Baron vampire, Le
Titre original: La isla de la muerte
Genre: Science fiction , Horreur
Année: 1966
Pays d'origine: Espagne / Allemagne de l'Ouest
Réalisateur: Mel Welles
Casting:
Cameron Mitchell, George Martin, Elisa Montés, Kai Fischer, Herman Nelsen, Ricardo Valle, Rolf von Nauckhoff...
Aka: Island of the Doomed
 

Un botaniste fou, le Baron von Weser (Cameron Mitchel), accueille à contrecoeur dans sa vaste demeure située sur une île un petit groupe issu de la noblesse, ce par pur besoin d'argent, lequel lui permet de s'adonner à des expériences autant singulières qu'illicites.

 

 

Parmi ses invités, le Professeur Julius Demerest (Herman Nelsen) ne tarde par à remarquer que les plantes aux alentours de la vaste demeure sont fort différentes de celles du littoral. La région a beau être isolée et dépeuplée qu'à peine arrivés, ils heurtent le serviteur du baron ; celui-ci semblait vouloir s'échapper de la maison à toutes jambes, tant et si bien qu'ils le renversent avant que celui-ci ne décède. D'abord choqué, notre petit groupe se voit rassuré par le baron qui leur explique que le défunt était condamné et que son frère jumeau, en revanche, est bien vivant. D'ailleurs, le voici qui vient les servir à table... Un ange passe et ce n'est pas l'hirsute serviteur qui rompra le silence, ce dernier étant muet. Au repas : quelques mets végétaliens avec un arrière goût de rat musqué. Certains invités sont plus perplexes que d'autres. C'est le cas de David Moss (George Martin) qui décide, une fois dans sa chambre avec Beth Christiansen (Elisa Montés) sa nouvelle maîtresse, de verrouiller la porte pour plus de précautions, tandis que le couple formé par James (Ralph Naukoff) et Cora Robinson (Kai Fischer) se tient lui aussi sur ses gardes. L'avenir à court terme leur donne raison puisque c'est très vite le conducteur de leur limousine qui est retrouvé mort, vidé de son sang. Bientôt, la rumeur court entre convives qu'il s'agit de l'oeuvre d'un vampire. La suite leur donnera en partie raison ; en tout cas, ce n'est pas cet arbre carnivore auquel le baron donne en pâture une souris qui va les rassurer. Le Professeur Julius Demerest, trop curieux aux yeux du "botaniste dément de l'île de sang", est également retrouvé mort, tué d'un coup de couteau. Ensuite Beth est agressée, tandis que l'arbre gigantesque tente de tuer Mme Callahan (Matilde Sampedro).

 

 

Si l'on connaît bien Mel Welles comme acteur, notamment au sein de l'écurie Corman (L'attaque des crabes géants, Rock All Night, La petite boutique des horreurs...), sa carrière comme réalisateur est quant à elle plus méconnue. Hormis Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle de belle notoriété chez les bisseux, quoique de qualité très contestable, ses films sont pour la plupart ignorés quand ce ne sont pas ses participations qui se voient non créditées au générique. Difficile de savoir ce que vaut son premier film, "Code of Silence", une production mexicaine doublée d'un drame criminel. Quant aux "Mercenaires de la violence" de Dieter Müller et "Flatfoot" de Julio Salvador, tous deux avec Ray Danton, difficile de connaître exactement son niveau d'implication comme réalisateur. Restent comme coréalisateur "Un commerce tranquille" de Guido Franco en 1964 et "001 destination Jamaïque" d’Ernst R. von Theumer en 1965, ainsi que son plus tardif California Stop (1977), lequel ne semble pas valoir tripette (voir critique). Pour l'anecdote, on mentionnera le fait que cet homme à tout faire produira à la fin des années 80 Invasion Earth : The Aliens are Here, une sorte d'anthologie d'un intérêt limité, mâtinée d'éléments pseudo-comiques... Bref, difficile de prime abord de miser sur la réussite de La isla de la muerte.

 

 

Pourtant Le baron vampire, fort de ses emprunts, s'avère très fréquentable. Rappelons que Mel Welles vient de tourner aux côtés de Barbara Steele dans La soeur de Satan, un film horrifique doté d'un traitement burlesque quelque peu déconcertant, signé Michael Reeves. Rappelons également qu'à la même époque le cinéma gothique transalpin était en pleine effervescence avec des films tels que Le moulin des supplices, Le manoir de la terreur, Danse macabre, Le Château des morts-vivants et d'autres encore. L'Allemagne n'est quant à elle pas en reste avec notamment Le vampire et le sang des vierges de Harald Reinl. Quant à Mel Welles, il n'a pas oublié son implication dans le classique de Roger Corman (que ce soit devant ou derrière la caméra) : La petite boutique des horreurs. Au final, Le baron vampire s'avère être un très plaisant mélange d'ingrédients croisés sur la route par un Mel Welles qui se les serait appropriés, pour enfin les refourguer de manière aussi tape à l'oeil, généreuse, qu'habile.
Bien entendu, le schéma scénaristique ne surprendra guère puisqu'une fois de plus, il s'agit d'un groupe de personnes se retrouvant pour X raisons et pour X intérêt commun dans un endroit recelant un secret maléfique. Aussi ne sera-t-on pas surpris par une mise en place très classique, avec la scène de circonstance où les convives conversent autour d'une grande table et d'un repas copieux (ou pas, cela dépendra des goûts). Cependant, Le baron vampire a l'avantage sur quelques uns de ses châtelains cousins de rentrer rapidement dans le vif du sujet, si je puis dire, puisque dès la seconde scène de cette plantureuse bobine, c'est un serviteur vidé de son sang qui se fait renverser par la voiture de nos invités. D'entrée, le ton est donné, le rythme établi, le mystère posé. S'ensuivra la visite des serres qui, après avoir semé mystères et craintes, déplacera définitivement le film du côté de l'épouvante et de la créature monstrueuse.

 

 

Outre sa mise en scène vigoureuse, sa photographie soignée (il conviendrait toutefois qu'un éditeur se penche sur le film pour mieux en juger - Artus, si dans l'espace tu m'entends, ce film est pour toi !) et la jolie et obsédante musique signée Antón García Abril ("La furie des vampires", La révolte des morts-vivants...), La isla de la muerte jouit d'une excellente prestation d'un Cameron Mitchell affuté au sortir du Duel au couteau de Bava. Il se montre ici aussi inquiétant que ses deux serviteurs réunis et pourtant pas piqués des hannetons niveau sociopathie inquiétante. Viennent se joindre à cette "Tragic Ceremony" avec couronnes mortuaires de circonstance, sinon des acteurs relativement convaincants comme le "niaiseux" George Martin (Devil Blade) ou un passable Hermann Nehlsen (qui aurait fait un parfait Professeur Tournesol), la jolie Elisa Montés (Django le proscrit) et une autre plante un brin carnivore pour le coup : Kai Fischer ("Les chevaliers du démon"). Un casting qui, sans être transcendant, tient plutôt bien la route.
Reste à signaler un engrais utilisé ici parcimonieusement, mais d'autant plus efficacement qu'il assure la bonne croissance de notre plante coriace et déterminée : une pincée de scènes gores - tout du moins pour l'époque - bienvenues. Il se pourrait même à ce titre que Le baron vampire comprenne une scène de transfusion/mutation qui aurait bien mérité de rester dans les annales, au même titre, par exemple, que l'homme-mouche du classique de Kurt Neumann. Quoi qu'il en soit, Le baron vampire fait partie de ces bobines horrifiques injustement ignorées, méconnues ou sous-estimées.

 

 

Mallox


En rapport avec le film :


# Cameron Mitchell se trouvera de nouveau confronté quelques années plus tard à une flore hostile dans un épisode de l'excellente anthologie "Night Gallery" de Rod Serling.
(Throma - VPM)


* Et merci à carcharoth du site Animaniaques (où vous trouverez une autre critique de ce film).

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