Amityville 3D : Le Démon
Titre original: Amityville 3-D
Genre: Horreur , Maisons hantées
Année: 1983
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Richard Fleischer
Casting:
Tony Roberts, Tess Harper, Candy Clark, Lila Laughlin, Robert Joy, Meg Ryan...
 

Un journaliste décide d'élucider le mystère de la maison hantée d'Amityville, en reconstituant toute l'histoire de la demeure. Il investit les lieux en compagnie de l'une de ses amies. Mais les esprits démoniaques qui hantent Amityville ne sont pas décidés à se laisser faire. Les deux curieux vont découvrir à leurs dépens qu'il est des lieux qu'il vaut mieux laisser inexplorés....

 

 

Le début des années 80 a marqué le revival des films en relief : Parasite et Western en 1981, "Vendredi 13- 3D", "Rottweiler", "Le Trésor des Quatre Couronnes" en 1982, et en 1983, outre ce troisième Amityvillle, sortiront "Jaws 3D", Le Guerrier de l'espace et "Metalstorm". Suivra en 1984 un "Emmanuelle 4" dont certaines copies seront exploitées en 3D. Le relief utilisé à l'époque n'a guère évolué depuis les années cinquante : c'est un procédé qui tient davantage du gadget que d'une véritable révolution. De plus, sauf dans le cas de notre brave Bruce le requin, la quasi totalité des films sortis à l'époque étaient de modestes séries B qui exploitaient bien mal et avec paresse (en envoyant des objets vers le spectateur) les possibilités tridimensionnelles.

Dino de Laurentiis, producteur opportuniste mais pas toujours avisé, qui détenait les droits de la série "Amityville" à l'époque, se dit qu'il pourrait lui aussi profiter de ce regain de popularité du relief pour lancer un nouvel opus. En froid avec la famille Lutz, il ne pourra utiliser leur histoire comme référence, ce troisième épisode sera donc basé sur un scénario original ( ?) qui permettra d'exploiter le procédé optique utilisé sur "Jaws 3D". Cette fois, les habitants de la maison ne sont plus d'innocentes victimes qui ne se doutent de rien, mais deux personnages dont le but est de démystifier la réputation de la demeure, comme ils le font au début du film avec la fausse séance de spiritisme organisée par des escrocs qui espéraient bien profiter de la réputation peu envieuse du bâtiment. Pour le journaliste John Baxter il n'y a aucun doute, la mauvaise réputation d'Amityville est uniquement basée sur la superstition et les "on-dit".

 

 

Le film fut à l'origine proposé à Damiano Damiani, le réalisateur du précédent épisode, mais ce dernier refusa, trouvant le scénario des plus légers. Le projet fut alors proposé à Richard Fleischer qui accepta de réaliser le film en raison de la 3-D. En effet, ayant réalisé, au début de sa carrière, "Arena", un western en 3D pour la MGM dans lequel il ne put exploiter pleinement les effets de relief, c'est pour lui l'occasion d'expérimenter ce qu'il ne put faire en 1953. A 67 ans, Fleischer est un vieux briscard qui connaît les ficelles du métier, mais sa fin de carrière ne fut malheureusement pas des plus glorieuses : Kalidor, Amityville 3D... A part le sympathique "Conan le destructeur", le réalisateur ne signera plus grand-chose de bon après "Mister Majestyk" en 1974.

Dino de Laurentiis n'a pas vraiment de chance avec ces franchises, en effet à part les deux séquelles d'"Evil Dead", soit il les saborde (King Kong, Conan), soit il les revend ou ne sait pas les exploiter (Le Justicier dans la ville, Halloween, le personnage d'Hannibal Lecter). La série "Amityville" semblait partie pour infirmer cette fatalité : le premier épisode produit par AIP avait recueilli un beau succès au box office, de Laurentiis acheta les droits et sortit un Amityville II que certains considèrent comme le meilleur de la série.

 

 

Au générique de ce nouvel opus, on est étonné de retrouver Tony Roberts, l'acteur étant plus connu pour ses apparitions dans quelques Woody Allen... A ses côtés, Tess Harper et son physique de parfaite MILF fait partie de ces actrices dont le visage nous est familier mais dont on ne sait jamais citer un film où elle apparait, pourtant elle a tourné dans une centaine de films et séries (elle apparait notamment en "First Lady" dans "Le Chacal", version Michael Canton-Jones). Par contre, certains auront reconnu la frimousse de Candy Clark, second rôle apparu dans diverses productions des années 70-80 ("American Graffiti", "Blue Thunder", "Epouvante sur New-York", "Cat's Eyes"). Mais la vraie vedette demeure ce bon vieux Robert Joy, éternel second couteau. Les apparitions de cet acteur canadien sont autant de moments de bonheur et de déviance : tueur taré dans "Résurrection" aux côtés de Cricri Lambert, ravagé par les radiations dans le remake de "La Colline a des yeux", Colonel dans "AVPR", sans parler de ses nombreuses apparitions dans diverses séries comme "Equalizer", "Miami Vice", "CSI", "Star Trek : Voyager", etc. Parmi les seconds rôles, certains auront reconnu la toute jeune Meg Ryan qui faisait ici ses débuts sur grand écran.

 

 

L'idée d'utiliser le mythe de la maison hantée en 3D n'est pas mauvaise en soi, mais la manière dont le film est réalisé ne le différencie pas ses nombreuses : la franchise venait de tomber dans l'exploitation commerciale et répétitive. Amityville 3 sera le dernier opus qui se déroulera entièrement dans la maison, par la suite ce seront des objets (miroir, horloge, maison de poupées,...) venant de la maison qui seront maudits. Suivront alors "Amityville 4: The Evil Escapes" (1989) , "The Amityville Curse" (1990) , "Amityville 1992: It's About Time" (1992) , "Amityville: A New Generation (1993)" , et "Amityville: Dollhouse" (1996). En 2005, la franchise est relancée avec un remake inutile du premier opus intitulé tout simplement Amityville (The Amityville Horror)", réalisé par Andrew Dougl, et en 2012 sort "The Amityville Horror : The Lost Tapes" et "Amityville Legacy 3D".

Considéré par beaucoup comme une simple mystification médiatique, "Amityville" est pourtant devenu (en Amérique) une véritable institution, d'une part à cause des nombreux détracteurs qui se sont acharnés de manière presque suspecte à démontrer l'irrecevabilité des phénomènes paranormaux rencontrés par la famille Lutz, mais aussi, dans une moindre mesure, grâce au best seller de Jay Anson et aux deux premiers films qui ont marqué l'inconscient collectif. Malheureusement pour les producteurs, tout avait été dit dans les deux premiers opus, le fait de s'écarter de l'histoire romancée ou pas des Lutz et des DeFeo n'a fait qu'amplifier le côté totalement mercantile et inutile d'une autre suite. Avec un scénario des plus conventionnels qui pioche allégrement dans Poltergeist (les scientifiques qui envahissent la demeure), La Malédiction (les "accidents" qui déciment l'entourage) et même Quatre mouches de velours gris (l'accident de voiture de Candy Clark ), Richard Fleisher ne peut faire de miracle, mais en bon professionnel, il livre un film tout à fait honorable. Il s'amuse avec la 3D en balançant au nez du spectateur nombre d'objets (micro, main, frisbee,...), et réussit à intégrer une belle séquence de poésie macabre lorsque la pauvre Tess Harper croise le fantôme de sa fille qui vient de se noyer alors qu'elle ne sait pas qu'elle est morte !

 

 

Même si celui-ci ne laissera pas un souvenir impérissable, on retiendra tout de même la mort spectaculaire de Candy Clark transformée en chiche-kebab, l'apparition finale d'un monstre caoutchouteux créé par John Caglione (CHUD), et une affiche sympathique qui montrait une grosse paluche sortant d'une fenêtre. Il y a aussi la jeune Meg Ryan dans un premier rôle alimentaire, ce qui évitera au film de tomber dans l'oubli... reste à savoir si cela est une bonne chose !

Alors que la nouvelle vague de film tridimensionnels nous envahit, pourquoi ne pas visionner un reliquat de la précédente ? Attention, pour profiter du film en relief vous devrez vous procurer l'édition spéciale anglaise parue il y a quelques années, en effet celle-ci propose deux versions du film (plate et 3D) avec deux paires de lunettes et un magnifique jeu de photos.


The Omega Man

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