à plat jusqu'à devenir pénible...

 

 

Autant dire que ces petits jeux de dames sont exclusivement réservés aux plus extrémistes d'entre-nous. En témoigne un pitch on ne peut plus tiré par la queue, et qui peut se résumer en peu de mots : quatre femmes font un pari et provoquent, ce faisant, une crise internationale grave ! Et oui, c'est que quatre importants diplomates sont en ville afin de figer sur pellicule une poignée de main fraternelle au sortir d'une conférence sur la paix. La question centrale de cette bobine, qui fait souvent tirer la tronche, restera de savoir laquelle de nos quatre nymphomanes parviendra à séduire l'un des diplomates pour l'emmener ensuite au lit et mieux l'égarer de ses objectifs. En ce doux printemps de drague, nos femelles sexuellement bien mûres et prêtes à être cueillies n'agiront pas pour autant de manière terroriste. Rien à voir avec une quelconque "Librianna, la salope des mers" ! Non, le film pourrait bien s'appeler "La meilleure façon de se taper un mec" et être tourné par notre Pecas nationnal. Hélas, tout cela ne parle que trop pour ce que ça montre. Soit, c'est ludique, puisque durant la moitié des 90 minutes que dure le film, nous assistons à des conversations très régressives (et pas forcément toujours de manière volontaire), sur la bonne marche à suivre pour séduire, la meilleure manière de transiter de l'approche au passage à l'acte coïtal... une presque moitié de film entrecoupée de scènes où nos quatre donzelles se promènent nues, s'exerçant à des activités pour le moins statiques et ennuyeuses. A moins que ce ne soit le contraire et que ces scènes "d'action" soient elles-mêmes entrecoupées de dialogues interminables et minables.
Et pour ce qui est du film d'espionnage dans lequel tente de s'imbriquer le film, il est expéditif, raté ; un élément central, qui devrait servir de lien et qui demeure ce qu'il a de pire dans le film, le fait même ressembler très souvent aux sexy comédies italiennes les plus pourries de l'époque.

De minable à minou, il n'y a qu'un poil de diplomate qui servira de montage à un film où le spectateur aura certes son petit lot de nudité frontale (genre défilé de majorettes à deux balles sur un terrain de tennis, ou une interminable scène de piscine dont on sort la peau fripée), mais restera inexorablement sur sa faim... et peut-être même sans avoir consommé entièrement (le film, hein, pas les actrices !).

 

 

Alors, on parle souvent de Christina Hart, en charge du rôle principal, mais il faut bien le dire : sa composition est d'une inaltérable médiocrité. Jamais drôle, toujours irritante, l'actrice a beau être auréolée d'une image à la fois sexy et marginale (on l'avait déjà vue dans "Dracula vampire sexuel", "Le Détraqué" de Bert I. Gordon ou bien encore Tuez Charley Varrick !, et on la reverra pas exemple dans Johnny Firecloud l'année suivante, avant d'enchaîner elle aussi les séries télévisées où elle croisera à nouveau parfois Jack Arnold), elle fait ici piètre impression.

Non, s'il n'y avait tout compte fait qu'une seule de ces dames à garder, ce serait la seule à ne pas paraître la plupart du temps insipide, à savoir Jill Damas. L'actrice possède un peu plus de caractère que ses rivales consoeurs, et elle a l'avantage sur les autres de pouvoir braquer sur le spectateur une paire de pastèques à se faire cracher des pépins en pleine face par un bébé durant un allaitement classique. Hélas, percer l'écran, quelle qu'en soit la manière, n'est pas gage de réussite ou de carrière. Preuve en est, puisque l'actrice disparaîtra des écrans, peu après ce que l'on peut considérer comme son chant du cygne : "Garde ton zizi raide pour t'en servir" de Jim Atkinson.
Les bruits coururent à l'époque que Jill Damas avait plusieurs projets en cours : "Les 1001 nuits damassiennes", "Les 101 chiennes de Jill Vannier", et qu'un duo avec Chesty Morgan était envisagé afin de produire une série de films où elles se seraient partagé la vedette. Certains titres étaient déjà avancés ("Super nichons et Mega mamelles contre les Piranhas", "Les Big Tits font tilt à Las Vegas"...), mais ce programme alléchant fut abandonné après l'échec de la rencontre entre deux actrices qui ne réussirent pas à s'entendre, jusqu'à littéralement ne plus pouvoir s'approcher l'une de l'autre...).

 

 

Parler de Chesty Morgan me permet de franchir un petit pas de plus, pour dire que ce Jack Arnold là, à l'instar de certains nudies de Doris Wishman (Nude on the Moon entre autres), n'a que trop peu de ressources imaginatives pour faire illusion bien longtemps. Si ce n'était un scénario - même débile et squelettique - un brin plus élaboré que ceux de notre Doris, on pourrait se montrer très dur avec un réalisateur que l'on sait capable. Ici, la frontière entre un savoir-faire complètement mis de côté, doublée d'une imagination à la ramasse, n'est pas loin de rejoindre l'incapacité cinématographique de l'auteur de A Night to Dismember. Sauf qu'à force de lourdeurs, de scènes bâclées à tout va puis d'un syndrome assommant dont le principal symptôme, de bout en bout, serait la répétitivité, le spectacle s'avère plus ennuyeux, moins ludique, moins drôle et moins estimable que celui d'un véritable autiste.
Et puis, était-ce une bonne idée de vouloir s'inscrire dans un registre comique aussi peu finaud ? Jack Arnold se montre aussi inspiré et peu doué pour la comédie qu'Otto Preminger et son navet caché : "Skido", lequel avait dû, en son temps, achever le grand Groucho Marx par son incommensurable médiocrité.

Ceci étant, que cela ne vous empêche pas, chers lecteurs, d'aller jeter sur ce film-ci, l'oeil de la curiosité (ou du pervers) ; ou bien, encore plus judicieusement, d'aller visiter d'autres films autrement meilleurs signés par ce même artisan, n'appartenant pas à son registre SF classique et archi-connu. Vous pourriez bien être agréablement surpris.

 

 

Mallox

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